tag:blogger.com,1999:blog-74687115657454523422024-02-08T08:46:09.199-08:00Interactive FrenchUnknownnoreply@blogger.comBlogger48125tag:blogger.com,1999:blog-7468711565745452342.post-9077934101154566302021-12-08T14:38:00.003-08:002021-12-08T14:39:41.083-08:00 Chapitre 7 Les Quatre Filles du docteur Marsch Louisa May Alcott - Livre txt pdf et Audio<div id="SusPovFr"></div><div class="HistFr">
<h3>CHAPITRE VII - AMY PASSE DANS LA VALLÉE DE L’HUMILIATION</h3>
<p>« Ce garçon est un vrai <i>cyclope</i>, n’est-ce pas ? dit
un jour Amy en voyant passer Laurie à cheval.
</p><p>— Comment osez-vous dire cela, quand il a de si
beaux yeux ? s’écria Jo, qui ressentait profondément
tout ce qu’on disait de son ami.
</p><p>— Je n’ai rien dit de ses yeux, et je ne vois pas
pourquoi vous vous fâchez de ce que j’admire sa manière de monter à cheval.
</p><p>— Oh ! si c’est possible ! s’écria Jo en éclatant de
rire, cette petite bête qui s’appelle <i>cyclope</i>, quand elle
veut dire un <i>centaure</i>.
</p><p>— Vous pourriez bien ne pas être si impolie, c’est,
un « <i>lapse de lingue</i> », comme dit <abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Davis, répondit
Amy.
</p><p>— <i>Lapsus linguæ</i>, dit Jo.
</p><p>— <i>Lapse</i> ou <i>lapsus,</i> dit Amy piquée, qu’est-ce que
cela fait ? l’un est la traduction de l’autre, et cela se
comprend. »
</p><p>Jo avait bien envie de rire encore de cette rechute
d’Amy ; mais elle sut se retenir, et Amy ajouta, comme
si elle se parlait à elle-même, mais tout en espérant
que ses sœurs l’entendraient : <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="94" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/108"></span></span>
</p><p>« Je voudrais bien avoir un peu de l’argent que
Laurie dépense avec son cheval.
</p><p>— Pourquoi faire ? demanda Meg avec bonté, tandis
que Jo continuait à rire, à part elle, du latin et du
français d’Amy.
</p><p>— J’ai tant de dettes !
</p><p>— Des dettes, Amy ! que voulez-vous dire ? demanda
Meg d’un air sévère.
</p>
<p>— Oui, je dois au moins une douzaine de sucres
d’orge, et je ne peux pas les payer, puisque je n’ai pas
d’argent et que maman me défend d’acheter à crédit.
</p><p>— Est-ce que c’est maintenant, à votre pension, la
mode des sucres d’orge ? L’autre jour, c’était celle des
petits morceaux de gomme élastique pour faire des
balles, dit Meg en tâchant de garder son sérieux, car
Amy avait l’air de trouver cela si grave et si important
qu’elle ne voulut pas la blesser en riant.
</p><p>— Toutes mes compagnes en achètent et considèrent
celles qui ne font pas de même comme des avares ou
des pauvresses. On les suce pendant la classe dans son
pupitre, et on les échange contre des crayons, des
plumes, des bagues en perles, des poupées en papier
ou d’autres choses. Si l’une de nous en aime une autre,
elle lui donne un sucre d’orge ; si elle est fâchée contre
une autre, elle en mange un à son nez sans lui en offrir.
Quand on en a partagé avec d’autres, elles doivent
vous les rendre, et on m’en a beaucoup donné que je
n’ai pas encore rendus, et ce sont des dettes d’honneur,
vous savez.
</p><p>— Combien vous faut-il pour payer toutes vos dettes,
Amy ? demanda Meg en tirant sa bourse de sa poche.
</p><p>— Un shilling sera plus que suffisant, et il vous
restera encore quelques sucres d’orge pour vous. Les
aimez-vous ? <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="95" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/109"></span></span>
</p><p>— Pas beaucoup ; je vous donne ma part. Voici
votre argent ; je n’en ai pas beaucoup ; ainsi faites-le
durer le plus longtemps possible.
</p><p>— Oh ! merci. Que vous êtes donc heureuse, ma
bonne Meg, d’avoir de l’argent de poche ! Je vais m’acquitter et aussi me régaler ; je n’ai pas mangé un seul
sucre d’orge cette semaine, parce que je n’aimais pas
en accepter quand je ne pouvais pas les rendre. »
</p><p>Le lendemain, Amy arriva en classe un peu en
retard, mais portant un petit paquet enveloppé de
papier brun, qu’elle ne put s’empêcher de montrer à ses
compagnes, avec un orgueil pardonnable, avant de le
cacher dans les profondeurs de son pupitre. Aussitôt
la rumeur qu’Amy Marsch avait vingt-quatre délicieux
sucres d’orge à la menthe (elle en avait mangé un sur
sa route) circula dans « sa bande », et les attentions
de ses amies devinrent accablantes. Katy Brown l’invita
immédiatement pour sa prochaine réunion ; Mary Ringoley insista pour lui prêter sa montre, et Jenny Snow,
une jeune fille satirique, qui avait bassement jeté au
nez d’Amy, la veille encore, qu’elle n’avait jamais de
bonbons, enterra promptement le différend et offrit à
Amy de faire un échange. Mais Amy n’avait pas oublié
les remarques piquantes de miss Snow sur « les personnes dont le nez n’était pas trop petit pour sentir
les sucres d’orge des autres et celles qui n’étaient pas
trop orgueilleuses pour en demander », et elle détruisit
immédiatement les espérances de cette « petite Snow »
par le télégramme suivant : « Votre politesse n’a
plus de mérite, nous ne ferons aucune affaire ensemble. »
</p><p>Un personnage distingué venant à ce moment visiter
la pension, les belles cartes, bien dessinées par Amy,
reçurent des louanges qui envenimèrent l’âme de son <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="96" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/110"></span></span>ennemie, miss Snow, et firent prendre à miss Marsch
les airs d’un studieux jeune paon. Mais, hélas ! hélas !
la roche Tarpéienne n’est jamais loin du Capitole, et
« la petite Snow » parvint à changer du tout au tout
la face des choses. Le visiteur était à peine sorti que,
sous prétexte de faire une demande importante à
<abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Davis, elle eut la bassesse d’aller l’informer qu’Amy
Marsch avait vingt-quatre sucres d’orge dans son
pupitre.
</p><p>Or <abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Davis avait déclaré récemment que les sucres
d’orge seraient désormais considérés par lui comme un
article de contrebande, et que quiconque en ferait
entrer dans la classe serait, puni du supplice de la
férule.
</p><p>C’était un moment malheureux pour dénoncer Amy,
et la rancunière petite le savait bien. Le mot <i>sucres</i>
<i>d’orge</i> fut pour <abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Davis comme le feu à la poudre ;
sa figure devint pourpre, et il tapa sur son pupitre
d’une manière énergique, qui renvoya la dénonciatrice
à sa place beaucoup plus lestement encore qu’elle ne
l’avait quittée.
</p><p>« Attention, s’il vous plaît, mesdemoiselles ! »
</p><p>Aussitôt le bruit cessa, et plus de cent paires d’yeux
bleus, gris, noirs ou bruns se fixèrent avec obéissance
sur sa figure terrible.
</p><p>« Miss Marsch, venez ici ! »
</p><p>Amy se leva avec un calme apparent ; mais les
sucres d’orge pesaient sur sa conscience, et une crainte
secrète l’oppressait.
</p><p>« Apportez avec vous les sucres d’orge que vous avez
dans votre pupitre, » fut l’ordre inattendu qu’elle
reçut avant même d’être sortie de sa place.
</p><p>« Ne prenez pas tout », murmura sa voisine, jeune
personne d’une grande présence d’esprit. <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="97" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/111"></span></span>
</p><p>Amy en ôta vite une demi-douzaine et déposa le
reste devant <abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Davis, en pensant que ce délicieux
parfum de menthe adoucirait le cœur de toute créature humaine. Malheureusement <abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Davis détestait
particulièrement cette odeur à la mode, et elle ne fit
qu’ajouter encore à sa colère.
</p><p>« Est-ce tout ?
</p><p>— Pas tout à fait, balbutia Amy.
</p><p>— Apportez immédiatement le reste. »
</p><p>Elle obéit en jetant un regard de désespoir à ses
amies.
</p><p>« Vous n’en avez plus d’autres ?
</p><p>— Je ne mens jamais, monsieur.
</p><p>— Je le vois. Maintenant, prenez ces dégoûtantes
choses deux à deux et jetez-les par la fenêtre. »
</p><p>Un soupir de douleur répondit sur tous les bancs à
cet ordre barbare.
</p>
<div class="VidFr"><iframe src="https://www.youtube.com/embed/Xcy_UURBK8M?autoplay=1&rel=0" frameborder="2" ></iframe></div>
<p>Amy, écarlate de honte et de colère, alla douze fois
à la fenêtre jeter deux sucres d’orge, qui, tombant à
regret de ses mains, paraissaient si beaux et si bons
que l’eau en venait à la bouche de ses compagnes, et,
chaque fois, on entendait dans la rue les cris de joie de
petits mendiants irlandais qui se trouvaient là, comme
si on les y eût depuis huit jours conviés. Cela c’était
trop, et toutes les élèves lancèrent à l’inexorable
<abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Davis des regards d’indignation et de supplication ;
il y eut même une adoratrice passionnée de sucres
d’orge qui fondit en larmes.
</p><p>Quand Amy eut jeté les derniers sucres d’orge,
<abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Davis fit entendre un <i>hum !</i> de mauvais augure,
et dit de son air le plus péremptoire :
</p><p>« Mesdemoiselles, vous vous rappelez ce que je vous
ai dit il y a huit jours. Je suis fâché que vous me forciez
à m’en souvenir ; mais je ne peux pas permettre qu’on <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="98" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/112"></span></span>transgresse mes ordres, et je tiens <i>toujours</i> ma parole.
Miss Marsch, tendez la main. »
</p><p>Amy tressaillit et mit ses deux mains derrière son
dos, en jetant à son maître un regard suppliant qui
plaidait mieux sa cause que les paroles qu’il lui aurait
été impossible de prononcer. La pauvre Amy était une
des favorites du « vieux Davis », comme l’appelaient
naturellement ses élèves, et mon idée particulière est
qu’il n’aurait pas été jusqu’au bout, si une maladroite
et audacieuse petite fille ne s’était mise à siffler dans
une clef à la vue de la férule. Ce fatal coup de sifflet
irrita le vieux maître et décida du sort de la coupable.
</p><p>« Votre main, miss Marsch, » fut la seule réponse
que reçut la muette supplication d’Amy, et celle-ci,
trop orgueilleuse pour pleurer ou demander grâce, serra
les dents les unes contre les autres et, rejetant la tête
en arrière, reçut, sans pousser un gémissement, plusieurs coups de férule sur sa petite main. Les coups
n’étaient ni nombreux ni très forts ; mais cela ne faisait
aucune différence à ses yeux, et pour elle c’était un
affront aussi grand que si <abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Davis l’eût fouettée.
</p><p>« Maintenant, vous resterez sur l’estrade jusqu’à ce
que je vous permette d’en descendre, » dit <abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Davis,
résolu à faire complètement la chose, puisqu’il avait
tant fait que d’être obligé de la commencer.
</p><p>C’était terrible ! Amy aurait déjà été assez malheureuse de retourner à sa place et de voir les figures consternées de ses amies ou l’air satisfait de ses quelques
ennemies ; mais c’était trop de faire face à toute la
classe avec cette nouvelle honte, et, pendant une
seconde, elle pensa qu’elle ne pouvait que se jeter par
terre et sangloter. Mais la vue de Jenny Snow l’aida à
tout supporter, et, prenant la place ignominieuse, elle
tint les yeux fixés sur le tuyau du poêle, au-dessus de <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="99" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/113"></span></span>ce qui lui semblait un océan de têtes, et resta si tranquille et si pâle, que ses compagnes trouvèrent très
difficile d’étudier avec cette triste petite figure devant
elles.
</p><p>Pendant le quart d’heure qui suivit, l’orgueilleuse
et sensible petite fille souffrit avec une honte et une
douleur qu’elle n’oublia jamais car, jusque-là, elle
n’avait jamais mérité aucune punition ; mais elle oublia
sa douleur et sa honte en pensant : « Il faudra que je
dise tout à maman, tout à mes sœurs, et elles vont
avoir tant de chagrin ! »
</p><p>Ce quart d’heure d’exposition publique lui parut
une éternité. Cependant le mot « assez » vint enfin lui
annoncer le terme de ce supplice.
</p><p>« Vous pouvez retourner à votre place miss Marsch, »
dit <abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Davis qui n’avait pas l’air d’être à son aise,
et en effet il n’était pas à son aise.
</p><p>Il n’oublia pas de sitôt le regard de reproche qu’Amy
lui jeta en passant, lorsque, sans dire un mot à personne, elle alla dans l’antichambre, prit son chapeau
et son manteau et quitta la classe <i>pour toujours</i>,
comme elle se le déclarait avec passion.
</p><p>Elle était dans un triste état lorsqu’elle arriva chez
elle, et, quand ses sœurs furent de retour, il y eut un
vrai concert d’indignation, non pas tant contre le
maître que contre l’odieuse petite miss Snow. <abbr class="abbr" title="Madame">M<sup style="font-size:70%;">me</sup></abbr> Marsch
ne se prononçait pas et se bornait à tâcher d’apaiser
sa petite Amy ; Meg arrosait de glycérine et de larmes
la petite main meurtrie ; Beth sentait que même ses
bien-aimés petits chats seraient impuissants pour la
consoler des douleurs de sa sœur et Jo dit que
miss Snow aurait du être fusillée comme espion, tandis
que la vieille Hannah montra dix fois de sa cuisine
le poing à <abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Davis, « à ce bourreau », disait-elle au <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="100" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/114"></span></span>lapin qu’elle faisait sauter dans sa casserole. Elle
éplucha avec fureur les pommes de terre du dîner,
comme si elle eût eu <abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Davis et miss Snow réunis
sous son couteau.
</p><p>Personne dans la classe ne fit de réflexion sur le
départ d’Amy ; mais ses compagnes remarquèrent que,
toute l’après-midi, <abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Davis était extraordinairement
triste. Mais quelqu’un qui l’était plus que le bon vieux
maître, c’était Jenny Snow. À la récréation, personne
ne voulut lui parler. À la classe, on lui tourna le
dos. Il était évident que, dans ces conditions, la vie à
la pension ne serait pas tenable pour elle.
</p><p>Amy n’y retourna pas non plus ; elle était revenue
si malade et si nerveuse, que sa mère ne crut pas
devoir l’y contraindre.
</p><p>« Cependant, lui dit sa mère, le lendemain, quand
elle lui annonça cette résolution, vous étiez dans votre
tort, Amy ; vous méritiez d’être punie. <abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Davis était
dans son droit ; votre conscience doit vous dire qu’il
devait faire un exemple, et, si vous êtes juste, vous
devez le reconnaître. Si je vous retire de pension, ce
n’est pas parce que vous y avez subi une punition, à
laquelle il n’eût dépendu que de vous de ne pas vous
exposer, c’est parce que je ne pense pas que les
exemples que vous ont donnés jusqu’ici quelques-unes
de vos compagnes vous aient fait du bien. J’écrirai à
<abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Davis dans ce sens, et j’écrirai d’autre part à votre
père ; puis j’attendrai son avis avant de vous envoyer
dans une autre pension.
</p><p>— C’est pourtant désolant de penser à ces délicieux
sucres d’orge, jetés par moi-même dans la rue.
</p><p>— Ce ne sont point eux que je regrette pour vous,
Amy. Ils ont été la cause de votre faute ; en les emportant, vous avez sciemment désobéi, et je vous répète <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="101" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/115"></span></span>que vous méritiez une punition, répondit <abbr class="abbr" title="Madame">M<sup style="font-size:70%;">me</sup></abbr> Marsch
d’un ton sévère qui désappointa grandement Amy.
</p><p>— Voulez-vous donc dire, maman, dit-elle, que vous
êtes contente que j’aie été dégradée devant toute la
classe ? s’écria-t-elle.
</p><p>— Dégradée ! le mot est bien fort, ma chère amie ;
mais je ne suis pas sûre que la punition que vous vous
êtes attirée ne vous fera pas plus de bien qu’une autre
plus douce. Vous commenciez à avoir trop de vanité,
ma pauvre fille, et il est tout à fait temps de penser à
vous corriger. Vous avez beaucoup de petites qualités,
mais il n’est pas bon d’en faire tant parade ; l’amour-propre mal entendu gâte les plus grands mérites.
Rappelez-vous, Amy, que le grand charme de toutes
les qualités est la conduite.
</p><p>— Oh ! oui ! s’écria Laurie, qui jouait aux échecs
avec Jo dans un des coins de la chambre. J’ai connu
une petite fille qui avait en musique un talent vraiment
remarquable et qui ne le savait pas. Elle ne se doutait
pas des charmantes petites mélodies qu’elle composait
quand elle était seule, et n’aurait pas cru la personne
qui le lui aurait dit.
</p><p>— Je voudrais bien connaître cette gentille petite
fille ; elle m’aiderait, moi qui suis si peu inventive, dit
Beth, qui était derrière lui et l’écoulait de toutes ses
oreilles.
</p><p>— Vous la connaissez, et elle vous aide mieux que
personne, » répondit Laurie en la regardant d’un air
tellement significatif, que Beth devint très rouge ; elle
fut si déconcertée en découvrant que Laurie avait
entendu parler d’elle, qu’elle cacha sa figure dans le
coussin du canapé.
</p><p>Jo laissa Laurie gagner la partie, afin de le récompenser du juste éloge qu’il avait fait de Beth. Après le <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="102" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/116"></span></span>compliment qu’elle avait reçu, celle-ci n’osa plus rien
jouer de la soirée, Laurie fut obligé de prendre sa
place, et s’en acquitta à merveille. Il était particulièrement gai et aimable ce soir-là ; du reste, il montrait
très rarement à la famille Marsch le mauvais côté de
son caractère. Après son départ, Amy, qui avait été
pensive toute la soirée, dit, comme si elle agitait depuis
longtemps une question dans son esprit :
</p><p>« Laurie est-il un jeune homme accompli ?
</p><p>— Il a reçu une éducation excellente et a beaucoup
de talent, répondit <abbr class="abbr" title="Madame">M<sup style="font-size:70%;">me</sup></abbr> Marsch ; ce sera un homme de
mérite, s’il n’est pas gâté par les louanges.
</p><p>— Il n’est pas vaniteux, n’est-ce pas ?
</p><p>— Pas le moins du monde, et c’est pour cela qu’il
est charmant et que tous nous l’aimons tant.
</p><p>— Je comprends. C’est très bien d’avoir des talents
et d’être distingué, mais non d’en faire parade ou de se
pavaner parce qu’on en a, reprit pensivement Amy.
</p><p>— Il faut laisser aux autres le soin de les remarquer ;
chercher à les faire valoir, c’est leur faire perdre tout
mérite, dit <abbr class="abbr" title="Madame">M<sup style="font-size:70%;">me</sup></abbr> Marsch. « Quand on se paye soi-même,
les autres ne vous doivent plus rien, » vous avez dû
lire cela dans la <i>Morale familière</i>, Amy.
</p><p>— Oui, mère, et je le relirai.
</p><p>— Amy doit comprendre, ajouta Jo, qu’il ne serait
pas joli de mettre tous ses chapeaux, toutes ses robes
et tous ses rubans à la fois, afin qu’on sache qu’elle
les a. »
</p><p>Et la leçon finit par un éclat de rire. 
</p>
<a href=" https://fr.wikisource.org/" >Source: Wikisource</a>
</div><div id="JosPovFr"></div>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7468711565745452342.post-43151567194381620462021-12-08T14:37:00.002-08:002021-12-08T14:37:19.790-08:00 Chapitre 6 Les Quatre Filles du docteur Marsch Louisa May Alcott - Livre txt et Audio<div id="SusPovFr"></div><div class="HistFr">
<h3>CHAPITRE VI - BETH ENTRE DANS LE BEAU PALAIS</h3>
<p>La grande maison fut réellement leur beau palais,
quoique Beth trouvât très difficile de passer à côté du
terrible <abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Laurentz.
</p><p>Lorsqu’il eut fait visite et qu’il eut dit quelque chose
d’aimable à chacune d’elles, seule la timide Beth eut
encore peur de lui. Une chose préoccupa pendant
quelque temps les quatre sœurs : elles étaient pauvres,
tandis que <abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Laurentz était riche, et il ne leur paraissait pas convenable d’accepter ce qu’elles ne pouvaient
pas rendre. Mais, au bout de quelque temps, elles
virent que Laurie les considérait comme ses bienfaitrices, et qu’il ne pensait jamais pouvoir assez faire
pour remercier <abbr class="abbr" title="Madame">M<sup style="font-size:70%;">me</sup></abbr> Marsch de son accueil maternel,
et ses filles de leur société joyeuse. Aussi oublièrent-elles bientôt leur orgueil et firent-elles des échanges de
bonté, sans s’arrêter à se demander qui donnait le plus.
</p><p>Toutes sortes de choses agréables arrivèrent vers ce
temps-là, car la nouvelle amitié poussait comme de
l’herbe au printemps. Toutes elles aimaient Laurentz qui,
de son côté, avait dit en secret à son précepteur, — un
homme excellent et fort distingué, — que « les demoiselles Marsch étaient les meilleurs êtres du monde. » <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="84" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/98"></span></span>
</p><p>Avec l’enthousiasme charmant de la jeunesse, elles
avaient donné au jeune garçon solitaire une place au
milieu d’elles, et Laurie trouvait un grand charme dans
la compagnie de ces jeunes filles simples et innocentes.
Il n’avait jamais connu sa mère et n’avait pas eu de
sœur ; sa santé se trouva bien du nouveau milieu
dans lequel il vivait. Il était toujours à faire l’école
buissonnière dans la famille Marsch, et son précepteur, craignant que cela ne nuisît à ses études,
fit sur ce point des rapports très peu satisfaisants à
<abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Laurentz.
</p><p>« Ne vous inquiétez pas de ceci ; qu’il prenne des
vacances, il rattrapera cela plus tard, répondit <abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Laurentz. <abbr class="abbr" title="Madame">M<sup style="font-size:70%;">me</sup></abbr> Marsch est une personne judicieuse ; elle
pense que Laurie a mené une vie trop renfermée,
qu’il a trop travaillé et qu’il a besoin de société,
d’amusement et d’exercice. Laissez-le agir à sa guise,
il ne peut rien faire de mal dans le petit couvent à
côté ; les exemples et les enseignements d’une mère de
famille comme notre voisine lui feront plus de bien que
les nôtres. »
</p><p>Laurie et ses amies profitèrent de la permission pour
s’amuser. Ils faisaient de bonnes lectures en commun,
jouaient des comédies, représentaient des tableaux d’histoire, faisaient des promenades en traîneau ou patinaient
et passaient des soirées bien agréables, soit dans le
vieux parloir, soit dans la grande maison. Meg se promenait tant qu’elle voulait dans la serre et avait des
bouquets magnifiques ; Jo dévorait la bibliothèque,
Amy copiait des tableaux, et Laurie remplissait, à la
satisfaction générale, le rôle de maître de maison.
</p><p>Quant à Beth, quoiqu’elle eût une grande envie
d’admirer le beau piano à queue, elle ne pouvait pas
trouver le courage d’aller dans « la maison du  <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="85" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/99"></span></span><i>bonheur</i> », comme l’appelait Meg. Elle y était cependant
allée une fois avec Jo ; mais le vieux monsieur, qui ne
savait pas combien elle était timide, l’avait regardée
tellement fixement et avait fait un <i>heim !</i> si fort à la fin
de cette inspection, que les pieds de Beth ne « voulaient pas rester sur le tapis, tant elle tremblait ». Elle
l’avait dit dans ces termes à sa mère, et avait ajouté
qu’elle s’était enfuie, bien décidée à ne rentrer jamais
dans le terrible beau palais. Rien n’avait pu la décider
à y retourner. Quand <abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Laurentz apprit l’effet qu’il
avait produit sur la pauvre Beth, il fut bien étonné et
résolut d’aller lui-même essayer de vaincre sa résistance. Il se mit à parler musique pendant une de ses
visites, et raconta des choses tellement intéressantes
sur les grands chanteurs et les belles orgues qu’il avait
entendus, que Beth trouva impossible de rester dans
son petit coin habituel, et, comme si elle était attirée
magnétiquement, elle vint lentement jusque derrière la
chaise de <abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Laurentz. Là, elle resta à écouter, ses
beaux yeux tout grands ouverts et ses joues rouges
d’excitation.
</p><p><abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Laurentz, n’ayant pas plus l’air de faire attention
à elle que si elle eût été une mouche, se mit à parler
des leçons et des maîtres de musique de Laurie, puis
dit à <abbr class="abbr" title="Madame">M<sup style="font-size:70%;">me</sup></abbr> Marsch, comme s’il venait seulement d’y
songer :
</p><p>« Laurie néglige son piano maintenant, et je n’en
suis pas fâché, parce qu’il aimait trop exclusivement la
musique ; mais le piano se rouille, et il aurait besoin
de servir à quelqu’un ; l’une de vos petites filles voudrait-elle venir pour l’entretenir ? »
</p><p>Beth fit un pas en avant et serra ses mains l’une
contre l’autre, afin de ne pas battre des mains comme
elle en avait une tentation irrésistible, tant elle était <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="86" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/100"></span></span>charmée par la pensée de jouer sur ce splendide instrument. Avant que <abbr class="abbr" title="Madame">M<sup style="font-size:70%;">me</sup></abbr> Marsch eût pu répondre,
<abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Laurentz continua en souriant :
</p><p>« Personne n’est jamais au salon après neuf heures ;
les domestiques ont fini leur ouvrage, Laurie sort
beaucoup, et moi je suis enfermé dans mon bureau à
l’autre bout de la maison. Ainsi, si l’une d’elles le
désire, elle peut venir quand elle voudra, sans rien dire
et sans parler à personne. »
</p>
<div class="VidFr"><iframe src="https://www.youtube.com/embed/Xcy_UURBK8M?autoplay=1&rel=0" frameborder="2" ></iframe></div>
<p>Il se leva comme pour partir, et Beth ouvrait la bouche
pour le remercier, car ce dernier arrangement ne lui
laissait rien à désirer ; mais il continua :
</p><p>« Voudrez-vous répéter cela à vos filles, madame ?
Cependant ne les forcez pas à venir si cela ne leur plaît
pas.
</p><p>— Oh ! si, monsieur, votre offre leur fait beaucoup,
beaucoup de plaisir, dit Beth en mettant sa petite main
dans celle du vieux monsieur, et le regardant avec des
yeux pleins de reconnaissance.
</p><p>— C’est donc vous la petite musicienne ? demanda-t-il
doucement, sans ajouter de ces « <i>heim !</i> » qui effrayaient
tant Beth.
</p><p>— C’est moi, Beth. J’aime beaucoup la musique, et
je viendrai si vous êtes tout à fait sûr que personne
ne m’entendra et ne sera gêné par moi, ajouta-t-elle,
craignant d’être importune, et toute tremblante en
pensant à sa hardiesse.
</p><p>— Pas une âme ne vous entendra, ma chère ; la
maison est vide la moitié de la journée ; venez tapoter
autant que vous voudrez, et je vous en serai très reconnaissant.
</p><p>— Oh ! monsieur, que vous êtes bon ! »
</p><p>Beth était rouge comme une pivoine, mais n’avait
plus peur ; ne trouvant pas de mots pour exprimer <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="87" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/101"></span></span>sa reconnaissance, elle attira à elle la main du vieux
monsieur et la serra doucement. Celui-ci se baissa alors
vers elle et l’embrassa, en disant d’un ton que peu de
personnes avaient jamais entendu :
</p><p>« J’ai eu autrefois une petite fille aux yeux bleus
comme les vôtres ; Dieu vous bénisse, ma chère enfant !
Bonsoir, madame. »
</p><p>Et il partit très vite, comme s’il était dominé par son
émotion.
</p><p>Après s’être réjouie avec sa mère, Beth alla raconter
son bonheur à sa famille de poupées, puis à ses sœurs
lorsqu’elles furent rentrées. Elle en était si préoccupée,
qu’au milieu de la nuit Amy fut brusquement réveillée
par sa sœur qui, dans son sommeil, jouait du piano
sur sa figure ; elles couchaient depuis quelques jours
dans le même lit, parce que celui de Beth était en
réparation.
</p><p>Le lendemain arriva enfin, et Beth, ayant vu sortir
<abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Laurentz et son petit-fils, osa se diriger vers la
grande maison. Il est juste de dire qu’elle n’y parvint
pas du premier coup ; deux, ou trois fois elle revint sur
ses pas, en proie à une insurmontable timidité ; mais,
à la fin, faisant aussi peu de bruit qu’une souris, elle
y pénétra. J’aurais voulu que vous pussiez la voir entrer
dans le grand salon. Quelle crainte ! quel respect ! quelle
peur et quelle envie d’arriver jusqu’à cet admirable
piano qui était là tout ouvert devant elle ! De la jolie
musique facile se trouvait <i>tout à fait accidentellement</i>
sur le piano. La bonne petite Beth, après avoir bien
écouté, bien regardé s’il n’y avait personne, s’enhardit
peu à peu et commença à jouer d’abord en tremblant ;
mais elle oublia bientôt sa crainte dans le bonheur
inexprimable que lui procuraient les beaux sons de cet
excellent instrument. Elle resta au piano jusqu’à ce <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="88" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/102"></span></span>que Hannah vînt la chercher pour dîner ; mais elle
n’avait pas faim et dîna, pour cette fois, du souvenir
de son bonheur.
</p><p>Depuis ce moment, le petit capuchon gris se glissa
presque tous les jours dans la maison de <abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Laurentz,
et le salon fut hanté par un petit esprit musical qui
allait et venait sans être vu. Beth ne se doutait pas que
<abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Laurentz ouvrait souvent la porte de son cabinet
de travail, afin de mieux entendre les airs anciens qu’elle
jouait, les mêmes qu’autrefois lui jouait l’enfant qu’il
avait perdue, et que Laurie montait la garde dans le
vestibule pour empêcher les domestiques d’approcher.
Il ne lui venait jamais à l’idée que les cahiers d’études
et d’exercices ou les morceaux nouveaux qu’elle trouvait
sur le piano y avaient été placés par <abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Laurentz
lui-même pour son usage à elle.
</p><p>Si Laurie lui parlait ensuite de musique, elle pensait
seulement qu’il était bien bon de lui dire des choses
qui l’aidaient tant. Elle jouissait de tout son cœur de
son bonheur, et, ce qui n’arrive pas toujours, elle
trouvait que la réalisation de son plus grand désir lui
donnait tout ce qu’elle en avait rêvé.
</p><p>Quelques semaines après cette mémorable visite du
vieux monsieur, Beth dit à sa mère :
</p><p>« Maman, pourrais-je faire une paire de pantoufles
à <abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Laurentz ? Il est si bon pour moi que je voudrais
le remercier, et je ne sais pas d’autre manière que
celle-là.
</p><p>— Oui, ma chère, cela lui fera plaisir, et c’est une
bonne manière de le remercier. Je vous achèterai ce
qu’il vous faudra, et vos sœurs vous aideront, » répondit <abbr class="abbr" title="Madame">M<sup style="font-size:70%;">me</sup></abbr> Marsch, qui prenait un très grand plaisir à
satisfaire les très rares demandes de Beth.
</p><p>Après de sérieuses discussions avec Meg et Jo, Beth <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="89" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/103"></span></span>choisit un dessin représentant une touffe de pensées
sur un joli fond vert clair ; on acheta les matériaux
nécessaires, et elle se mit courageusement à l’œuvre.
Ses sœurs l’aidèrent un peu dans les endroits difficiles,
et les pantoufles furent bientôt finies. Beth écrivit alors
« au vieux monsieur » un petit billet très court et très
simple, et, avec l’aide de Laurie, profita d’une absence
de <abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Laurentz pour mettre le tout sur son bureau.
</p><p>Quand ce fut fait, Beth attendit impatiemment ce qui
arriverait ; mais la journée se passa, ainsi qu’une partie
de celle du lendemain, sans qu’on eût aucune nouvelle
du vieux monsieur, et Beth commença à craindre d’avoir
offensé son susceptible ami. Dans l’après-midi du second
jour, elle sortit, pour s’acquitter d’une commission, et
en même temps pour faire faire à Joanna, la pauvre
poupée malade, sa promenade quotidienne. En revenant, elle aperçut trois têtes à la fenêtre du parloir,
vit des mains s’agiter démesurément et entendit crier
joyeusement :
</p><p>« Il y a une lettre du vieux monsieur pour vous !
Venez vite la lire.
</p><p>— Oh ! Beth, il vous a envoyé… » commença à dire
Amy en faisant des gestes désordonnés ; mais Jo, fermant vivement la fenêtre, l’empêcha de continuer.
</p><p>Beth se dépêcha d’arriver, et ses sœurs la portèrent
en triomphe au parloir en lui criant : « Regardez ! regardez ! » et lui montrant du doigt un joli piano, sur
lequel était posée une lettre adressée à « miss Élisabeth
Marsch ». Elle devint pâle de surprise et de bonheur,
et, se retenant au bras de Jo pour ne pas tomber :
</p><p>« C’est pour moi ? murmura-t-elle, quoi ! pour moi ?
</p><p>— Oui, ma précieuse Beth, c’est pour vous. N’est-ce
pas bien bon à lui ? Ne trouvez-vous pas que c’est le
meilleur vieux monsieur du monde ? La clef du piano est <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="90" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/104"></span></span>dans la lettre ; mais nous ne l’avons pas ouverte, et
cependant nous mourions d’envie de savoir ce qu’il vous
dit, répondit Jo en embrassant sa sœur de toutes ses
forces et lui présentant la lettre.
</p><p>— Lisez-la vous-même, moi je ne peux pas. C’est si
beau que je ne sais plus où je suis. »
</p><p>Jo ouvrit la lettre et commença par rire des premiers
mots :
</p>
<div style="margin-left:12em;"><span class="sc">« Miss Marsch</span>.</div>
<div style="margin-left:5em;">« Chère Mademoiselle. »</div>
<p>« Comme c’est joli ! Je voudrais bien que quelqu’un
m’envoyât une lettre comme celle-là, s’écria Amy, qui
trouvait cette formule excessivement élégante.
</p><p>« J’ai eu beaucoup de paires de pantoufles dans ma
vie, mais jamais aucune ne m’a fait autant de plaisir
que la vôtre. La pensée est ma fleur favorite, et
celles-ci me rappelleront toujours l’aimable petite
fille qui me les a données. J’aime à payer mes dettes ;
ainsi j’espère que vous permettrez au « vieux monsieur » de vous envoyer quelque chose qui a appartenu à la petite fille qu’il n’a plus. Laissez-moi y
joindre mes remerciements les plus sincères et mes
meilleures amitiés.
</p><p>« Votre ami reconnaissant et votre humble serviteur,
</p>
<div style="text-align:right; margin-right:4em;"><span class="sc">« James Laurentz</span>. »</div>
<p>— Eh bien ! Beth, c’est là un honneur dont vous
pouvez être fière ! s’écria Jo en essayant de calmer sa
sœur, qui tremblait comme une feuille. Laurie m’a dit
combien son grand-père avait aimé l’enfant qui est
morte ; il conserve précieusement toutes les petites <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="91" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/105"></span></span>choses qui lui ont appartenu, et il vous a donné son
piano, pensez donc, Beth ! Cela vient de ce que vous
aimez la musique et que vous avez de grands yeux
bleus.
</p><p>— Voyez donc les belles appliques dorées pour mettre
les bougies, le joli casier à musique et le petit tabouret,
dit Meg en ouvrant l’instrument.
</p><p>— Regardez, Beth ; il signe <i>votre humble serviteur, James Laurentz,</i> dit Amy, que le billet impressionnait grandement. Je le dirai à mes compagnes,
elles seront jalouses de vous.
</p><p>— Essayez-le, Fanfan, afin que nous entendions le
son du beau piano, » dit la vieille Hannah, qui partageait toujours les joies et les peines de la famille.
</p><p>Beth se mit à jouer, et tout le monde fut d’avis que
c’était le piano le plus remarquable qu’on eût jamais
entendu. Il était évident qu’on l’avait remis à neuf et
accordé, et on ne peut se faire une idée du bonheur
avec lequel Beth en touchait les notes d’ivoire et
d’ébène.
</p><p>« Il faudra que vous alliez remercier <abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Laurentz, »
dit Jo en plaisantant, car elle connaissait trop bien la
grande timidité de sa sœur pour croire qu’elle irait ;
mais, à sa grande surprise, Beth répondit :
</p><p>« Oui, j’en ai bien l’intention, c’est mon devoir, et je
vais y aller tout de suite, avant que j’aie le temps
d’avoir peur. »
</p><p>Et Beth, se levant vivement, marcha d’un pas délibéré jusque chez <abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Laurentz, ce qui étonna tellement
ses sœurs, qu’elles ne pouvaient plus parler et que la
vieille Hannah s’écria :
</p><p>« Eh bien ! voilà la chose la plus étonnante que j’aie
jamais vue ; la vue de ce piano en a fait une autre
personne, car sans cela elle n’y serait jamais allée. » <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="92" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/106"></span></span>
</p><p>Elles auraient été encore bien plus étonnées si elles
avaient vu ce que fit Beth une fois entrée. Elle alla droit
au cabinet de travail de <abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Laurentz et frappa sans
même se donner le temps de la réflexion, et, lorsqu’une voix rude eut dit : « Entrez », elle entra et
alla droit vers <abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Laurentz, mit sa main tremblante
dans la sienne et lui dit :
</p><p>« Monsieur, je suis venue pour… vous remercier… »
Mais elle ne finit pas sa phrase, et, se rappelant
seulement qu’il avait perdu la petite fille qu’il aimait,
elle mit ses deux bras autour de son cou et l’embrassa.
</p><p>Si le toit de la maison se fût effondré subitement,
<abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Laurentz n’aurait pas été plus étonné ; mais il était
si content et si touché de ce timide petit baiser que
toute sa froideur habituelle fondit comme neige au
soleil, et que, prenant Beth sur ses genoux, il l’embrassa si tendrement, si délicatement qu’on eut dit que
sa petite fille lui était rendue. À dater de ce jour, Beth
cessa d’avoir peur de lui et causa avec lui comme si
elle l’eût connu toute sa vie. L’affection surpasse la
crainte, et la reconnaissance peut dominer toutes les
timidités. Lorsqu’elle partit, il la reconduisit jusqu’à
la porte de chez elle, lui donna une bonne poignée de
main et ôta son chapeau en la quittant, comme un
beau vieux militaire qu’il était.
</p><p>Lorsque, de la fenêtre, Jo vit tout cela, elle se mit à
danser avec fureur pour exprimer sa joie ; Amy, dans
sa stupéfaction, faillit tomber dans la rue, et Meg
s’écria en levant les mains au ciel :
</p><p>« Eh bien ! je crois que le monde va finir !
</p><p>— Finir ! dit Jo ravie, il ne fait que commencer… » 
</p>
<div class="VidFr"><iframe src="https://www.youtube.com/embed/Xcy_UURBK8M?autoplay=1&rel=0" frameborder="2" ></iframe></div>
<a href=" https://fr.wikisource.org/" >Source: Wikisource</a>
</div><div id="JosPovFr"></div>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7468711565745452342.post-61378391641922050812021-12-08T14:35:00.003-08:002021-12-08T14:36:42.891-08:00 Chapitre 5 Les Quatre Filles du docteur Marsch Louisa May Alcott - Livre txt pdf et Audio<div id="SusPovFr"></div><div class="HistFr">
<h4>CHAPITRE V JO VOISINE</h4>
<p>« Qu’est-ce que vous allez donc faire avec tout
cela ? demanda un jour Meg en voyant Jo mettre des
caoutchoucs, une vieille robe et un vieux capuchon, et
prendre un balai d’une main et une pelle de l’autre.
</p><p>— Je vais me promener pour ma santé.
</p><p>— C’est étonnant que deux grandes courses ce matin
ne vous aient pas suffi. Il fait froid et sale dehors, et
si j’avais un avis à vous donner, ce serait de rester
comme moi à vous chauffer et à vous sécher, dit Meg
en frissonnant.
</p><p>— Je ne demande pas d’avis pour le moment, répondit Jo ; je ne peux pas rester immobile toute la
journée, et, comme je ne suis pas un chat, je n’aime
pas dormir au coin du feu. J’aime les aventures, je
vais en chercher ! »
</p><p>Meg retourna se rôtir les pieds et lire <i>Ivanhoë</i>, et Jo
alla dans le jardin. La neige n’était pas bien épaisse, et
elle eut bientôt fait de la balayer et de tracer un chemin loin autour du jardin, afin qu’au premier rayon de
soleil la petite Beth pût aller s’y promener et faire
prendre l’air à ses poupées encore malades. La haie du
jardin séparait seule la maison de la famille Marsch de <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="66" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/80"></span></span>celle de <abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Laurentz ; toutes deux étaient situées dans
un faubourg de la ville qui ressemblait beaucoup à la
campagne, avec ses rues tranquilles et ses jardins remplis de grands arbres. D’un coté de la haie basse qui
séparait les deux propriétés, on voyait une vieille maison
grise, qui, dans cette saison, paraissait laide et nue
parce qu’elle était dépouillée de la vigne qui la couvrait
et des fleurs qui l’entouraient en été ; de l’autre était
une belle maison blanche, avec serres et écuries, évidemment luxueuse et commode. À travers les beaux
rideaux, on apercevait toutes sortes de choses charmantes dans la maison blanche. Cependant cette maison,
bien que riche d’aspect, paraissait triste et inhabitée ;
aucun enfant ne jouait, même quand il faisait beau,
sur la pelouse ; aucune dame ne se montrait aux fenêtres, et peu de personnes y entraient ou en sortaient, à
l’exception du vieux monsieur et de son petit-fils.
</p><p>Dans l’imagination active de Jo, cette belle maison
était une espèce de palais endormi, rempli de splendeurs et de bonheurs dont personne ne jouissait. Elle
désirait depuis longtemps contempler ces trésors cachés
et revoir le « petit Laurentz », qui, chez les Gardiner,
avait paru désirer aussi faire sa connaissance ; mais
elle ne savait pas comment commencer.
</p><p>Jo le désirait encore plus depuis la soirée où Laurie
avait été si complaisant pour elle et pour sa sœur. Elle
avait bien imaginé plusieurs moyens pour arriver à être
l’amie de Laurie, mais aucun n’avait pu être mis à
exécution ; elle ne l’avait pas revu et elle commençait
à croire qu’il était parti, quand, après avoir fait le
ménage de la neige, elle l’aperçut tout à coup à une
de ses fenêtres, regardant avec des yeux tristes son
jardin poudré à blanc.
</p><p>« Ce garçon aurait besoin de quelqu’un pour jouer <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="67" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/81"></span></span>et rire avec lui, se dit-elle. Son grand-père ne sait pas
ce qu’il lui faut et le laisse s’ennuyer tout seul. J’ai
bien envie de sauter par-dessus la haie et d’aller le
dire au vieux monsieur. »
</p><p>Cette idée amusa Jo, qui aimait à faire des choses
périlleuses, et qui scandalisait toujours Meg par la hardiesse de ses mouvements ; elle mit à exécution son
projet de sauter par-dessus la haie. Une fois arrivée
de l’autre côté, elle s’arrêta et regarda la maison endormie. Rien n’y remuait ; tous les rideaux, hormis
un, étaient baissés, et derrière le rideau à demi refermé
de la fenêtre où elle avait vu Laurie, on entrevoyait
encore une tête aux cheveux noirs bouclés, appuyée
sur une main amaigrie.
</p>
<div class="VidFr"><iframe src="https://www.youtube.com/embed/Xcy_UURBK8M?autoplay=1&rel=0" frameborder="2" ></iframe></div>
<p>Laurie, voyant l’action de Jo, s’était reculé d’un pas ;
mais la curiosité, plus forte que la timidité, l’avait
retenu assez près de la fenêtre pour qu’il pût voir ce
qui allait se passer dans le jardin.
</p><p>« Le voici tout seul et malade, pensa Jo. Pauvre
garçon ! ce n’est pas bien de le laisser ainsi. Je vais
lui jeter une boule de neige, afin de l’encourager, et je
lui dirai quelques mots d’amitié. »
</p><p>Aussitôt pensé, aussitôt fait ; une boule de neige alla
frapper la fenêtre ; la tête bouclée fit un mouvement de
surprise et montra une figure, non plus inanimée comme
quelques minutes auparavant, mais illuminée par le
plaisir. Jo fit un petit signe de tête et, mettant son
balai sur son épaule, lui cria :
</p><p>« Comment vous portez-vous ? Êtes-vous malade ? »
</p><p>Laurie, alors, ouvrit la fenêtre et répondit d’une voix
aussi rauque que celle d’un corbeau :
</p><p>« Je vais mieux, je vous remercie. J’ai eu un horrible
rhume, et je suis enfermé ici depuis huit jours par
ordre du médecin. <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="68" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/82"></span></span>
</p><p>— J’en suis très fâchée. Qu’est-ce que vous faites
pour vous amuser ?
</p><p>— Rien ! La maison est aussi triste qu’un tombeau.
</p><p>— Vous ne lisez pas ?
</p><p>— Pas beaucoup. On me le défend.
</p><p>— Personne ne peut donc vous faire la lecture ?
</p><p>— Si, quelquefois ! mais mes livres n’intéressent pas
grand-papa, et je n’aime pas toujours demander à mon
précepteur.
</p><p>— Vous avez donc un précepteur ?
</p><p>— Oui.
</p><p>— Est-ce que personne que lui ne vient vous voir ?
</p><p>— Je n’ai personne que j’aimerais voir ; on dit que
les petits garçons trop tapageurs me feraient mal à la tête.
</p><p>— Vous ne pouvez donc pas demander à quelque
gentille petite fille de venir vous lire des histoires et
vous amuser ? Les petites filles ne font pas de bruit et
sont de très bonnes gardes-malades.
</p><p>— Je n’en connais aucune.
</p><p>— Vous me connaissez, répliqua Jo, qui s’arrêta et
se mit à rire.
</p><p>— Oui, je vous connais ! Est-ce que vous consentiriez à venir ? Vous me feriez bien plaisir ! s’écria
Laurie.
</p><p>— Je ne suis pas toujours gentille et tranquille,
mais je viendrai si maman veut me le permettre. Je
vais aller le lui demander. Fermez la fenêtre comme
un garçon très sage et attendez-moi. »
</p><p>Jo reprit en courant le chemin de chez elle en
pensant à l’étonnement qu’allaient avoir ses sœurs ; et
Laurie, très excité par l’idée qu’il allait recevoir une
visite, voulut lui faire honneur en se brossant les
cheveux ; quand il eut refait sa raie, il jeta un regard <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="69" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/83"></span></span>sur le surplus de sa toilette et essaya de mettre un peu
d’ordre dans la chambre qui, malgré une demi-douzaine
de domestiques, n’était pas précisément bien tenue.
</p><p>Jo, paraît-il, avait obtenu sa permission. « Il est
malade, avait-elle dit, et très changé ; chez les Gardiner, il m’avait presque fait l’effet d’un petit jeune
monsieur, mais je vois bien que ce n’est encore qu’un
petit garçon. »
</p><p>On entendit bientôt, à la porte de la maison blanche,
un grand coup de sonnette, puis une voix décidée
demanda <abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Laurie ; une femme de chambre arriva
alors, très surprise d’avoir à annoncer à son jeune
maître une demoiselle.
</p><p>« Très bien ! faites-la monter, c’est miss Jo. »
</p><p>Et Laurie alla lui-même ouvrir la porte à Jo, qui
était gentille et rose, paraissait très à son aise et portait
d’une main un plat couvert, et de l’autre, dans un petit
panier à ouvrage, les trois petits chats de Beth.
</p><p>« Me voici armes et bagages, dit-elle gaiement ;
maman a été très contente que je puisse faire quelque
chose pour vous. Meg a voulu que je vous apporte un
peu de blanc-manger qu’elle a fait elle-même, et Beth a
pensé que ses petits chats vous seraient agréables ; je
savais bien que non, mais je ne pouvais pas refuser,
elle désirait tant faire quelque chose pour vous. »
</p><p>Grâce aux petits chats de Beth et à la gaieté de Jo,
Laurie oublia immédiatement sa timidité.
</p><p>« C’est trop joli pour être mangé, dit-il en souriant
de plaisir, quand Jo, découvrant le plat qu’elle avait
apporté, lui montra le blanc-manger entouré d’une
couronne de feuilles vertes et de fleurs du beau géranium rouge d’Amy.
</p><p>— Ce n’est rien du tout ; seulement elles voulaient
vous montrer qu’elles désiraient vous faire plaisir. <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="70" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/84"></span></span>Dites à la bonne de le mettre de côté pour votre thé ;
comme c’est très doux, vous l’avalerez sans vous faire
de mal. Quelle jolie chambre vous avez !
</p><p>— Elle pourrait être jolie si elle était bien rangée ; mais les domestiques sont si paresseux qu’ils ne
se donnent pas la peine d’y mettre de l’ordre, et moi,
voyez-vous, je suis trop fatigué pour les gronder.
</p><p>— Elle va être faite en deux minutes ; il faut seulement
que le devant de la cheminée soit balayé comme
ça ; et les choses rangées dessus comme ça ; et les
livres ici ; et les bouteilles là ; et votre sofa placé plus
convenablement ; et les oreillers droits. Là ! c’est fait
maintenant. »
</p><p>Et c’était vrai ! Tout en parlant et en riant, Jo, qui
n’était maladroite que quand elle ne pensait pas à ce
qu’elle faisait, avait mis les choses à leur place et
donné à la chambre un aspect tout différent. Laurie,
gardant un silence respectueux, la regardait attentivement,
et, lorsque Jo lui montra son sofa bien arrangé,
il s’assit dessus avec un soupir de satisfaction, et dit
avec reconnaissance :
</p><p>« Comme vous êtes bonne ! Oui ! c’est tout ce qu’il
fallait à ma chambre. Maintenant, asseyez-vous dans le
grand fauteuil et laissez-moi faire quelque chose pour
amuser ma visiteuse.
</p><p>— Non ! C’est moi qui suis venue pour vous amuser !
Vous lirai-je quelque chose ? répondit Jo en regardant
en regardant avec amour quelques livres placés à côté d’elle.
</p><p>— Je vous remercie, j’ai lu tous ces livres-là, et, si
cela ne vous fait rien, je préférerais vous entendre parler.
</p><p>— Cela ne me fait rien du tout ; je parlerai toute la journée, si vous le désirez. Beth dit que je ne sais jamais quand m’arrêter. <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="71" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/85"></span></span>
</p><p>— Beth, c’est la petite fille aux joues roses, qui reste
beaucoup à la maison et sort quelquefois avec un petit
panier ? demanda Laurie avec intérêt.
</p><p>— Oui, c’est elle. C’est ma petite fille, à moi ; nous
avons chacune la nôtre, Meg et moi. Beth est gentille
comme pas une.
</p><p>— La jolie, c’est Meg, et celle qui a des cheveux
bouclés est Amy, je crois ?
</p><p>— Comment le savez-vous ? »
</p><p>Laurie rougit, mais répondit franchement :
</p><p>« Vous savez, je vous entends souvent vous appeler
quand vous jouez dans le jardin, et, lorsque je suis
seul ici, je ne peux pas m’empêcher de regarder chez
vous ; vous paraissez toujours tant vous amuser ! Je
vous demande pardon de mon indiscrétion, mais je ne
vois pas que ce qui se passe dans le jardin. Comme
votre maison fait presque face à la nôtre, les jours où
vous oubliez de baisser les rideaux de la fenêtre, celle
où sont placées les fleurs, je vous vois encore dès
que la lampe est allumée : cela me fait alors l’effet
d’un tableau. Vous êtes toutes autour de la table,
votre mère est juste devant moi, et cela me paraît si
agréable de voir vos figures contentes à travers les
fleurs, que je ne puis m’empêcher de regarder. Je suis
orphelin ! »
</p><p>Cela dit, Laurie se mit à remuer le feu, afin que Jo
ne vît pas le tremblement nerveux de ses lèvres qu’il
ne pouvait comprimer.
</p><p>Son air triste alla droit au cœur de Jo ; elle avait
été si simplement élevée qu’à son âge elle était aussi
franche qu’une enfant de dix ans. Voyant Laurie solitaire et malade, et sentant combien elle était plus que
lui riche en bonheur et en affections, elle essaya de
partager ses trésors avec lui. Sa figure brune avait une <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="72" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/86"></span></span>bonté et sa voix une douceur qui ne leur étaient pas
habituelles lorsqu’elle dit :
</p><p>« Nous ne baisserons plus jamais le rideau, et je
vous donne la permission de regarder autant que vous
le désirerez ; mais je préférerais qu’au lieu de regarder
à la dérobée vous vinssiez chez nous. Meg est si bonne
qu’elle vous ferait du bien ; Beth chanterait, pour vous
distraire, tout ce que vous voudriez ; Amy danserait
devant vous ; Meg et moi nous vous ferions rire avec
notre théâtre, et tous, nous nous amuserions beaucoup.
Est-ce que votre grand-papa ne vous le permettrait pas ?
</p><p>— Je crois qu’il le voudrait bien, si votre mère était
assez bonne pour le lui demander. Il est moins sévère
qu’il n’en a l’air et me laisse assez faire ce que je veux ;
seulement il a peur que je devienne un ennui
pour les étrangers, dit Laurie, dont la figure mobile
s’illuminait de plus en plus.
</p><p>— Nous ne sommes pas des étrangers, nous sommes
des voisins, et il ne faut pas que vous pensiez que vous
serez un fardeau pour nous. Nous désirons beaucoup
faire votre connaissance, et il y a longtemps que
j’aurais voulu la faire. Vous savez qu’il n’y a pas très
longtemps que nous sommes ici ; mais, excepté vous,
nous connaissons déjà tous ceux de nos voisins que
notre mère a jugés pouvoir être pour nous d’aimables
connaissances.
</p><p>— Grand-papa vit au milieu de ses livres et ne
s’occupe guère de ce qui se passe ailleurs. <abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Brooke,
mon précepteur, n’habite pas avec nous, il ne vient
qu’à l’heure des leçons ; ainsi, je reste à la maison et je
passe mon temps comme je peux.
</p><p>— Ce n’est pas comme cela qu’il faut s’y prendre ;
il suffirait à votre grand-papa de faire une grande <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="73" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/87"></span></span>tournée de visites dans le voisinage, et vous auriez
tout de suite des maisons agréables où vous seriez
reçus avec un grand plaisir. Quant à votre timidité,
elle ne durera pas longtemps, ne vous en inquiétez
pas. Je suis timide au fond, moi aussi ; mais on fait un
petit effort, et c’est bien vite passé. »
</p><p>Laurie rougit de nouveau, mais ne fut pas offensé
d’avoir été accusé de timidité, car il y avait tant de
bonne volonté en Jo, qu’il était impossible de ne pas
accepter ses conseils, en dépit de leur forme originale,
avec autant de cordialité qu’elle les offrait.
</p><p>« Aimez-vous votre pension ? demanda Laurie après
quelques moments de silence, pendant lesquels il avait
tenu les yeux fixés sur le feu, tandis que Jo examinait
la chambre, qu’elle trouvait tout à fait de son goût.
</p><p>— Je ne vais pas en pension. Je suis occupée à soigner ma tante, qui est une bonne vieille dame, mais
d’humeur assez difficile. »
</p><p>Laurie ouvrait la bouche pour lui faire une autre
question, quand il se rappela juste à temps que ce
n’était pas poli de faire trop de questions. Mais Jo, à
qui Laurie plaisait beaucoup, ne demandait pas mieux
que de le faire rire un peu, fût-ce aux dépens de la
tante Marsch. Elle lui fit une description très amusante
de la vieille dame, de ses impatiences, de son gros
chien, du perroquet qui parlait espagnol et de la bibliothèque qui avait tant de charme pour elle. Laurie
riait de tout son cœur, de si bon cœur qu’une bonne,
tout étonnée, vint voir ce qui se passait. Jo lui racontait
précisément qu’un vieux monsieur était venu un jour
demander la main de tante Marsch, et qu’au milieu
d’une belle phrase, Polly, le perroquet, avait, sauté
sur le monsieur et lui avait arraché sa perruque en lui
criant : « Silence ! » <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="74" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/88"></span></span>
</p><p>« Oh ! cela me fait tant de bien de rire ! Continuez,
je vous en prie, » lui dit-il, encore tout rouge d’avoir
tant ri.
</p><p>Jo, excitée par son succès, continua à parler de
leurs jeux, de leurs projets, de leurs espérances, de
leurs craintes pour leur père et des événements les plus
intéressants du petit monde dans lequel elles vivaient.
Ils parlèrent ensuite de livres, et Jo trouva, à sa grande
joie, que Laurie les aimait autant qu’elle et en avait
même lu davantage.
</p><p>« Si vous les aimez tant, venez voir les nôtres, lui
dit Laurie en se levant. Mon grand-père est sorti ;
n’ayez pas peur.
</p><p>— Je n’ai peur de rien ! répliqua Jo avec un fier
mouvement de tête.
</p><p>— Je le crois, » répondit le jeune garçon avec
admiration, tout en pensant que si Jo rencontrait le
vieux monsieur dans un de ses accès de mauvaise
humeur, elle aurait, malgré son courage, de bonnes
raisons d’être effrayée.
</p><p>Toute la maison était chauffée par un calorifère, et
Laurie put, malgré son rhume, promener Jo dans toutes
les pièces et la laisser examiner à son aise tout ce qui
lui plaisait. Lorsqu’ils arrivèrent dans la bibliothèque, Jo
se mit à battre des mains et à danser, comme elle faisait toujours quand elle était particulièrement charmée.
</p><p>« Que de belles, que d’utiles choses ! soupira-t-elle
en s’enfonçant dans les profondeurs d’un fauteuil capitonné
et promenant un œil d’admiration sur l’immense
quantité de livres et de tableaux qui tapissaient les
murs, et sur les statues, les bronzes et les curiosités
artistiques qui remplissaient la chambre. Théodore
Laurentz, vous êtes la plus heureuse personne du
monde, ajouta-t-elle d’un air convaincu. <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="75" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/89"></span></span>
</p><p>— On ne peut pas vivre rien qu’avec des livres,
répondit Laurie en se penchant sur une table vis-à-vis
d’elle. Je donnerais tout ce qui est ici pour avoir des
sœurs… »
</p><p>Mais, avant qu’il eut pu continuer, on entendit un
coup de sonnette, et Jo se leva en toute hâte en
s’écriant :
</p><p>« Miséricorde ! C’est votre grand-papa !
</p><p>— Eh bien, qu’est-ce que cela fait ? Vous n’avez
peur de rien, vous savez, lui répondu malicieusement
Laurie.
</p><p>— Je crois que j’ai un peu peur de lui, mais je ne
sais vraiment pas pourquoi j’aurais peur ; maman a
dit que je pouvais venir, et je ne pense pas que vous
en soyez plus malade, dit Jo en se rasseyant et paraissant plus rassurée, quoique ses yeux fussent toujours
fixés sur la porte.
</p><p>— Je vais bien mieux, au contraire, et je vous en
suis très reconnaissant ; seulement, j’ai peur que vous
ne vous soyez fatiguée en parlant. C’était si agréable
de vous écouter, que je n’avais pas le courage de vous
arrêter, dit Laurie.
</p><p>— Monsieur, ce n’est pas votre grand-père, c’est le
docteur ! » dit la servante.
</p><p>Laurie respira, et se tournant vers Jo :
</p><p>« Ne vous en allez pas, permettez-moi seulement de
vous laisser seule pendant une minute. Je suppose
que je dois aller vers le docteur, dit Laurie.
</p><p>— Ne vous inquiétez pas de moi ; je suis heureuse
comme une reine, ici, » répondit Jo.
</p><p>Et, Laurie étant parti, elle s’amusa à regarder toutes
les charmantes choses qui ornaient la chambre.
</p><p>Elle était debout devant un beau portrait de <abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Laurentz, lorsqu’elle entendit ouvrir la porte, et, croyant <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="76" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/90"></span></span>que c’était Laurie, elle dit sans se retourner, d’un air
décidé :
</p><p>« Maintenant, je suis sûre de ne pas avoir peur de
votre grand-papa, car il a les yeux pleins de bonté,
quoique sa bouche soit sévère et qu’il paraisse avoir
une terrible volonté. Il n’est peut-être pas tout à fait
aussi beau que mon grand-père, mais il me plaît.
</p><p>— Merci, madame ! » dit derrière elle une voix
refrognée.
</p><p>Et Jo, se retournant toute surprise, aperçut le vieux
monsieur Laurentz.
</p><p>La pauvre Jo devint cramoisie, et son cœur battit bien
fort lorsqu’elle se rappela ce qu’elle venait de dire.
Pendant une minute, elle eut une grande envie de fuir ;
mais cela n’eut pas été courageux, et ses sœurs, en
apprenant sa fuite, se seraient moquées d’elle ; elle se
décida donc à rester et à se tirer d’affaire comme elle
le pourrait. En regardant de nouveau le vieux monsieur,
elle vit que ses yeux avaient, sous ses effrayants sourcils,
un air de bonté encore plus grand que ceux du portrait,
et qu’on entrevoyait, dans ces mêmes yeux, une ombre
de malice qui diminua beaucoup sa crainte. Après une
pause terrible, le vieux monsieur dit d’une voix plus
refrognée que jamais :
</p><p>« Ainsi, vous n’avez pas peur de moi ?
</p><p>— Pas beaucoup, monsieur.
</p><p>— Et vous ne trouvez pas que je sois aussi bien que
votre grand-père ?
</p><p>— Non, monsieur, pas tout à fait…
</p><p>— Et vous pensez que j’ai une volonté terrible ?
</p><p>— J’ai dit seulement que je le supposais.
</p><p>— Cependant, je vous plais malgré cela ?
</p><p>— Oui, monsieur. »
</p><p>Le vieux monsieur parut content des réponses de Jo <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="77" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/91"></span></span>et, se mettant à rire, lui donna une poignée de main ;
puis, rapprochant doucement sa main du menton de Jo
et attirant sa figure vers lui, il l’examina attentivement
et lui dit gravement en rendant la liberté à sa tête :
</p><p>« Vous avez l’esprit de votre grand-père, si vous
n’en avez pas la figure ; il était beau, ma chère, mais
ce qui valait mieux, il était brave et honnête, et j’étais
fier d’être son ami.
</p><p>— Merci, monsieur, répondit Jo, qui se retrouvait
dans son état habituel.
</p><p>— Qu’est-ce que vous avez fait à mon petit-fils, hein ?
demanda ensuite le vieux monsieur.
</p><p>— J’ai seulement <i>essayé</i> de l’égayer, » dit Jo.
</p><p>Et elle raconta comment sa visite était venue.
</p><p>« Vous pensez qu’il a besoin d’être égayé ?
</p><p>— Oui, monsieur, il paraît un peu seul, et peut-être
la compagnie d’autres enfants lui ferait-elle du bien.
Nous ne sommes que des petites filles, monsieur, mais
nous serions très contentes de pouvoir faire quelque
chose pour lui : car nous n’avons pas oublié le splendide
cadeau de Noël que vous nous avez envoyé, dit Jo avec
animation.
</p><p>— Chut ! chut ! C’était l’affaire de <abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Laurie. Comment
va la pauvre femme Hummel ?
</p><p>— Très bien, monsieur, maintenant. »
</p><p>Et Jo lui raconta comme quoi sa mère avait su intéresser à cette pauvre femme des personnes plus riches
qu’elle.
</p><p>« C’est tout à fait comme cela que faisait son père !
Dites-lui que j’irai la voir au premier jour de beau
temps. Mais voici la cloche du thé. Venez le prendre
avec nous, voulez-vous ?
</p><p>— Oui, monsieur, si nous êtes bien sûr que cela ne
doive pas vous ennuyer. <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="78" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/92"></span></span>
</p><p>— Vous le demanderais-je si cela ne me plaisait
pas ? » répondit <abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Laurentz en lui offrant son bras,
d’après les règles de la vieille politesse.
</p><p>« Que dira Meg de tout ceci ? » se disait Jo en marchant.
</p><p>Et ses yeux brillaient de plaisir à cette pensée.
</p><p>« Eh bien ! qu’est-ce qui lui arrive ? demanda le vieux
monsieur en voyant Laurie descendre les escaliers quatre
à quatre, et prendre un air de profond étonnement en
apercevant Jo au bras de son redoutable grand-père.
</p><p>— Je ne savais pas que vous étiez revenu, monsieur,
dit-il en échangeant avec Jo un regard de triomphe.
</p><p>— C’était évident d’après la manière dont vous
dégringoliez les escaliers. Venez prendre votre thé,
monsieur, et conduisez-vous convenablement, » dit
<abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Laurentz en lui tirant les cheveux par manière de
caresse.
</p><p>Et il continua à marcher, tandis que Laurie exécutait
derrière son dos une série de mouvements qui indiquaient
son contentement.
</p><p>Le vieux monsieur ne parla pas beaucoup en buvant
ses quatre tasses de thé ; mais, en revanche, il examina
les deux jeunes gens qui bavardaient et riaient comme
de vieux amis ; et le changement de son petit-fils ne lui
échappa pas. Il y avait alors des couleurs, de la vie et
du plaisir sur la figure du jeune garçon, de la vivacité
dans ses manières et de la gaieté dans son rire.
</p><p>« Elle a raison, se dit-il, l’enfant est trop seul. Il faut
que je voie ce que ces petites filles pourraient faire
pour lui. »
</p><p>Jo lui plaisait à cause de ses manières originales et
spirituelles, et elle paraissait comprendre Laurie aussi
bien que si elle était un petit garçon. Si les Laurentz
avaient été ce que Jo appelait des « gens raides et
guindés », elle ne leur aurait pas plu du tout, car elle <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="79" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/93"></span></span>aurait été gauche et contrainte avec eux ; mais, comme ils
étaient bienveillants et simples, elle resta elle-même et
leur fit une très bonne impression.
</p><p>Quand ils sortirent de table, Jo parla de s’en aller ;
mais Laurie lui dit qu’il avait encore quelque chose à
lui montrer, et la conduisit dans la serre, qui avait
été illuminée exprès pour elle. Jo se crut dans un
endroit féerique lorsqu’elle se promena au milieu de
ces rangées d’arbustes et de fleurs rares, que les nombreuses lumières embellissaient encore ; mais son plaisir
fut plus grand lorsque Laurie, qui avait fait un gros
bouquet des plus belles fleurs de la serre, le lui donna
en lui disant avec un air heureux qui fit plaisir à Jo :
</p><p>« Voudriez-vous donner ceci à madame votre mère
et l’assurer que j’aime beaucoup le médecin qu’elle m’a
envoyé ? »
</p><p>En rentrant dans le grand salon, ils trouvèrent <abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Laurentz assis au coin du feu ; mais l’attention de Jo fut
entièrement absorbée par la vue d’un beau piano à
queue.
</p><p>« Jouez-vous du piano ? demanda-t-elle à Laurie d’un
air respectueux.
</p><p>— Un peu, répondit-il modestement.
</p><p>— Oh ! je vous en prie, jouez-moi quelque chose. Je
voudrais tant vous entendre afin de pouvoir le raconter
à Beth.
</p><p>— Jouez d’abord, vous.
</p><p>— Je ne sais pas jouer ; je suis trop stupide pour
apprendre, mais j’aime extrêmement la musique. »
</p><p>Laurie jouait remarquablement bien pour son âge ; il
ne se fit pas prier, et Jo l’écouta avec béatitude, le nez
voluptueusement enfoui dans de l’héliotrope et des
roses. Ah ! elle aurait bien désiré que Beth pût l’entendre
aussi ; mais elle ne le dit pas et fit seulement tant de <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="80" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/94"></span></span>compliments à Laurie qu’il en fut tout à fait honteux,
et que son grand-père se mit à dire :
</p><p>« Assez ! assez ! jeune fille ; trop de sucres d’orge ne
lui valent rien. Il ne joue pas mal, mais j’espère qu’il
réussira aussi bien dans des affaires plus importantes.
Vous partez ? Je vous suis très reconnaissant de votre
visite, et j’espère que vous reviendrez bientôt. Bonsoir,
docteur Jo. Mes amitiés à votre mère. »
</p><p>Il était très aimable, mais quelque chose dans son air
fit craindre à Jo d’avoir fait quelque méprise, et elle
le demanda à Laurie, quand ils furent seuls.
</p><p>« Non, c’était moi, répondit Laurie : il n’aime pas
m’entendre faire de la musique.
</p><p>— Pourquoi ?
</p><p>— Je vous le dirai une autre fois. John va vous reconduire chez vous, puisque je ne le puis pas.
</p><p>— Ce n’est pas la peine, il n’y a que deux pas à faire.
Soignez-vous bien.
</p><p>— Oui, mais vous reviendrez, n’est-ce pas ?
</p><p>— Si vous me promettez de venir nous voir quand
vous serez guéri.
</p><p>— Je vous le promets.
</p><p>— Bonsoir, Laurie.
</p><p>— Bonsoir, Jo, bonsoir. »
</p><p>Quand Jo eut raconté ses aventures, toute la famille
éprouva le désir d’aller dans la maison à côté, car chacune se trouvait attirée par quelque chose. <abbr class="abbr" title="Madame">M<sup style="font-size:70%;">me</sup></abbr> Marsch
désirait parler de son père avec le vieillard qui en parlait si bien et ne l’avait pas oublié ; Meg aurait voulu
voir la serre ; Beth soupirait après le piano à queue et
désirait admirer les beaux tableaux et les statues.
</p><p>« Mère, pourquoi <abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Laurentz n’aime-t-il pas entendre Laurie jouer du piano ? demanda Jo, qui voulait
toujours savoir le pourquoi des choses. <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="81" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/95"></span></span>
</p><p>— Je crois, mais je n’en suis pas sûre, que son fils,
le père de Laurie, avait épousé une grande artiste italienne ; cette union avait déplu au vieillard, qui était
très orgueilleux. La dame était cependant charmante,
très distinguée et estimée de tous. Mais ces genres de
mariage sont si rarement heureux que le préjugé fut
le plus tenace chez <abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Laurentz. Il ne voulut jamais revoir son fils. Le père et la mère de Laurie moururent
loin de lui en Europe pendant l’enfance de Laurie,
et ce ne fut qu’alors que son grand-père fit venir son
petit-fils chez lui. Je crois que Laurie, qui est né en
Italie, n’est pas d’une constitution robuste, et que c’est
pour cela que <abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Laurentz semble toujours inquiet pour
sa santé. Laurie ressemble à sa mère ; il a hérité d’elle
son goût pour la musique, et je m’imagine que son
grand-père a peur qu’il ne veuille devenir à son tour un
artiste. En tous cas, les aptitudes musicales de Laurie
lui rappellent sans doute, plus qu’il ne le voudrait,
la femme de son fils qu’il n’aimait pas, et je pense que
c’est pour cela qu’il <i>s’assombrit</i>, comme dit Jo, quand
le pauvre Laurie joue du piano.
</p><p>— Mon Dieu ! que cette histoire de Laurie est triste
et romanesque ! s’écria Meg.
</p><p>— Qu’on laisse donc Laurie être artiste s’il en a
vraiment la vocation, s’écria Jo, et qu’on ne gâte pas
sa vie en le forçant à aller à l’Université !
</p><p>— Aller à Université ne gâte rien, répondit
<abbr class="abbr" title="Madame">M<sup style="font-size:70%;">me</sup></abbr> Marsch. Il manque toujours quelque chose aux
artistes qui ignorent tout en dehors de leur spécialité.
</p><p>— C’est parce que sa mère était Italienne qu’il a de
si beaux yeux et de si beaux cheveux noirs et son teint
mat si distingué ; les Italiens sont toujours beaux, dit
Meg, qui était un peu sentimentale.
</p><p>— Qu’est-ce que vous savez de son air et de ses <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="82" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/96"></span></span>yeux ? C’est à peine si vous lui avez parlé, s’écria Jo
qui, elle, n’était pas du tout sentimentale.
</p><p>— Ne l’ai-je pas vu à la soirée des Gardiner ? et
d’ailleurs je vois bien, d’après tout ce que nous me dites,
qu’il est très aimable. C’est très joli cette phrase qu’il
a dite sur ce que maman lui avait envoyé.
</p><p>— Il parlait du blanc-manger, je suppose.
</p><p>— Que vous êtes donc étonnante, Jo ! Il parlait de
vous, c’est évident.
</p><p>— Vous croyez, Meg ? répondit Jo, en ouvrant les
yeux comme si l’idée ne lui en était jamais venue.
</p><p>— Je n’ai jamais vu une jeune fille comme vous !
Vous ne savez même pas reconnaître quand on vous
fait un compliment, dit Meg, de l’air d’une personne
qui croit connaître très bien toutes ces choses-là.
</p><p>— Ce sont toujours des bêtises les compliments,
et
vous gâtez mon plaisir. Laurie est un gentil garçon,
il me plaît. Nous serons bonnes pour lui parce qu’il n’a
plus de mère, et il pourra venir nous voir, n’est-ce
pas, mère ?
</p><p>— Oui, Jo ; votre petit ami sera le bienvenu ici. Je
sais qu’il est doux, poli et réservé, et j’espère que Meg
se rappellera que les enfants doivent rester enfants le
plus longtemps possible.
</p><p>— Je ne me considère plus comme une enfant, fit
observer la petite Amy. Et vous, Beth, qu’en pensez-vous ?
</p><p>— Je ne sais qu’en penser, dit Beth ; j’aime mieux
songer au plaisir que j’aurais à voir un jour le beau
palais et le grand piano du grand-père de Laurie. » 
</p>
<a href=" https://fr.wikisource.org/" >Source: Wikisource</a>
</div><div id="JosPovFr"></div>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7468711565745452342.post-82841167545404892452021-12-08T14:32:00.002-08:002021-12-08T14:32:40.777-08:00 Chapitre 4 Les Quatre Filles du docteur Marsch Louisa May Alcott - Livres txt pdf et Audio<div id="SusPovFr"></div><div class="HistFr">
<h3>CHAPITRE IV - UNE FAMILLE DE MAUVAISE HUMEUR OU LES INCONVÉNIENTS DES FÊTES ET DES VACANCES</h3>
<p><br />
</p><p>« Mon Dieu, que c’est ennuyeux de s’être amusé
pendant toute une semaine ! » soupira Meg en se levant
le lendemain matin. Les vacances étaient finies, et huit
jours de fête ne la disposaient pas à remplir sa tâche
quotidienne.
</p><p>— Je voudrais que ce soit toute l’année Noël ou le
jour de l’an ! N’est-ce pas que ce serait plus agréable ?
répondit Jo en bâillant tristement.
</p><p>— Nous ne nous amuserions peut-être pas tant s’il
fallait s’amuser tous les jours, » répondit Meg, retrouvant un peu de raison. Mais cela ne dura pas. « C’est
cependant bien agréable d’avoir des petits soupers et
des bouquets, d’aller en soirée, d’en revenir en voiture,
de lire, de se reposer et même de ne pas travailler, dit
Meg, tout en essayant de décider laquelle de ses deux
vieilles robes était la plus mettable. C’est comme cela
que font les jeunes filles dont les parents ont de la
fortune, et il y a des moments où je ne puis pas me
retenir de les trouver plus heureuse que nous.
</p><p>— Bah ! riposta Jo, il y a des jeunes personnes très <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="48" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/62"></span></span>riches qui ont l’air bien maussade ; ce n’est donc pas
l’argent seul qui rend heureux. Nous ne pouvons pas
être comme elles, prenons-en gaiement notre parti et,
comme maman, donnons-nous, avec bonne humeur,
bien de la peine. Tante Marsch, chez laquelle j’ai pour
devoir de passer toute la journée avec la mission impossible à remplir de tâcher de l’égayer, est vraiment pour
moi le <i>Vieillard de la mer</i>, de Sindbad le Marin ; mais
je suppose que, lorsque j’aurai appris à porter mon
fardeau sans me plaindre, il sera devenu si léger que
je n’y ferai plus attention. »
</p><p>Cette idée mit Jo de bonne humeur, mais Meg ne
s’éclaircit pas. Son fardeau, à elle, consistait à mener
l’éducation de quatre enfants gâtés, bien décidés à ne
profiter d’aucune leçon. Il lui semblait plus lourd que
jamais, et elle n’avait pas même assez de courage pour
se faire belle, en mettant comme d’habitude un ruban
bleu autour de son cou et en se coiffant de la manière
qui lui allait le mieux.
</p><p>Ce fut dans cette disposition d’esprit que Meg descendit, et elle ne fut pas aimable du tout pendant le
déjeuner. Tout le monde paraissait d’ailleurs contrarié
et porté à se plaindre : Beth avait mal à la tête et
essayait de se guérir en s’étendant sur le canapé et en
jouant, avec la chatte et ses trois petits ; Amy se fâchait,
parce qu’elle ne savait pas ses leçons et ne pouvait
pas trouver ses cahiers ; Jo faisait un grand tapage
en s’apprêtant ; <abbr class="abbr" title="Madame">M<sup style="font-size:70%;">me</sup></abbr> Marsch était très occupée à finir
une lettre pressée, et Hannah était bourrue, parce
que les veilles prolongées la fatiguaient toujours.
</p><p>« Décidément il n’y a jamais eu au monde une
famille d’aussi mauvaise humeur ! s’écria Jo perdant
patience, après avoir cassé deux passe-lacets, renversé
un encrier et s’être assise sur son chapeau. <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="49" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/63"></span></span>
</p><p>— Et c’est vous qui êtes la plus désagréable, répondit Amy en effaçant, avec les larmes qui étaient tombées
sur son ardoise, une division qui était toute manquée.
</p><p>— Beth, si vous ne gardez pas ces horribles bêtes à
la cuisine, je dirai à Hannah de les faire cuire ! » s’écria
Meg en colère, en essayant de se débarrasser d’un des
petits chats qui avait grimpé sur son dos et s’y cramponnait, juste à un endroit où elle ne pouvait pas
l’attraper. »
</p><p>Jo se mit à rire, Meg à gronder, Beth à supplier, et
Amy à gémir, parce qu’elle ne pouvait plus se rappeler
combien faisaient neuf fois douze.
</p>
<div class="VidFr"><iframe src="https://www.youtube.com/embed/Xcy_UURBK8M?autoplay=1&rel=0" frameborder="2" ></iframe></div>
<p>« Restez donc tranquilles un instant, mes pauvres
enfants, dit <abbr class="abbr" title="Madame">M<sup style="font-size:70%;">me</sup></abbr> Marsch en effaçant la troisième phrase
de sa lettre ; il faut que ceci parte immédiatement, et
je ne peux pas écrire au milieu de votre tapage. »
</p><p>Il y eut un silence momentané, brisé seulement par
l’entrée de Hannah qui posa sur la table deux petits
pâtés à peine sortis du four, et disparut aussi vite
qu’elle était entrée. Les enfants appelaient ces petits
pâtés des manchons, car elles n’en avaient pas d’autres,
et trouvaient fort agréable de se réchauffer les mains en
s’en allant avec les petits pâtés brûlants. Aussi Hannah,
quelque occupée et fatiguée qu’elle pût être, n’oubliait
jamais de leur en préparer, car Meg et Jo avaient une
longue course à faire et ne mangeaient rien d’autre
jusqu’à leur retour, qui avait rarement lieu avant trois
heures de l’après-midi.
</p><p>« Amusez-vous bien avec vos chats et tâchez de
vous débarrasser de votre mal de tête, petite Beth !
Adieu, chère maman ; nous sommes ce matin de vrais
diables, mais nous serons des anges quand nous reviendrons. Allons, venez, Meg. »
</p><p>Et Jo partit la première, en sentant que, pour cette <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="50" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/64"></span></span>fois, les pèlerins ne se mettaient pas en route pour
le paradis avec leur bonne grâce accoutumée.
</p><p>Elles se retournaient toujours lorsqu’elles arrivaient
au coin de la rue, et leur mère n’oubliait jamais de
se mettre à la fenêtre pour leur faire un petit signe
de tête et leur envoyer un sourire. Il semblait que les
deux filles n’auraient pas pu passer la journée si elles
n’avaient eu ce dernier regard d’adieu de leur mère,
et, quelque ennuyées qu’elles pussent être, ce sourire
qui les suivait les ranimait comme un rayon de soleil.
</p><p>« Si maman nous montrait le poing au lieu de nous
envoyer un baiser, ce ne serait que ce que nous méritons ;
on n’a jamais vu de petites bêtes aussi ingrates que
nous ! s’écria Jo, qui, pleine de remords, tâchait de
s’arranger du chemin bourbeux et du vent glacial.
</p><p>— N’employez donc pas des expressions comme
celles-là, dit Meg, dont la voix sortait des profondeurs
du voile où elle s’était ensevelie en personne dégoûtée
à jamais des biens de ce monde.
</p><p>— J’aime les mots bons et forts qui signifient quelque
chose, répliqua Jo, en rattrapant son chapeau emporté
par le vent.
</p><p>— Donnez-vous tous les noms que vous voudrez ;
mais comme je ne suis ni un diable ni une bête, je ne
veux pas qu’on m’appelle ainsi !
</p><p>— Vous êtes décidément de trop méchante humeur
aujourd’hui, Meg, et pourquoi ? parce que vous n’êtes
pas riche comme vous le désirez ! Pauvre chère ! attendez
seulement que je m’enrichisse, et alors vous aurez à
profusion des voitures, des glaces, des bouquets, des
bottines à grands talons, et des jeunes gens à cheveux
rouges que vous vous efforcerez de ne voir que blonds,
pour vous faire danser.
</p><p>— Que vous êtes ridicule, Jo ! » répondit Meg. <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="51" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/65"></span></span>
</p><p>Mais elle se mit à rire et se sentit malgré elle de
moins maussade humeur.
</p><p>« C’est heureux pour vous que je le sois. Si je prenais
comme vous des airs malheureux et si je m’évertuais
à être désagréable, nous serions dans un joli état !
Grâce à Dieu, je trouve dans tout quelque chose de drôle
pour me remettre. Allons, ne grondez plus, revenez après
vos leçons à la maison de gentille humeur ; cela fera
plaisir à maman, » dit Jo, en donnant à sa sœur une
petite tape d’encouragement sur l’épaule.
</p><p>Et les deux sœurs se séparèrent pour toute la journée,
prenant un chemin différent, chacune tenant son petit
pâté bien chaud dans ses mains et tâchant d’être gaie
malgré le temps d’hiver, le travail peu intéressant qui
les attendait et le regret de ne pouvoir s’amuser encore.
Lorsque M. Marsch avait perdu sa fortune par la ruine
d’un ami malheureux qu’il avait aidé, Meg et Jo avaient
eu toutes les deux le bon sens de demander à leurs
parents la permission de faire quelque chose qui les mît
à même de pourvoir tout au moins à leur entretien
personnel.
</p><p>Ceux-ci, pensant qu’elles ne pourraient commencer
trop tôt à se rendre indépendantes par leur travail, leur
accordèrent ce qu’elles demandaient, et toutes deux se
mirent à travailler avec cette bonne volonté venant du
cœur qui, malgré les obstacles, réussit toujours.
Marguerite trouva à faire l’éducation de quatre
petites miss dans une famille du voisinage, et son
modeste salaire fut pour elle une richesse relative. Elle
reconnaissait volontiers qu’elle avait un peu trop gardé
le goût de l’élégance, et que son plus grand ennui était
sa pauvreté ; la gêne dans laquelle la famille vivait lui
était plus difficile à supporter qu’à ses sœurs, car, en
sa qualité d’aînée, elle se rappelait plus vivement le <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="52" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/66"></span></span>temps où leur maison était belle, leur vie facile et
agréable, et les besoins de toute sorte inconnus. Elle
s’efforçait bien de n’être ni envieuse ni mécontente,
mais elle ne pouvait se retenir de regretter les fêtes et
les jolies choses d’autrefois.
</p><p>Dans la famille Kings, où elle remplissait pendant
une partie du jour ses fonctions d’institutrice, elle
voyait chez les autres ce qu’elle ne trouvait plus chez
elle : les grandes sœurs des enfants qu’elle instruisait
allaient dans le monde, et Meg avait souvent sous les
yeux de jolies toilettes de bal, des bouquets, etc. ; elle
entendait parler de spectacles, de concerts, de parties
en traîneau et de toutes sortes d’amusements. Elle
voyait dépenser beaucoup d’argent pour des riens dont
on ne se souciait plus le lendemain et qui lui auraient
fait tant de plaisir, à elle. La pauvre Meg se plaignait
rarement ; mais une sorte de sentiment d’amertume
involontaire l’envahissait quelquefois, car elle n’avait
pas encore appris à connaître combien elle était riche
des vrais biens qui rendent la vie heureuse.
</p><p>Jo passait ses matinées près de la tante Marsch, qui
souffrait de douleurs rhumatismales.
</p><p>Lorsque la belle-sœur de M. Marsch lui avait offert
d’adopter une de ses filles et de la prendre tout à fait
avec elle, la vieille dame avait été très offensée par le
refus de son frère de se séparer si complètement d’un
de ses enfants. Des amis de M. et <abbr class="abbr" title="Madame">M<sup style="font-size:70%;">me</sup></abbr> Marsch leur
dirent dès lors qu’ils avaient perdu toute chance d’hériter jamais de la vieille dame. Ils répondirent :
</p><p>« Nous ne voudrions pas abandonner nos filles pour
une douzaine de fortunes. Riches ou pauvres, nous
resterons ensemble, et nous saurons être heureux. »
</p><p>Pendant quelque temps, la vieille dame avait refusé
de les voir ; mais, rencontrant un jour Jo chez une de <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="53" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/67"></span></span>ses amies, l’originalité de la petite fille lui plut, et elle
proposa de la prendre comme demoiselle de compagnie.
Cela n’avait rien de bien séduisant pour Jo, car tante
Marsch était passablement atrabilaire ; mais, par raison,
Jo accepta et, à la surprise générale, elle s’arrangea
remarquablement bien avec son irascible parente.
Cependant il y eut une fois une tempête, et Jo était
revenue chez elle en déclarant qu’elle ne pouvait pas
supporter cela plus longtemps. Mais tante Marsch la
redemanda si instamment que Jo ne put pas refuser,
car, au fond de son cœur, il y avait vraiment une
certaine affection pour la vieille dame, si difficile qu’elle
fût à contenter.
</p><p>Je soupçonne que l’attraction réelle de Jo était une
grande chambre toute remplie de beaux livres, qui
étaient laissés à la poussière et aux araignées depuis
la mort, de l’oncle Marsch. Jo avait conservé un bien
bon souvenir du vieux monsieur qui lui permettait de
bâtir des chemins de fer et des ponts avec ses gros
dictionnaires, lui expliquait les drôles d’images de ses
livres étrangers avec beaucoup de bonne humeur et
lui achetait des bonshommes de pain d’épice toutes
les fois qu’il la rencontrait dans la rue. La grande
chambre sombre et inhabitée, toute garnie de rayons
couverts de livres, les chaises capitonnées, les bustes
qui semblaient la regarder, et surtout l’énorme quantité
de livres que, devenue plus grande, elle pouvait lire à
son gré, tout cela faisait pour elle de la bibliothèque
un vrai paradis. Aussitôt que tante Marsch commençait à sommeiller, ou qu’elle était occupée par des
visites, Jo se précipitait dans cet endroit solitaire, et,
s’enfonçant dans un grand fauteuil, dévorait au hasard
de la poésie, de l’histoire, des voyages et quelques
romans d’aventures dont elle était très friande. Mais, <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="54" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/68"></span></span>comme tous les bonheurs, le sien ne durait pas longtemps, et, aussitôt qu’elle était arrivée au milieu de son
histoire, au plus joli vers de son chant, ou au moment
le plus dramatique du récit de son voyageur, ou au
trait le plus émouvant de la vie de son héros, une voix
perçante criait :
</p><p>« Joséphi — ne ! Joséphi — ne !!! »
</p><p>Et elle était obligée de quitter son Éden pour aller
dévider des écheveaux de laine, peigner le chien ou lire
les <i>Essais</i> de <i>Belsham,</i> ouvrage qui manquait d’intérêt
pour elle.
</p><p>L’ambition de Jo était de faire un jour quelque
chose qui fût jugé dans le monde entier comme tout
à fait splendide. Quoi ? Elle n’en avait aucune idée
et attendait que l’avenir le lui apprît ; mais, pour le
moment, sa plus grande affliction était de ne pouvoir
lire, courir et se promener autant qu’elle l’aurait voulu.
Son caractère emporté et son esprit vif et subtil
lui jouaient toujours de mauvais tours, et sa vie était
une série de hauts et de bas, à la fois comiques et
pathétiques. Toutefois l’éducation qu’elle recevait
chez la tante Marsch, quoiqu’elle lui fût peu agréable,
était justement peut-être celle qu’il lui fallait, et,
d’ailleurs, la pensée qu’elle faisait quelque chose
d’utile à sa famille la rendait heureuse, malgré le
perpétuel « <i>José — phi — ne !</i> »
</p><p>Beth était trop timide pour aller en pension ; on avait
essayé de l’y envoyer, mais elle avait tant souffert qu’on
lui avait permis de n’y pas retourner. Son père lui donna
alors des leçons. C’était pour elle le meilleur des maîtres ; mais, lorsqu’il partit pour l’armée, sa mère étant
obligée de donner une partie de son temps à la société
de secours pour les blessés, Beth avait dû souvent travailler seule. Fidèle aux habitudes que lui avait fait <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="55" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/69"></span></span>prendre son père, l’aimable et sage enfant s’en acquittait
de son mieux. C’était en outre une vraie petite femme
de ménage, et, sans demander d’autre récompense que
d’être aimée, elle aidait, la vieille Hannah à tenir la
maison en ordre. Elle passait de grandes journées toute
seule ; mais elle ne se trouvait pas solitaire, car elle
s’était créé un monde très à son gré et ne restait jamais
inoccupée.
</p><p>Elle avait tous les matins six poupées à lever et à
habiller. Elle avait gardé ses goûts d’enfant et aimait
toujours ses poupées, quoiqu’elle n’en eût pas une seule
de jolie ou d’entière. C’était, à vrai dire, un stock,
recueilli par elle, des vieilles poupées abandonnées par
ses sœurs ; mais, pour cette même raison, Beth les aimait
encore plus tendrement, et elle avait, de fait, fondé
un hôpital pour les poupées infirmes. Jamais elle ne
leur enfonçait des épingles dans le corps, jamais elle
ne leur donnait de coups, ou ne leur disait de paroles
désagréables ; elle n’en négligeait aucune et les habillait,
les caressait, les soignait avec une sollicitude qui ne se
démentait jamais. Sa favorite était une vieille poupée
qui, ayant appartenu à Jo, avait un grand trou dans la
tête et ne possédait plus ni bras ni jambes ; Beth, qui
l’avait adoptée, cachait tout cela en l’enveloppant dans
une couverture et en lui mettant un joli petit bonnet.
</p><p>Si on avait su toute l’affection qu’elle portait à cette
poupée, on en aurait été touché : elle lui apportait des
bouquets, lui lisait des histoires, la menait promener
en la cachant sous son manteau pour lui éviter des
rhumes, auxquels son trou à la tête l’exposait plus
qu’une autre, du moins elle le croyait. Elle lui chantait
des chansons et n’allait jamais se coucher sans l’embrasser et lui dire tendrement tout bas :
</p><p>« J’espère que vous dormirez bien, ma pauvre chérie. » <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="56" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/70"></span></span>
</p><p>Beth avait comme ses sœurs ses ennuis personnels,
et elle « <i>pleurait souvent quelques petites larmes,</i> »
comme disait Jo, parce qu’elle ne pouvait pas prendre
assez de leçons de musique et avoir un autre piano. Elle
aimait tant la musique, elle essayait avec tant d’ardeur
de l’apprendre seule, elle étudiait si patiemment sur le
vieux piano faux, qu’on ne pouvait pas s’empêcher de
penser que quelqu’un devrait bien l’aider. Mais personne
ne le pouvait dans la maison, et personne ne la voyait
pleurer sur les touches jaunies par le temps et qui ne
voulaient pas rester justes. Elle chantait en travaillant,
comme une petite alouette, n’était jamais fatiguée pour
jouer quelque chose à sa mère ou à ses sœurs, et se
disait tous les jours :
</p><p>« Je suis sûre que, si je suis sage, j’arriverai à bien
jouer du piano. »
</p><p>Il y a dans le monde beaucoup de petites Beth timides
et tranquilles qui ont l’air de ne tenir aucune place,
qui restent dans l’ombre jusqu’à ce qu’on ait besoin
d’elles, et qui vivent si gaiement pour les autres que
personne ne voit leurs sacrifices. On les reconnaîtrait
bien vite le jour où elles disparaîtraient, laissant derrière
elles la tristesse et le vide !
</p><p>Si on avait demandé à Amy quel était le plus grand
ennui de sa vie, elle aurait immédiatement répondu :
« Mon nez ! »
</p><p>Une légende s’était faite à ce propos dans la famille.
Jo avait laissé tomber sa sœur quand elle était toute
petite, et Amy affirmait toujours que c’était cette chute
qui avait abîmé son nez. Il n’était cependant ni gros,
ni rouge, ce pauvre nez, mais seulement un peu, un tout
petit peu plat du bout. Amy avait beau le pincer pour
l’allonger, elle ne pouvait lui donner une tournure, une
cambrure suffisamment aristocratique à son gré.  <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="57" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/71"></span></span>Personne, si ce n’est elle, n’y faisait attention ; telle qu’elle
était, elle était très gentille ; mais elle sentait profondément le besoin d’un nez aquilin, et en dessinait des
pages entières pour se consoler.
</p><p>La <i>petite Raphaël</i>, comme rappelaient ses sœurs,
avait de très grandes dispositions pour le dessin ; elle
n’était jamais plus heureuse que lorsqu’elle dessinait
des fleurs ou illustrait ses livres d’histoire, et ses
maîtres se plaignaient continuellement de ce qu’elle
couvrait son ardoise d’animaux, au lieu de faire ses
multiplications et ses divisions. Les pages blanches de
son atlas étaient remplies de mappemondes de son
invention, et les compositions à la plume ou au crayon,
parfois même les caricatures les plus grotesques sortaient
à tous moments des ouvrages qu’elle venait de lire.
Elle se tirait cependant assez bien de ses devoirs et,
grâce à une conduite exemplaire, échappait toujours
aux réprimandes. Ses compagnes l’aimaient beaucoup,
parce qu’elle, avait un bon caractère et possédait l’heureux
art de plaire sans effort ; elles admiraient ses petits airs,
ses grâces enfantines et ses talents qui consistaient,
outre son dessin, à savoir faire du crochet, jouer quelques
petits morceaux de musique, et lire du français sans
prononcer mal plus des deux tiers des mots. Elle avait
une manière plaintive de dire : « Quand papa était riche,
nous faisions comme ci et comme ça », qui était très
touchante, et les petites filles trouvaient ses grands mots
« <i>parfaitement élégants</i> ».
</p><p>Amy était en bon chemin d’être gâtée par tout le
monde ; ses petites vanités et son égoïsme croissaient à
vue d’œil.
</p><p>Les deux aînées s’aimaient beaucoup ; mais chacune
d’elles avait pris une des plus jeunes sous sa protection,
était sa « petite mère » et la soignait comme autrefois <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="58" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/72"></span></span>ses poupées. Meg était la confidente et la monitrice
d’Amy, et, par quelque étrange attraction des contrastes, Jo était celle de la gentille Beth ; c’était à Jo
seule que la timide enfant disait ses pensées, et Beth
avait, sans le savoir, plus d’influence sur sa grande
sœur étourdie que tout le reste de la famille.
</p><p>Le soir venu de cette journée assez mal commencée,
Meg se mit à dire en commençant à coudre :
</p><p>« L’une de nous a-t-elle quelque chose d’amusant à
nous raconter ? Ma journée a été si désagréable que je
meurs réellement d’envie de m’amuser.
</p><p>— Je vais vous raconter ce qui m’est arrivé
aujourd’hui avec tante Marsch, commença Jo qui
aimait à raconter des histoires : je lui lisais son éternel
Belsham en allant le plus lentement que je pouvais,
dans l’espoir de l’endormir plus tôt et de pouvoir
ensuite choisir un joli livre et en lire le plus possible
jusqu’à ce qu’elle se fût réveillée ; mais cela m’ennuyait
tellement qu’avant qu’elle eût commencé à s’endormir,
il m’arriva par malheur de bâiller de toutes mes
forces. Il s’ensuivit qu’elle me demanda ce que j’avais
donc à ouvrir tellement la bouche qu’on aurait pu y
mettre le livre tout entier.
</p><p>« — Je voudrais bien qu’il pût s’y engouffrer en
effet ; il n’en serait plus question, » lui répondis-je en
essayant de ne pas être trop impertinente.
</p><p>« Tante me fit alors un long sermon sur mes péchés
et me dit de rester tranquille et de penser à m’en corriger,
pendant qu’elle « <i>se recueillerait un moment</i> ».
Comme ordinairement ses méditations sont longues, aussitôt que je vis sa tête se pencher comme un dahlia, je tirai de ma poche le <i><a href="/wiki/Le_Vicaire_de_Wakefield" title="Le Vicaire de Wakefield">Vicaire de Wakefield</a>,</i> et me mis à lire, en ayant un œil sur mon livre et l’autre sur ma tante endormie. J’en étais juste au moment où ils <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="59" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/73"></span></span>tombent dans l’eau, quand je m’oubliai et me mis à
rire tout haut, ce qui l’éveilla. Elle était de meilleure
humeur après un petit somme et me dit de lui lire
quelque chose du livre que je tenais, afin qu’elle pût
voir quel ouvrage frivole je préférais au digne et
instructif Belsham. J’obéis, et je vis bien que cela
l’amusait, car elle me dit : « — Je ne comprends pas
tout à fait ; reprenez au commencement, enfant.
</p><p>« Je recommençai donc mon histoire, m’efforçant de
très bien lire pour rendre les Primrose aussi intéressants que possible. Mais je fus alors assez méchante
pour m’interrompre au plus beau moment et dire avec
douceur à ma tante :
</p><p>« — Je crains que cela ne vous ennuie, ma tante ;
ne dois-je pas m’arrêter maintenant ? »
</p><p>Elle ramassa son tricot qui était tombé sur ses
genoux, me regarda de travers et me dit d’un ton
revêche :
</p><p>« — Finissez le chapitre et ne soyez pas impertinente. »
</p><p>— A-t-elle avoué que cela l’amusait ? demanda Meg.
</p><p>— Oh ! non, mais elle a laissé dormir Belsham, et
lorsque je suis allée chercher mes gants cette après-midi, je l’ai vue qui lisait si attentivement le <i><a href="/wiki/Le_Vicaire_de_Wakefield" title="Le Vicaire de Wakefield">Vicaire</a></i>,
qu’elle ne m’a pas entendue rire et sauter de joie en
pensant au bon temps que j’allais avoir. Qu’elle serait
heureuse, tante, si elle voulait ! Mais je ne l’envie pas
beaucoup malgré sa richesse, et j’en reviens toujours là :
les riches ont, après tout, autant d’ennuis que les
pauvres.
</p><p>— Cela me rappelle, dit Meg, que, moi aussi, j’ai
quelque chose à raconter. J’ai trouvé aujourd’hui toute
la famille Kings en émoi : l’un des enfants m’a dit que
leur frère aîné avait fait quelque chose de si mal que <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="60" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/74"></span></span>M. Kings l’avait chassé. J’ai entendu <abbr class="abbr" title="Madame">M<sup style="font-size:70%;">me</sup></abbr> Kings qui
pleurait et son mari qui parlait très fort, et Grâce et
Ellen se sont détournées en passant près de moi, afin
que je ne visse pas leurs yeux rouges. Je n’ai naturellement fait aucune question ; mais j’étais très peinée pour
elles, et, pendant tout le temps que je suis revenue, je
me disais que j’étais bien contente que nous n’eussions
pas de frères qui fissent de vilaines choses.
</p><p>— C’est encore bien plus terrible d’être déshonorée
dans sa pension, dit Amy en secouant la tête comme
si elle avait une profonde expérience de la vie. Susie
Perkins avait aujourd’hui une charmante bague de
cornaline qui me faisait envie, et j’aurais bien voulu être
à sa place. Mais n’a-t-elle pas eu l’idée de faire le portrait de M. David avec un nez monstrueux, une bosse
et les mots : « Mesdemoiselles, je vous vois », sortant
de sa bouche dans un ballon. Nous regardions en riant
quand <i>il</i> nous vit tout à coup et ordonna à Susie de lui
apporter son ardoise. Elle était à moitié paralysée par
la frayeur ; mais il lui fallut obéir tout de même, et
qu’est-ce que vous pensez qu’il a fait ? il l’a prise par
l’oreille ; par l’oreille, pensez donc comme c’est horrible !
et il l’a fait asseoir sur un grand tabouret, au milieu de
la classe. Elle y est restée pendant une demi-heure, en
tenant son ardoise de manière que toute la classe pût
la voir.
</p><p>— Et avez-vous bien ri ? demanda Jo.
</p><p>— Ri ! Personne n’a ri ! Nous étions aussi muettes que
des souris, et Susie sanglotait. Je n’enviais pas son sort
alors, car je sentais que des millions de bagues de
cornaline ne m’auraient pas rendue heureuse après cette
punition. Je ne pourrais jamais subir une si <i>agonisante</i>
<i>mortification</i>, » dit Amy.
</p><p>Sur ce, elle continua à travailler avec l’air charmé <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="61" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/75"></span></span>d’une personne intimement convaincue de sa vertu, et
qui venait en outre de se donner la satisfaction de placer
deux grands mots français dans la même phrase.
</p><p>« J’ai vu aussi quelque chose ce matin, dit Beth, qui
rangeait le panier toujours en désordre de Jo ; j’avais
l’intention de le dire à table, mais j’ai oublié. Lorsque
je suis allée chercher du poisson, <abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Laurentz était dans
la boutique avec <abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Cutter, le marchand, quand une
pauvre femme, portant, un seau et une brosse, vint
demander à <abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Cutter s’il
voulait lui faire faire quelque
nettoyage en lui donnant pour payement un peu de
poisson pour ses enfants qui n’avaient rien à manger.
<abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Cutter, qui était très occupé, dit assez rudement
« non », et la pauvre femme s’en allait tristement,
quand <abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Laurentz décrocha un gros poisson avec le
bec recourbé de sa canne et le lui tendit. Elle était
si contente et si surprise qu’elle prit le poisson dans
ses bras et s’en fit comme un plastron ; c’était en
même temps attendrissant, et risible de la voir,
ainsi cuirassée, remercier <abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Laurentz de toutes ses
forces, et lui dire qu’elle espérait que son lit serait
doux dans le paradis. Il lui mit dans la main une
pièce de monnaie pour le pain et l’ale, en la priant de
ne pas perdre son temps en remerciements, et en
l’engageant brusquement à aller vite faire cuire son
poisson, ce qu’elle fit. Comme c’était bien de la part
de <abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Laurentz !
</p><p>— Très bien, répondit tout l’auditoire, très bien !
</p><p>— Voilà en quoi j’envie les riches, dit Jo. Quand ils
ont pu faire dans leur journée une bonne petite chose
comme celle-là, ils sont plus heureux que nous.
</p><p>— Assurément, dit Beth, j’aurais voulu pouvoir être
à la place de <abbr class="abbr" title="Monsieur">M.<sup style="font-size:70%;"></sup></abbr> Laurentz dans ce moment-là. »
</p><p>Les quatre sœurs, ayant raconté chacune leur histoire, <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="62" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/76"></span></span>prièrent leur mère de leur en dire une à son tour, et celle-ci commença d’un air un peu grave :
</p><p>« Aujourd’hui, pendant que j’étais à l’ambulance,
occupée à couper des gilets de flanelle pour les soldats,
j’étais très inquiète de votre père, et je pensais combien
nous serions seules et malheureuses si quelque grand
malheur lui arrivait. J’étais très triste quand un vieillard
entra me demander des secours et s’assit près de moi.
Il avait l’air très pauvre, très fatigué et très triste, et je
lui demandai s’il avait des fils dans l’armée.
</p><p>« — Oui, madame, j’en ai eu quatre, mais deux ont
été tués ; le troisième a été fait prisonnier, et je suis en
route pour aller trouver le dernier, qui est dans un des
hôpitaux de Washington, me répondit-il.
</p><p>« — Vous avez beaucoup fait pour votre pays, monsieur, lui dis-je, ma pitié s’étant changée en respect.
</p><p>« — Pas plus que je ne le devais, madame ; je serais
parti moi-même si j’en avais eu la force ; mais, comme
je ne le peux pas, je donne mes enfants, et je les donne
de tout cœur au rétablissement de la paix et à l’union. »
</p><p>« Il parlait avec tant de résignation que je fus honteuse de moi-même, qui croyais avoir tant fait en laissant
partir mon mari, alors que j’avais gardé tous mes enfants
pour me consoler. Je me suis trouvée, à côté de ce
vieillard, si riche et si heureuse, que je l’ai remercié de
tout mon cœur de la leçon qu’il m’avait donnée sans le
savoir.
</p><p>« J’ai pu, grâce à Dieu, lui faire donner par l’association de l’argent, et un bon paquet de provisions pour
son voyage.
</p><p>— Si nous avions été des garçons, dit Beth tout
doucement, mère ne nous aurait pas gardées.
</p><p>— Et elle aurait bien fait, répliqua Meg : « La patrie avant tout ! » <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="63" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/77"></span></span>
</p><p>— Racontez-nous encore une autre histoire, mère,
dit Jo, après un silence de quelques minutes, une qui
ait une morale comme celle-ci. J’aime beaucoup à me
les rappeler quand elles sont vraies et qu’elles ne sont
pas cachées dans un trop grand sermon. »
</p><p><abbr class="abbr" title="Madame">M<sup style="font-size:70%;">me</sup></abbr> Marsch sourit et commença immédiatement :
</p><p>« Il y avait une fois quatre petites filles qui avaient
tous les jours ce qu’il leur fallait en fait de nourriture,
de vêtements, et encore bien des choses utiles et
agréables, de bons parents et des amis qui les aimaient
tendrement. Cependant elles n’étaient pas toujours contentes.
(Ici les quatre sœurs se jetèrent quelques
regards furtifs et continuèrent à coudre très vite.) Ces
petites filles désiraient être sages et prenaient beaucoup
d’excellentes résolutions, mais elles ne les tenaient pas
toujours très bien. Il leur arrivait souvent de dire :
« Si nous avions seulement ceci ! » ou bien : « Si nous
pouvions seulement faire cela ! » et elles oubliaient alors
complètement combien de bonnes choses elles avaient
qui, trop souvent, manquent à d’autres, et combien
de moments agréables elles pouvaient encore se donner.
Elles demandèrent à une vieille femme de leur faire
cadeau d’un talisman pour les rendre heureuses, et
celle-ci leur dit : « Quand un jour vous ne serez pas
contentes, comptez tous vos bonheurs, soit de la
veille, soit des jours déjà passés, pensez à tous ceux
que l’avenir vous promet encore, et soyez reconnaissantes. » (Ici Jo leva virement la tête comme si
elle voulait parler, mais elle se tut, en voyant que l’histoire n’était pas terminée.)
</p><p>« Elles essayèrent de mettre l’avis à profit, et furent
bientôt surprises de voir combien elles étaient mieux
partagées que beaucoup d’autres. L’une découvrit que
l’argent n’empêchait pas la honte et la douleur d’entrer <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="64" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/78"></span></span>dans la maison de certains riches ; l’autre, que, quoiqu’elle fut pauvre, elle était bien plus heureuse avec sa
jeunesse, sa santé et sa gaieté qu’une certaine vieille
dame toujours malade, et par suite toujours impatiente,
qu’elle voyait souvent ; la troisième s’avoua que, bien
que ce soit peu agréable d’aller gagner son dîner, c’eût
été encore bien plus dur de le mendier ; et la quatrième
se rendit compte que le plaisir d’avoir une jolie bague
de cornaline ne valait pas le témoignage qu’on peut se
rendre quand on s’est très bien conduite. Elles prirent
donc la résolution de cesser de se plaindre, de jouir des
bonheurs qu’elles avaient déjà, et d’essayer de les mériter
toujours, de peur qu’ils ne leur fussent enlevés. Je crois,
mes chères petites, qu’elles ne furent jamais désappointées ou fâchées d’avoir suivi le conseil de la vieille femme.
</p><p>— Ce n’est pas très bien, chère maman, de retourner
nos paroles contre nous et de nous faire un sermon au
lieu de nous raconter une histoire, s’écria Meg.
</p><p>— J’aime cette espèce de sermon, dit Beth pensivement ; c’est comme ceux que père nous faisait.
</p><p>— Je crois que je ne me plaignais pas tant que les
autres, mais j’y ferai plus attention maintenant, dit
Amy, car Susie m’a donné une leçon.
</p><p>— Nous avions besoin de votre leçon, maman, et nous
ne l’oublierons pas ; mais si nous l’oublions, vous n’avez
qu’à nous dire ce que la vieille Chloé disait dans la
<i>Case de l’oncle Tom</i> : « Vous devoir penser à vos
« bonheurs, enfants ! Vous devoir penser à vos bonheurs ! » dit Jo, qui avait fait aussi son profit du petit
sermon. 
</p>
<a href=" https://fr.wikisource.org/" >Source: Wikisource</a>
</div><div id="JosPovFr"></div>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7468711565745452342.post-24802584233167972142021-12-08T14:30:00.002-08:002021-12-08T14:30:15.908-08:00 Chapitre 3 Les Quatre Filles du docteur Marsch Louisa May Alcott - Livres txt pdf et Audio<div id="SusPovFr"></div><div class="HistFr">
<h3> CHAPITRE III - LE PETIT LAURENTZ</h3>
<p>« Jo ! Jo ! où êtes-vous ? criait Meg au bas de l’escalier qui montait au grenier.
</p><p>— Ici, » répondit une voix, tout en haut.
</p><p>Et Meg, grimpant l’escalier, trouva sa sœur occupée
à croquer une pomme, tout en pleurant sur un livre
qu’elle lisait. Elle était enveloppée dans sa pèlerine et
étendue au soleil, près de la fenêtre, sur un vieux sofa
veuf d’un de ses pieds. C’était là le refuge favori de Jo,
là qu’elle aimait à se retirer avec ses livres favoris,
pour jouir pleinement de sa lecture, et de quelques
biscuits qu’elle partageait avec un ami fort singulier,
qu’elle était parvenue à apprivoiser et qui vivait
volontiers dans sa compagnie. Il n’avait aucunement
peur d’elle, et tournait, tant qu’elle était là, autour du
canapé avec une familiarité sans exemple dans un rat,
car, oui vraiment, c’était bien un rat. À la vue du
singulier ami de sa sœur, Meg s’arrêta tout interdite ;
mais à la vue de Meg, Raton, c’était le nom du petit
animal, Raton s’enfuit dans son trou, et Meg reprit
courage. Jo essuya ses larmes et mit son livre de côté.
</p><p>« Quel plaisir, Jo ! Lui dit Meg, voyez ! une invitation
en règle de <abbr class="abbr" title="Madame">M<sup style="font-size:70%;">me</sup></abbr> Gardiner pour demain soir. Et lui <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="31" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/45"></span></span>montrant le précieux papier, elle le lui lut avec un
plaisir que les jeunes filles qui ont de rares occasions
de plaisir comprendront sans effort :
</p><p>« <i>Madame Gardiner prie miss Marsh et miss Joséphine d’assister « à la soirée dansante qu’elle donnera la veille du jour de l’an</i>. »
</p><p>« Maman veut bien que nous y allions, Jo ! Mais
quelles robes allons-nous mettre ?
</p><p>— À quoi bon le demander ? Vous savez bien que
nous mettrons nos robes de popeline, puisque nous
n’en avons pas d’autre, répondit Jo, achevant à elle
toute seule la provision de biscuit, à laquelle, par son
brusque départ, Raton avait perdu tous ses droits.
</p><p>— Si j’avais seulement une robe de soie ! Maman a
dit que j’en aurai peut-être une quand j’aurai dix-huit
ans, mais trois ans d’attente c’est une éternité !
</p><p>— Nos robes ont tout à fait l’air d’être de soie, et
elles sont bien assez jolies pour nous. La vôtre est
aussi belle que si elle était neuve, mais la mienne
est brûlée et déchirée. Qu’est-ce que je vais faire ?
La brûlure se voit horriblement, et je ne peux pas
l’enlever.
</p><p>— Vous resterez aussi immobile que possible ;
comme le devant est bien, tout ira, si vous ne vous
montrez pas de dos. Moi, j’aurai un ruban neuf dans les
cheveux, maman me prêtera sa petite broche qui a une
perle fine ; mes nouveaux souliers de bal sont charmants,
et mes gants peuvent aller, quoiqu’ils ne soient pas
aussi frais que je le voudrais.
</p><p>— Les miens ont des taches de limonade, et je ne
peux pas en avoir de neufs. J’irai sans gants ! dit Jo, qui
ne se tourmentait jamais beaucoup pour des questions
de toilette.
</p><p>— Il <i>faut</i> que vous ayez des gants, ou bien je n’irai <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="32" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/46"></span></span>pas ! s’écria Meg d’un ton décidé. Les gants sont plus
importants que tout le reste ; vous ne pouvez pas
danser sans gants, et si vous ne dansiez pas, je serais
<i>si</i> fâchée !
</p><p>— Mais, Meg, si je ne dois pas montrer mon dos, je
ne puis pas bouger, et par conséquent je ne puis ni
valser ni même danser ; mais ne vous en inquiétez
pas, je n’y tiens pas du tout. Ce n’est déjà pas si
amusant de tourner en mesure dans une chambre ;
j’aime mieux courir et sauter.
</p><p>— Vous ne pouvez pas demander des gants neufs à
maman, c’est trop cher, et vous êtes si peu soigneuse !…
Notre mère a été obligée de vous dire, quand vous
avez sali les autres, qu’elle ne vous en donnerait pas
de nouveaux de tout l’hiver ; mais ne pourriez-vous
trouver un moyen de rendre les vôtres possibles ?
</p><p>— Je peux fermer les mains de manière à ce que
personne ne voie qu’ils sont tachés en dedans ; c’est
tout ce que je peux faire ! Cependant il y a peut-être
un moyen ; je vais vous dire comment nous pouvons
nous arranger : mettons chacune un gant propre et
un gant sale.
</p><p>— Vos mains sont plus grandes que les miennes, Jo,
cela est sûr ; vous déchireriez mon gant sans utilité,
repartit Meg, qui avait un faible pour les jolis gants.
</p><p>— Alors, c’est décidé, j’irai sans gants ; je m’inquiète
fort peu de ce que l’on dira, répondit Jo en reprenant
son livre.
</p><p>— Vous l’aurez, mon gant, vous l’aurez ! s’écria Meg ;
seulement, je vous en prie, ne le tachez pas et conduisez-vous convenablement. Ne mettez pas vos mains derrière
votre dos comme un général, ne regardez pas fixement
les gens.
</p><p>— Ne m’ennuyez pas avec tant de  <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="33" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/47"></span></span>recommandations ; je serai aussi raide qu’une barre de fer et je ne
ferai pas de bêtises, si je peux ! Maintenant allez
répondre à votre billet, et laissez-moi finir cette splendide
histoire. »
</p>
<div class="VidFr"><iframe src="https://www.youtube.com/embed/Xcy_UURBK8M?autoplay=1&rel=0" frameborder="2" ></iframe></div>
<p>Meg descendit « accepter avec beaucoup de
remerciements », examiner sa robe et chanter comme un
oiseau en arrangeant son unique col de dentelle, tandis
que Jo finissait son histoire et ses pommes et jouait à
cache-cache avec M. Raton, qui avait reparu.
</p><p>La veille du jour de l’an, la chambre qui était le
parloir de la maison était déserte. Beth et Amy
s’amusaient à tout ranger, et leurs sœurs étaient absorbées
par l’importante affaire de s’apprêter pour la soirée.
Quoique leurs toilettes fussent très simples, il y eut
beaucoup d’allées et venues, de rires et de paroles, et
à un certain moment une forte odeur de brûlé emplit
la maison ; Meg ayant désiré avoir quelques frisures,
Jo s’était chargée de passer ses papillotes au feu.
</p><p>« Est-ce que cela doit fumer comme cela ? demanda
Beth.
</p><p>— C’est l’humidité qui sèche, répondit Jo.
</p><p>— Quelle drôle d’odeur ! On dirait des plumes
brûlées, ajouta Amy en roulant ses jolies boucles blondes
autour de son doigt, d’un air de supériorité.
</p><p>— Là ! maintenant je vais ôter les papiers et vous
verrez un nuage de petites frisures, » dit Jo, mettant
les pinces de côté.
</p><p>Elle enleva le papier, mais aucun nuage n’apparut ;
les cheveux venaient avec le papier, et la coiffeuse posa
avec stupéfaction sur le bureau, à côté de sa victime,
plusieurs petits paquets à moitié brûlés.
</p><p>« Qu’avez-vous fait ? Je suis tout abîmée. Je ne peux
plus aller au bal maintenant ! Oh ! mes cheveux, mes
pauvres cheveux ! gémit Meg en regardant avec  <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="34" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/48"></span></span>désespoir les petites boucles inégales qui tombaient sur son
front.
</p><p>— Toujours mon bonheur habituel. Aussi vous
n’auriez pas dû me demander de le faire, je fais tout
mal. Je suis on ne peut plus fâchée : le fer était trop
chaud, murmura la pauvre Jo, en pleurant de regret.
</p><p>— Mettez votre ruban de manière à ce que le petit
bout des frisures revienne sur votre front, dit Amy pour
consoler Meg, vous serez tout à fait à la dernière mode.
</p><p>— Je suis jolie maintenant pour avoir essayé d’être
belle ! Je voudrais bien ne pas avoir pensé à mes cheveux ! cria Meg avec impatience.
</p><p>— Cela aurait mieux valu : ils étaient si doux et si
jolis ! Mais ils repousseront bientôt, » dit Beth en
venant, embrasser et consoler la parure brûlée.
</p><p>Après plusieurs autres malheurs moins grands, Meg
fut enfin habillée. Et, avec l’aide de toute sa famille, Jo
arriva aussi à être coiffée et habillée. Elles étaient très
bien dans leur simplicité. Meg avait sa robe de popeline
gris argent, une ceinture de soie bleue, un col et des
manches de dentelle, et la fameuse perle fine. Jo avait
mis sa robe de popeline noisette, une collerette raide
comme en mettent quelquefois les petits garçons, et
pour seul ornement des chrysanthèmes blancs dans
ses cheveux. Elles mirent chacune un joli gant propre
et tinrent l’autre à la main, et tout le monde déclara
que c’était parfait. Les souliers à hauts talons de Meg
étaient terriblement étroits ; ils lui faisaient très mal
quoiqu’elle ne voulût pas l’avouer, et les trente-trois
épingles à cheveux de Jo lui semblaient enfoncées dans
sa tête ; « mais tant pis, dit Jo, pour une fois soyons
élégantes ou mourons. »
</p><p><abbr class="abbr" title="Madame">M<sup style="font-size:70%;">me</sup></abbr> Marsch, mal portante, ne pouvait les accompagner ;
mais elle les avait dans la journée  <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="35" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/49"></span></span>recommandées aux soins d’une de ses amies, qu’elles
devaient retrouver au bal.
</p><p>« Amusez-vous bien, chéries, leur dit <abbr class="abbr" title="Madame">M<sup style="font-size:70%;">me</sup></abbr> Marsch,
au moment enfin arrivé du départ, et revenez à onze
heures, aussitôt que Hannah ira vous chercher. »
</p><p>La porte se refermait à peine sur les deux sœurs,
qu’on leur cria par la fenêtre :
</p><p>« Enfants ! enfants ! avez-vous chacune un mouchoir
de poche brodé ?
</p><p>— Oui, oui ! de très jolis, et Meg a de l’eau de
Cologne sur le sien ! cria Jo. Et elle ajouta en riant,
pendant qu’elles allaient chez <abbr class="abbr" title="Madame">M<sup style="font-size:70%;">me</sup></abbr> Gardiner : Je crois
que si nous avions à nous sauver d’un tremblement
de terre, maman penserait encore à nos mouchoirs.
Elle n’oublie rien.
</p><p>— Elle a bien raison, dit Meg, c’est aux détails
qu’on reconnaît une vraie <i>lady,</i> à la fraîcheur de ses
gants et de ses bottines et à la beauté de son mouchoir
de poche, répondit Meg, qui avait beaucoup de petits
goûts aristocratiques.
</p><p>Enfin elles arrivèrent et, après être restées un
certain temps devant la glace du cabinet de toilette de
<abbr class="abbr" title="Madame">M<sup style="font-size:70%;">me</sup></abbr> Gardiner, Jo demanda, à sa sœur :
</p><p>« Ma ceinture est-elle droite ? et mes cheveux sont-ils
à peu près à leur place ?
</p><p>— Oui, oui, mais n’oubliez pas de bien dissimuler
la brûlure de votre robe, lui répondit Meg.
</p><p>— Je suis sûre d’oublier. Si vous me voyez faire
quelque chose de mal, mouchez-vous bien fort, je comprendrai,
répliqua Jo en remettant sa collerette droite
et donnant un dernier regard à sa coiffure.
</p><p>— Vous n’y pensez pas, Jo ; ce ne serait pas du
tout distingué. Si vous faites quelque chose de mal, je
froncerai les sourcils, et, si c’est bien, je ferai un signe <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="36" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/50"></span></span>de tête. Surtout tenez-vous droite, faites de petits pas
et ne donnez pas de poignées de main si l’on vous
présente à des inconnus, cela ne serait pas convenable.
</p><p>— Comment faites-vous pour savoir tout ce qui est
convenable ? Moi je n’ai jamais pu l’apprendre. Ne
trouvez-vous pas que cette musique est gaie ? » dit
Jo en descendant.
</p><p>Les deux sœurs allaient rarement dans le monde ;
aussi, quelque peu cérémonieuse que fût la réunion,
c’était pour elles un grand événement qui leur inspirait
une certaine timidité. Elles furent reçues très cordialement
par <abbr class="abbr" title="Madame">M<sup style="font-size:70%;">me</sup></abbr> Gardiner, une belle vieille dame qui
les conduisit vers Sallie, une de ses filles. Meg, qui la
connaissait, fut bientôt à son aise ; mais Jo, qui se
souciait peu des petites filles et de leur bavardage,
resta seule, le dos soigneusement appuyé contre le
mur, se sentant aussi dépaysée dans ce salon qu’un
petit poulain dans une serre remplie de fleurs.
</p><p>Dans un coin de la chambre, plusieurs jeunes garçons
parlaient gaiement de traîneaux et de patins, et
Jo, qui aimait passionnément à patiner, aurait bien
voulu aller les rejoindre ; mais Meg, à qui elle télégraphia
son désir, fronça les sourcils d’une manière
si alarmante qu’elle n’osa pas bouger. Les jeunes gens
s’en allèrent un à un ; personne ne lui parla, et elle
fut laissée seule, n’ayant pour toute ressource que la
possibilité de regarder autour d’elle, puisque, grâce à
sa robe brûlée, elle ne pouvait changer de place.
Cependant on commençait à danser ; Meg fut tout de
suite invitée, et les petites bottines trop étroites glissaient si légèrement sur le parquet, que personne
n’aurait pu deviner quelles souffrances endurait leur
propriétaire. Jo, voyant un gros jeune homme à cheveux
rouges s’approcher d’elle, craignit que ce ne fût <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="37" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/51"></span></span>pour l’inviter et se glissa dans l’embrasure assez profonde
d’une fenêtre. Elle se cacha derrière les rideaux
avec l’intention de tout regarder de là sans être vue.
Le poste était bien choisi pour s’amuser en paix du
bruit des autres. Malheureusement, une autre personne timide avait déjà choisi le même refuge, et elle se
trouva face à face avec le « jeune Laurentz ».
</p><p>« Mon Dieu ! je ne savais pas qu’il y eût quelqu’un
dans cette cachette, » balbutia Jo, se préparant à s’en
aller aussi vite qu’elle était venue.
</p><p>Mais le jeune garçon se mit à rire et dit aimablement,
quoiqu’il eût l’air un peu effrayé :
</p><p>« Ne faites pas du tout attention à moi, mademoiselle,
et restez si cela vous fait plaisir.
</p><p>— Je ne vous gênerai pas ?
</p><p>— Pas le moins du monde. J’étais venu derrière ce
rideau parce que, ne connaissant presque personne
ici, je m’y sentais un peu dépaysé dans le premier
moment. Vous savez, dit-il en se levant, on éprouve
toujours un peu d’embarras.
</p><p>— C’est pour la même raison que je m’y réfugiais.
Ne partez pas, je vous en prie, à moins que vous n’en
ayez envie. »
</p><p>Le jeune garçon offrit une chaise à Jo, puis se rassit.
Cela fait, il regarda ses bottes jusqu’à ce que Jo,
essayant d’être polie et aimable, lui dît :
</p><p>« Je crois que j’ai déjà eu le plaisir de vous voir.
Vous habitez tout près de chez nous, n’est-ce pas ?
</p><p>— Oui, dans la maison à côté. »
</p><p>Et, levant les yeux vers Jo, il se mit à rire, car l’air
cérémonieux de la petite demoiselle contrastait d’une
manière fort drôle avec la conversation qu’ils avaient
eue ensemble, lorsqu’il avait rapporté le chat à son propriétaire. <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="38" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/52"></span></span>
</p><p>Jo se mit aussi à rire et dit, de son air habituel :
</p><p>« Votre cadeau de Noël nous a fait bien plaisir.
</p><p>— C’est grand-père qui vous l’a envoyé.
</p><p>— Oui, mais c’est vous qui lui en avez donné l’idée,
n’est-ce pas ?
</p><p>— Comment se porte votre chat, miss Marsch ?
demanda le petit Laurie, essayant de prendre un air
sérieux, mais ne parvenant pas cependant à cacher la
gaieté qui faisait briller ses grands yeux noirs.
</p><p>— Très bien, je vous remercie, monsieur Laurentz.
Mais je ne suis pas miss Marsch, je suis seulement Jo.
</p><p>— Je ne suis pas M. Laurentz, je suis seulement
Laurie.
</p><p>— Laurie Laurentz ! Quel drôle de nom !
</p><p>— Mon nom de baptême est Théodore, mais il ne
me plaît pas. On a fini par m’appeler Laurie, et j’aime
mieux cela.
</p><p>— Moi aussi je déteste mon nom, il conviendrait à
une personne très douée et très posée, et je ne suis ni
l’une ni l’autre. Je voudrais que tout le monde dît Jo, au
lieu de Joséphine. Comment avez-vous fait pour obtenir
de vos camarades de vous appeler Laurie ?
</p><p>— Je me suis fâché, je me suis battu avec le plus
grand qui s’y refusait, et tout a très bien marché après.
</p><p>— Je ne peux pas me battre avec tante Marsch ; ainsi
je suppose que je dois me résigner, murmura Jo avec
un soupir.
</p><p>— N’aimez vous pas la danse, miss Jo ? demanda
Laurie, en ayant l’air de penser que le nom lui allait bien.
</p><p>— Si, assez, lorsqu’il y a beaucoup de place et
que tout le monde est gai ; mais, dans un petit salon
comme celui-ci, ou je suis sûre de tout renverser, de
marcher sur les pieds des autres, ou de faire quelque <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="39" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/53"></span></span>chose de terrible, je mets la danse de côté et je laisse
Meg faire la belle pour nous deux. Mais vous dansez,
vous ?
</p><p>— Quelquefois. Cependant, comme je suis resté
quelque temps en Europe et que je ne suis pas ici
depuis longtemps, j’ai peur de ne pas connaître vos
danses.
</p><p>— En Europe ! Oh ! racontez-m’en quelque chose.
J’aime beaucoup les récits de voyages. »
</p><p>Laurie n’avait pas l’air de savoir par où commencer ;
mais, Jo faisant beaucoup de questions, il lui
raconta comme quoi il avait été en pension à Vevey,
en Suisse, un endroit où les petits garçons portent
des képis au lieu de chapeaux, ont des bateaux sur
le lac de Genève, et, pendant les vacances, vont faire
des excursions avec leurs maîtres sur les glaciers.
</p><p>— Oh ! que je voudrais avoir été dans cette pension-là ! s’écria Jo. Êtes-vous allé à Paris ?
</p><p>— Nous y avons passé l’hiver dernier.
</p><p>— Parlez-vous français ?
</p><p>— À Vevey, on ne nous permettait pas d’employer
une autre langue.
</p><p>— Ah ! dites-moi quelque chose en français. Je le
lis, mais je ne peux pas le prononcer.
</p><p>— <i>Quel nom a cette jeune demoiselle qui danse</i>
<i>avec ces jolies bottines ?</i> dit complaisamment Laurie.
</p><p>— Oh ! que c’est bien. Vous avez dit : « Quelle est
cette jeune fille aux jolies bottines », n’est-ce pas ?
</p><p>— <i>Oui, mademoiselle.</i>
</p><p>— C’est ma sœur Marguerite, vous le savez bien.
La trouvez-vous jolie ?
</p><p>— Oui, elle me rappelle les jeunes filles de Genève ;
elle est si fraîche et si calme, et elle danse si bien ! »
</p><p>Jo rougit de plaisir en entendant les compliments <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="40" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/54"></span></span>qu’on faisait de sa sœur, et se promit de ne pas oublier
de les lui redire. Elle était redevenue son joyeux elle-même en ne voyant personne faire attention à sa robe
ou lever les sourcils à tout propos. Aussi son air <i>gentleman</i>
mit bientôt Laurie à l’aise, et, à force de regarder,
de bavarder et de critiquer, ils furent bientôt de vieilles
connaissances. Jo aimait de plus en plus son « jeune
voisin ». Elle le regarda très attentivement plusieurs
fois afin de pouvoir le bien décrire à ses sœurs, car,
n’ayant pas de frère et très peu de cousins, les petits
garçons étaient pour elle des créatures presque inconnues.
</p><p>« Des cheveux noirs bouclés, de grands yeux noirs,
un teint brun, un nez aquilin, une jolie bouche, de jolies
mains et de petits pieds, très poli pour un garçon, et
en même temps très gai… Quel âge peut-il avoir ? »
</p><p>Elle allait le lui demander, mais s’arrêta juste à
temps, et, avec un tact qui lui était peu habituel, elle
essaya d’arriver à le savoir d’une manière plus polie.
</p><p>« Je suppose que vous irez bientôt à l’Université. Je
vous vois piocher, — non, travailler beaucoup, » dit Jo
en rougissant d’avoir laissé échapper le mot « piocher ».
</p><p>Laurie sourit et n’eut pas l’air choqué, puis répondit
en haussant les épaules :
</p><p>« Pas avant deux ou trois ans, en tout cas ; car je
n’irai certainement pas avant d’avoir dix-sept ans.
</p><p>— N’avez-vous donc que quinze ans ? demanda Jo,
qui trouvait Laurie très grand et qui lui aurait bien
donné dix-sept ans.
</p><p>— J’aurai quinze ans le mois prochain.
</p><p>— Que je voudrais donc pouvoir aller à l’Université !
Vous ne paraissez pas être de mon avis ?
</p><p>— Je la déteste. Je ne peux pas souffrir la manière
d’étudier de ce pays-ci. <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="41" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/55"></span></span>
</p><p>— Qu’est-ce que vous aimeriez ?
</p><p>— Vivre en Italie, et m’amuser comme je l’entends. »
</p><p>Jo aurait bien désiré lui demander ce que c’était que
s’amuser comme il l’entendait, mais les sourcils noirs
de son compagnon s’étaient froncés subitement d’une
manière si alarmante, qu’elle changea de sujet et dit,
en battant la mesure avec son pied :
</p><p>« Quelle jolie valse ! Pourquoi n’allez-vous pas la
danser ?
</p><p>— J’irai si vous y venez aussi, répondit-il en lui
faisant un drôle de petit salut français.
</p><p>— Je ne peux pas ; j’ai dit à Meg que je ne danserais
pas, parce que… »
</p><p>Et elle s’arrêta, ne sachant pas si elle devait continuer.
</p><p>« Parce que quoi ? demanda curieusement Laurie.
</p><p>— Vous ne le direz pas ?
</p><p>— Jamais.
</p><p>— Eh bien, vous saurez que j’ai la mauvaise habitude de ne prendre garde à rien, pas même au feu, et
de brûler souvent mes robes ; celle-ci a été brûlée
par derrière, et, quoiqu’elle ait été bien raccommodée,
cela se voit, et Meg m’a recommandé de ne pas bouger
de la soirée pour qu’on ne s’en aperçoive pas. Ah !
vous pouvez rire si vous voulez, je sais que c’est
drôle. »
</p><p>Mais Laurie ne rit pas, il baissa seulement les yeux
une minute, et l’expression de sa figure étonna Jo,
lorsqu’il lui dit très gentiment :
</p><p>« Ne faites pas attention à votre robe, je vais vous
dire ce que nous pourrions faire : il y a près d’ici un
grand vestibule dans lequel nous serons très bien pour
danser sans que personne nous regarde. D’ailleurs nous
tournerons très vite, on n’y verra rien du tout. Venez,
je vous en prie. » <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="42" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/56"></span></span>
</p><p>Jo accepta sans se faire prier davantage et suivit
son jeune cavalier dans le vestibule. Elle eut soin pourtant de passer derrière tout le monde et très près du
mur pour ne pas trahir, dès le début, le secret de sa
robe brûlée ; mais, par exemple, elle regretta beaucoup
de n’avoir pas de jolis gants lorsqu’elle vit son cavalier
en mettre une paire jaune paille d’une étonnante
fraîcheur.
</p><p>Laurie dansait bien, et Jo éprouva un grand plaisir à
danser avec lui, dans un endroit ou elle ne pouvait
« faire aucun malheur » ; il lui apprit le pas allemand,
et tous deux ne s’arrêtèrent de danser que lorsque la
musique eut complètement cessé. Ils s’assirent alors
pour se reposer sur la dernière marche de l’escalier, et
Laurie était au milieu du récit d’un festival d’étudiants
à Heidelberg, lorsque Meg fit signe à sa sœur de
venir. Jo, se rendant bien à contre-cœur à son appel,
la trouva dans une chambre à côté, étendue sur un
sofa, tenant son pied et se lamentant.
</p><p>— J’ai le pied tout enflé, les stupides talons ont tourné
et m’ont donné une entorse épouvantable. J’ai très mal
et ne puis plus me tenir debout ; je ne sais pas comment
je pourrai jamais revenir chez nous.
</p><p>— Je savais bien que vous vous feriez mal avec
vos bottines trop étroites ! Je suis très fâchée, mais je ne
vois qu’un moyen, c’est d’aller vous chercher une
voiture, ou de rester ici toute la nuit, répondit Jo,
en frottant doucement le pied endolori de sa sœur.
</p><p>— Cela coûterait beaucoup trop d’argent de prendre
une voiture, et d’ailleurs nous ne pourrions pas en
trouver. Tout le monde est venu dans des voitures
particulières et quand même il y en aurait d’autres, les
stations sont loin d’ici, et nous n’avons personne à
envoyer. <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="43" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/57"></span></span>
</p><p>— J’irai, moi, dit Jo. Ce n’est pas plus difficile
aujourd’hui qu’un autre jour.
</p><p>— Non, non, dit Meg, vous n’irez pas. Il est dix
heures passées, et il fait noir comme dans un four. Je
ne peux pas non plus rester ici ; plusieurs amies de
Sally couchent chez elle, il n’y a plus de chambre à
coucher disponible. Je vais me reposer en attendant
Hannah ; quand elle viendra, je ferai comme elle
voudra.
</p><p>— Je vais demander à Laurie. Il ira, lui, dit Jo,
enchantée de son idée.
</p><p>— Miséricorde ! ne demandez et ne dites rien à
personne ; donnez-moi seulement mes caoutchoucs et
mettez de côté ces maudites bottines, je ne peux
plus danser maintenant.
</p><p>— On va souper ; j’aime mieux rester avec vous.
</p><p>— Non, ma chère ; allez vite me chercher un peu de
café glacé, je sais qu’il y en a. Je ne peux décidément
pas bouger. »
</p><p>La chambre était solitaire.
</p><p>Meg s’étendit sur le canapé en cachant soigneusement
ses pieds sous sa robe, et Jo se mit à la recherche de
la salle à manger en faisant des bévues tout le long
de son chemin. Après être entrée dans un cabinet
noir rempli de robes et avoir brusquement ouvert une
chambre dans laquelle reposait la vieille madame
Gardiner, elle finit par trouver la salle à manger et
prit une tasse de café qu’elle renversa immédiatement
sur elle, rendant ainsi le devant de sa robe aussi peu
présentable que le dos.
</p><p>« Dieu, que je suis maladroite ! s’écria-t-elle en
frottant sa robe avec le gant de Meg et le salissant
aussi.
</p><p>— Puis-je vous aider ? » demanda une voix amie. <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="44" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/58"></span></span>
</p><p>Et Laurie vint à côté d’elle portant d’une main une
tasse à café et de l’autre une glace.
</p><p>« J’essayais de porter quelque chose à Meg qui est
très fatiguée ; quelqu’un m’a poussée et me voilà dans
un bel état ! répondit Jo en portant piteusement ses
regards de sa robe tachée à son gant couleur de café.
</p><p>— Je cherchais quelqu’un à qui donner ceci. Puis-je
le porter à votre sœur ?
</p><p>— Je le veux bien : je vais vous montrer où elle est
mais je ne vous offre pas de rien porter, je ferais encore
d’autres maladresses. »
</p><p>Jo le conduisit vers sa sœur, et Laurie, comme s’il
était habitué à servir les dames, mit une petite table
devant elles, apporta deux autres tasses de café et deux
autres glaces pour lui-même et pour Jo, et fut si
complaisant que la difficile Meg elle-même dit à Jo que
« c’était un gentil petit gentleman ». Ils s’amusèrent
beaucoup et étaient tellement occupés à tirer des papillotes et à deviner des rébus, que, lorsque Hannah vint
les chercher, Meg, oubliant son pied, se leva, mais elle
ne put retenir un cri de douleur ; elle fut obligée
de s’appuyer sur Jo pour ne pas tomber.
</p><p>« Chut ! ne dites rien, dit-elle à Laurie. Ce n’est
rien. Je me suis un peu tordu le pied, voilà tout ! »
</p><p>Et elle alla en boitant chercher son manteau.
</p><p>Hannah gronda, Meg pleura, et Jo, voyant toutes
ses idées repoussées, se décida à agir sans consulter
personne. Elle se glissa hors de la chambre et, s’adressant au premier domestique qu’elle rencontra, lui
demanda s’il pourrait lui trouver une voiture. Le
domestique qui était étranger, ne la comprit pas,
et Jo très embarrassée, en attendait un autre, quand
Laurie, qui l’avait entendue, vint lui offrir de revenir
dans la voiture de son grand-père. <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="45" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/59"></span></span>
</p><p>« Il est si tôt ! vous ne vouliez pas sans doute vous en
aller déjà, lui répondit Jo, qui paraissait cependant
soulagée d’un grand poids, mais hésitait encore à
accepter.
</p><p>— Je devais partir de très bonne heure, répliqua
Laurie. Je vous en prie, permettez-moi de vous ramener
chez vous ; c’est mon chemin, vous savez, et on vient
de dire qu’il pleut. »
</p><p>Tout étant ainsi arrangé, Jo accepta avec reconnaissance et remonta vite chercher sa sœur et sa
bonne, Hannah, qui, comme les chats, détestait la
pluie, ne fit aucune objection, et elles montèrent gaiement
dans l’élégante calèche. Laurie sauta sur le siège
sans vouloir rien entendre, afin de laisser à Meg la
possibilité d’étendre son pied, et les jeunes filles
purent, en toute liberté, parler de leur soirée :
</p><p>« Je me suis fameusement amusée ! Et vous ?
demanda Jo en s’étendant.
</p><p>— Moi aussi, jusqu’à ce que je me sois fait mal.
L’amie de Sallie, Annie Moffat, m’a fait toutes sortes
d’amitiés et m’a invitée à aller passer quelques jours
chez elle au printemps, en même temps que Sallie.
La troupe d’opéra y sera et je m’amuserai parfaitement
bien, si mère veut me laisser aller, répondit Meg,
contente à la seule pensée du plaisir qu’elle se promettait.
</p><p>— Je vous ai vue danser avec le jeune homme
aux cheveux rouges qui m’avait fait fuir. Était-il
aimable ?
</p><p>— Oh ! excessivement ! J’ai dansé avec lui une délicieuse redowa. D’abord il n’a pas les cheveux rouges, il les a blonds.
</p><p>— Il ressemblait à une sauterelle quand il a fait le
nouveau pas. Laurie et moi ne pouvions pas nous <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="46" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/60"></span></span>empêcher de rire en le regardant. Nous avez-vous
entendus ?
</p><p>— Non, mais c’était très impoli. Qu’est-ce que vous
faisiez cachés tout ce temps-là ? »
</p><p>Jo raconta ses aventures, et lorsqu’elle eut fini, on
était arrivé. Elle et Meg remercièrent beaucoup Laurie
et, après bien des « bonsoir », se glissèrent sans bruit
dans leur chambre, afin de ne réveiller personne ; mais,
au moment où elles ouvraient leur porte, deux petits
bonnets de nuit se soulevèrent, et deux voix endormies
mais empressées crièrent :
</p><p>« Racontez-nous la soirée ! Racontez-nous la soirée !
</p><p>— C’est tout à fait comme si j’étais une grande
dame, je suis rentrée chez moi en voiture, et j’ai une
femme de chambre pour me déshabiller, dit Meg,
pendant que Jo lui frictionnait le pied avec de l’arnica et
lui arrangeait les cheveux.
</p><p>— Je ne crois pas qu’il y ait beaucoup de belles
dames qui se soient autant amusées que nous ! Nos
cheveux brûlés, nos vieilles robes, nos gants dépareillés et nos bottines trop étroites qui nous donnent
des entorses quand nous sommes assez bêtes pour les
mettre, répondit Jo, n’ont rien ôté de ses agréments à
la soirée. »
</p><p>Et je pense qu’elle avait tout à fait raison. 
</p>
<a href=" https://fr.wikisource.org/" >Source: Wikisource</a>
</div><div id="JosPovFr"></div>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7468711565745452342.post-57900243955002748322021-12-08T13:49:00.000-08:002021-12-08T13:49:03.940-08:00 Chapitre 2- Les Quatre Filles du docteur Marsch Louisa May Alcott - Livres Français à lire pdf et à écouter Audio Gratuit En Ligne<div id="SusPovFr"></div><div class="HistFr">
UN JOYEUX NOËL
<p>Ce fut Jo qui s’éveilla la première le jour de Noël ;
elle n’aperçut ni bas ni souliers sur la cheminée, et,
pendant un instant, elle se sentit aussi désappointée
que lorsque, bien des années auparavant, elle avait cru
que son bon petit bas s’était envolé, parce que, surchargé
de bonbons et de jouets, il était tombé à terre.
Mais bientôt elle se rappela la promesse de sa mère, et,
glissant sa main sous son oreiller, elle découvrit un
petit livre rouge. C’était un livre où une mère très
intelligente avait rassemblé tous les conseils de sagesse,
de ceux qu’on a désignés sous le nom de <i>Morale</i>
<i>familière</i>, qui pouvaient être utiles à ses enfants. Jo
sentit que c’était là le vrai guide dont elle avait besoin.
Elle éveilla Meg en lui donnant un coup de coude, et,
lui souhaitant un joyeux Noël, l’avertit de regarder sous
son oreiller. Meg y trouva un petit livre vert, ayant
au commencement la même gravure que celui de sa
sœur, et, sur la première page de chacun des deux
livres, leur mère avait écrit de sa main quelques
mots, qui rendaient leurs cadeaux très précieux à leurs
yeux.
</p><p>Bientôt Beth et Amy s’éveillèrent et découvrirent <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="18" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/32"></span></span>aussi leurs petits livres, dont, l’un était relié en bleu et
l’autre en brun ; les premiers rayons du jour les trouvèrent
assises sur leur lit, occupées à examiner leurs
livres et à en parler.
</p><p>Marguerite avait, malgré ses petites vanités, une
nature douce et pieuse qui lui donnait une grande
influence sur ses sœurs et particulièrement sur Jo, qui
l’aimait tendrement et lui obéissait toujours, tant ses
avis étaient donnés gentiment.
</p><p>« Mesdemoiselles, leur dit-elle sérieusement, maman
désire que nous lisions ces livres, que nous les aimions
et que nous nous souvenions de nos lectures ; il faut
commencer tout de suite. Autrefois nous ne manquions
jamais à notre lecture du matin ; mais, depuis que papa
est parti et que la guerre nous occupe, nous avons négligé
beaucoup de bonnes habitudes. Nous ferez comme
vous voudrez ; mais, quant à moi, je placerai mon livre
sur la table près de mon lit, et, tous les matins, en
m’éveillant, j’en lirai un chapitre ; je sais que cela me
fera du bien pour toute la journée. »
</p><p>Puis elle ouvrit son livre neuf et se mit à lire ; Jo,
mettant son bras autour d’elle et sa joue contre la
sienne, lut aussi, et sa figure mobile prit une expression
tranquille qu’on y voyait rarement.
</p><p>« Comme Meg est bonne ! Faisons comme elle et Jo,
voulez-vous, Amy ? Je vous aiderai pour les mots
difficiles, et elles nous expliqueront ce que nous ne
comprendrons pas, murmura Beth, que les jolis
livres et les paroles de sa sœur impressionnaient
vivement.
</p><p>— Je suis bien contente que mon livre soit bleu, »
dit Amy.
</p><p>Et on n’entendit plus dans les deux chambres que le
bruit des pages lentement tournées. <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="19" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/33"></span></span>
</p><p>« Où est maman ? demanda Meg à Hannah, une demi-heure après, lorsqu’elle et Jo descendirent pour remercier leur mère.
</p><p>— Les petits Hummel, tout en larmes, sont venus ce
matin la demander, et elle est tout de suite partie pour
aller voir de quoi on pouvait avoir besoin chez eux.
Elle est presque trop bonne, votre maman ; elle donne
tout ce qu’elle a : du pain, du vin, des habits, du bois.
Il n’y a personne comme elle au monde ! »
</p><p>La vieille servante était au service de <abbr class="abbr" title="Madame">M<sup style="font-size:70%;">me</sup></abbr> Marsch
depuis la naissance de Meg, et tous dans la maison la
considéraient comme une amie plutôt que comme une
domestique.
</p><p>« Hannah, maman va bientôt revenir ; ainsi faites
vite les gâteaux, afin que tout soit prêt, dit Meg,
en rangeant dans un panier les objets destinés à
<abbr class="abbr" title="Madame">M<sup style="font-size:70%;">me</sup></abbr> Marsch. Où est donc le flacon d’eau de Cologne
d’Amy ? s’écria-t-elle en ne le voyant pas.
</p><p>— Elle l’a repris il y a deux minutes, pour y mettre
un ruban ou je ne sais quoi, répondit Jo, qui dansait
au milieu de la chambre avec les pantoufles neuves à
ses pieds, dans la louable pensée de les briser et de les
rendre plus souples pour sa mère.
</p>
<div class="VidFr"><iframe src="https://www.youtube.com/embed/Xcy_UURBK8M?autoplay=1&rel=0" frameborder="2" ></iframe></div>
<p>— Comme mes mouchoirs de poche sont jolis !
n’est-ce pas ? Hannah les a lavés et repassés, et je
les ai marqués moi-même, dit Beth, en regardant avec
satisfaction les lettres quelque peu irrégulières qui lui
avaient donné tant de peine à faire.
</p><p>— Oh ! que c’est drôle ! s’écria Jo, qui venait de
prendre un des chefs-d’œuvre de Beth ; elle a mis
<i>Mère</i> au lieu de <i>M. Marsch</i>.
</p><p>— Ce n’est donc pas bien ? J’avais pensé qu’il valait
mieux faire comme cela, parce que Meg a les mêmes
initiales, et que je ne veux pas que personne d’autre <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="20" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/34"></span></span>que maman se serve de ses mouchoirs, » dit Beth d’un
air malheureux.
</p><p>Meg lança à Jo un regard d’avertissement et sourit
à Beth, en lui disant : « C’est très bien comme cela,
ma chérie. Votre idée est très bonne, car personne ne
pourra se tromper maintenant, et je suis sûre que cela
fera beaucoup de plaisir à maman. »
</p><p>Au même moment la porte d’entrée s’ouvrit, et en
entendit des pas dans le corridor.
</p><p>« Cachez vite le panier. Voici maman ! » s’écria Jo.
</p><p>Mais c’était seulement Amy qui se dépêchait d’entrer,
et fut toute déconcertée de trouver là ses sœurs.
</p><p>« D’où venez-vous ? et que cachez-vous derrière
votre dos ? lui demanda Meg, surprise de voir que la
paresseuse Amy était déjà sortie, puisqu’elle avait son
manteau et son capuchon.
</p><p>— Ne vous moquez pas trop de moi, Jo. Je voulais
seulement changer ma trop petite bouteille d’eau de
Cologne contre une grande ; cette fois j’ai donné tout
mon argent pour l’avoir, et je vais vraiment essayer de
ne plus être égoïste. Je l’avais été hier, en pensant à
n’en acheter qu’une petite. »
</p><p>Et Amy montra le beau flacon qui avait remplacé
le premier. Elle avait l’air si humble et si sérieuse
dans son petit essai de ne penser qu’aux autres, que
Meg l’embrassa sur-le-champ et que Jo dit qu’elle était
un bijou, tandis que Beth, courant à la fenêtre, cueillit
sa plus belle rose pour orner la bouteille d’Amy.
</p><p>Un coup de sonnette leur fit vivement cacher le
panier, et les petites filles étaient à table quand leur
mère entra.
</p><p>« Un joyeux Noël ! chère maman, Beaucoup de
joyeux Noëls ! crièrent-elles en chœur. Nous vous
remercions de vos livres ; nous en avons lu chacune <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="21" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/35"></span></span>un chapitre ce matin et nous continuerons tous les
jours.
</p><p>— Je vous souhaite un joyeux Noël, moi aussi, mes
enfants ! Je suis content que vous ayez commencé
tout de suite la lecture de vos livres, et j’espère que
vous conserverez cette bonne habitude. Mais j’ai une
proposition à vous faire avant que nous nous mettions
à déjeuner. Il y a tout près d’ici une pauvre femme
qui a maintenant sept enfants. Le dernier n’a que
quelques jours, et les six autres sont couchés les uns
contre les autres dans un seul lit, afin de ne pas geler,
car ils n’ont pas de feu. Ils n’ont rien à manger, et
l’aîné des petits garçons est venu me dire ce matin
qu’ils mouraient de froid et de faim. Voulez-vous,
pour cadeau de Noël, donner votre déjeuner à cette
malheureuse famille, mes enfants ? C’est une proposition
que je vous fais, pas même une prière, encore moins
un ordre. Vous êtes libres de dire oui ou non. »
</p><p>Les quatre sœurs avaient très faim, car elles attendaient
leur mère depuis près d’une heure ; aussi furent-elles
tout d’abord silencieuses. Leur hésitation dura une
minute, mais seulement une minute, et Jo s’écria :
</p><p>« Quelle chance pour vos protégés, maman, que
vous soyez venue avant que nous avons commencé ; le
déjeuner aurait disparu !
</p><p>— Pourrai-je vous aider à porter tout cela à ces
pauvres petits enfants ? demanda Beth.
</p><p>— C’est moi qui porterai la crème et les galettes,
dit Amy, » abandonnant héroïquement ce qu’elle aimait
le mieux.
</p><p>Quant à Meg, elle couvrait les crêpes chaudes et
empilait les rôties dans une grande assiette.
</p><p>« Votre décision ne m’étonne pas, dit <abbr class="abbr" title="Madame">M<sup style="font-size:70%;">me</sup></abbr> Marsch
en souriant d’un air satisfait. Vous viendrez toutes avec <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="22" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/36"></span></span>moi, et, en revenant, nous nous contenterons de pain
et de lait pour notre déjeuner.
</p><p>— Bravo ! dit Jo, le jeûne ne sera pas complet. »
</p><p>Elles furent bientôt prêtes et partirent en procession.
La matinée n’était pas avancée ; elles prirent une rue
peu fréquentée et ne rencontrèrent personne qui eût
pu rire du drôle d’air qu’elles avaient en portant chacune des plats et des paniers.
</p><p>Elles arrivèrent bientôt dans une pauvre chambre
délabrée. Les vitres des fenêtres étaient cassées ; il n’y
avait pas de feu ; on avait couvert les lits tant bien
que mal. La mère était malade, le plus petit enfant
pleurait, et les autres, pâles et affamés, étaient pelotonnés sous une vieille couverture afin d’avoir moins
froid. Les yeux s’ouvrirent tout grands, et les lèvres
bleuies par le froid se mirent à sourire quand les
petites filles entrèrent.
</p><p>« Ah ! Seigneur, ce sont les anges qui viennent
nous visiter ! s’écria la pauvre femme en les voyant
entrer.
</p><p>— De drôles d’anges, des anges gelés, en capuchons
et en mitaines ! » murmura Jo.
</p><p>Cette observation égaya jusqu’à la malade.
</p><p>Quelques moments après, on aurait dit que de bons
esprits avaient réellement passé là. Hannah avait fait
du feu avec le bois qu’elle avait apporté, et était parvenue
à fermer au froid l’entrée de la chambre, en
collant du papier devant les carreaux cassés. <abbr class="abbr" title="Madame">M<sup style="font-size:70%;">me</sup></abbr> Marsch
avait donné du thé et du gruau à la pauvre femme, et
tout en soignant le petit enfant aussi tendrement que
s’il eût été été sien, elle consolait sa mère, lui promettant
des secours de toute sorte. Pendant ce temps-là
les quatre jeunes filles avaient fait asseoir les petits
enfants autour du feu et leur donnaient la becquée <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="23" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/37"></span></span>comme à de petits oiseaux affamés, tout en riant et
en babillant.
</p><p>« C’est bon des anges ! » disaient les petits en mangeant
et en présentant au feu leurs mains rougies par
le froid. Les quatre sœurs n’avaient jamais été appelées
des anges, et cela leur paraissait très agréable à toutes,
mais surtout à Jo, qui, dans son enfance, avait souvent
reçu le sobriquet de petit diable ; aussi, quoiqu’elles
n’eussent rien gardé pour elles d’un seul de leurs mets
favoris, je suis sûr que, lorsqu’elles partirent en laissant
la pauvre famille consolée, il n’y avait pas, dans toute
la ville, un seul enfant aussi gai qu’elles. La perspective
de se contenter de pain et de lait pour le jour de Noël
ne les attristait nullement.
</p><p>« C’est là ce qui s’appelle aimer mieux son prochain
que soi-même ! dit Meg ; je suis contente que maman
nous ait donné l’occasion d’appliquer ce beau précepte. »
</p><p>Mais déjà elles arrivaient à la maison, et personne
ne lui répondit, parce que tout le monde était de son avis.
</p><p>Pendant que <abbr class="abbr" title="Madame">M<sup style="font-size:70%;">me</sup></abbr> Marsch était occupée à chercher
des habits pour la famille Hummel, ses enfants se
hâtèrent de poser sur la table les présents qu’elles
lui destinaient. C’était bien peu de chose ; mais il y
avait beaucoup d’affection et d’abnégation dans ces
quelques petits paquets-là, et le gros bouquet de
roses rouges et de chrysanthèmes blancs qu’elle
mirent au milieu de la table, donnait à la chambre
tout entière un air de fête.
</p><p>« J’entends maman. Commencez, Beth ! Amy, ouvrez
la porte ! Vite, Meg ! s’écria Jo ; allons, trois hourrahs
pour maman ! »
</p><p>Amy ouvrit la porte ; Beth joua, en guise de marche,
un ravissant morceau de Mozart, et Meg conduisit sa <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="24" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/38"></span></span>mère à la place d’honneur. <abbr class="abbr" title="Madame">M<sup style="font-size:70%;">me</sup></abbr> Marsch fut surprise et
touchée, et des larmes brillèrent dans ses yeux lorsqu’elle
examina ses cadeaux et lut les petits billets qui
les accompagnaient. Elle mit immédiatement ses pantoufles,
versa quelques gouttes d’eau de Cologne sur un
des mouchoirs de Beth, attacha la rose à sa ceinture
et dit que ses jolis gants lui allaient parfaitement.
Puis vinrent beaucoup de baisers, de rires, avec
accompagnement de toutes ces explications qui rendent
les fêtes de famille si agréables dans le moment et si
douces à se rappeler plus tard.
</p><p>L’expédition charitable du matin et leur déjeuner
retardé leur prirent tant de temps, que le reste de la
journée fut donné aux préparatifs du drame de Jo, qui
devait être joué le soir. Elles étaient trop jeunes pour
aller au spectacle et pas assez riches pour dépenser
beaucoup d’argent à leurs amusements ; mais, comme
la nécessité est mère de l’industrie, elles pourvoyaient
elles-mêmes à tout ce qui leur manquait et y réussissaient
souvent fort bien. Ce jour-là, elles avaient, pour leur
représentation, des guitares en carton, des lampes antiques,
faites avec de vieux pots à beurre recouverts de
papier d’argent, de vieilles robes étincelantes de paillettes
d’or et des boucliers en papier imitant l’acier.
</p><p>Aucun <i>gentleman</i> n’était admis dans la troupe ; aussi
Jo, à son grand plaisir, jouait les rôles d’homme. Elle
éprouvait un plaisir immense à mettre les bottes de
peau roussâtre que lui avait données une de ses amies,
laquelle les tenait d’une dame qui connaissait un peintre
qui avait de tout dans son atelier. Ces bottes, un vieux
fleuret et un pourpoint déchiré étaient les principaux
trésors de Jo, qui ne s’en servait que dans les grandes
occasions. Le nombre des acteurs étant très limité, Meg
et Jo jouaient à la fois les rôles de plusieurs personnages, <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="25" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/39"></span></span>et elles méritaient certainement l’indulgence du public,
tant pour le travail que leur avait donné l’arrangement
du théâtre que pour la peine qu’elles prenaient de remplir trois ou quatre rôles où il fallait changer de costume
à tout instant. C’était un excellent exercice de mémoire
et un amusement innocent. Il remplissait un certain
nombre d’heures qui, sans cela, auraient été inoccupées
ou employées moins utilement.
</p><p>Le soir dont nous parlons, un public de choix, composé de plus d’une douzaine de petites filles du voisinage,
dans un état d’impatience très flatteur pour les artistes,
était assis devant le rideau d’indienne bleue et jaune qui
cachait la scène. On entendait beaucoup de chuchotements et de frôlements de robes derrière le rideau ;
tout à coup on sentit fortement la fumée, et on entendit
Amy pousser des éclats de rire nerveux ; puis succédèrent
les trois coups traditionnels. Le rideau fut tiré et le
spectacle commença.
</p><p>L’unique programme qui avait été distribué apprenait
aux spectateurs que les quelques pots de fleurs qui
étaient éparpillés sur le théâtre et la serge verte qui
couvrait le parquet représentaient une sombre forêt.
Dans le lointain, on apercevait une caverne formée par
des tréteaux, sur lesquels on avait posé une planche et
dans laquelle était un petit fourneau tout rouge, qui
faisait le plus bel effet au milieu de l’obscurité du
théâtre. Une vieille sorcière était penchée sur une
marmite noire posée sur le fourneau, et l’admiration
des spectateurs fut à son comble lorsque la sorcière
ayant levé le couvercle du pot, un nuage de vapeur
emplit la caverne.
</p><p>Il y eut un intervalle de quelques minutes pour
laisser aux spectateurs le soin de se calmer et à la
sorcière celui de tousser et même d’éternuer ; puis, <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="26" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/40"></span></span>Hugo, le scélérat de la pièce, parut enveloppé d’un
grand manteau, chaussé des fameuses bottes, et ayant
un chapeau rabattu sur les yeux, de manière à ne
presque rien laisser voir de sa figure qu’une épaisse
barbe noire.
</p><p>Meg sortit alors de la caverne. Elle avait une longue
robe rouge et noire et un manteau couvert de signes
cabalistiques ; de longs cheveux gris tombaient sur sa
figure et elle tenait à la main une baguette qui pouvait
passer pour un bâton.
</p><p>On entendit alors une douce musique, et on vit apparaître derrière la caverne une jolie jeune fée enveloppée d’un nuage de mousseline ; elle avait des ailes
de papillon, et une guirlande de roses était posée sur
ses cheveux dorés. Elle chanta, en remuant sa baguette,
un couplet dont, voici le sens, adressé à Hugo :
</p><p>« Et, jetant aux pieds de la sorcière un petit flacon
doré, l’esprit disparut. »
</p><p>Nous ne raconterons pas l’étonnant drame de Jo ; il
défie l’analyse, et nous nous bornerons à dire que le
tyran, le traître et la sorcière sont rudement punis à la
fin des méfaits qu’ils ont commis pendant les quatre
premiers actes, et qu’au cinquième, les deux jeunes
personnages les plus intéressants de la pièce, après avoir,
grâce à la fée, renversé tous les obstacles qui s’opposaient à leur union, finissent par se marier.
</p><p>Le rideau tomba sur les fiancés agenouillés dans les
poses les plus gracieuses pour remercier Dieu de leur
bonheur.
</p><p>De tumultueux applaudissements se firent entendre,
qui récompensèrent à bon droit Jo, l’auteur, et les
artistes qui avaient si puissamment aidé au succès de
<i>la Caverne de la Sorcière</i> ; mais ils furent arrêtés d’une
manière complètement imprévue, car les draperies qui <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="27" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/41"></span></span>formaient les loges tombèrent tout à coup sur l’auditoire, qui disparut subitement à tous les yeux. Les
acteurs volèrent au secours des spectateurs. Tous furent
retirés sains et saufs du filet qui les enveloppait ; mais
ils riaient tellement qu’ils ne pouvaient plus parler.
L’agitation était à peine calmée lorsque parut Hannah
disant : <abbr class="abbr" title="Madame">M<sup style="font-size:70%;">me</sup></abbr> Marsch envoie ses félicitations à <i>ces</i>
<i>dames</i> et leur demande si elles veulent descendre pour
souper. »
</p><p>Lorsqu’elles arrivèrent dans la salle à manger, elles
se regardèrent étonnées et ravies. C’était bien l’habitude de leur mère de leur procurer des plaisirs ; mais,
depuis qu’elles n’étaient plus riches, elles n’avaient rien
vu d’aussi beau que ce qui était devant elles. Il y avait
des sandwichs en abondance, deux fromages glacés,
un blanc et l’autre rose, des gâteaux de toutes dimensions, des fruits, de charmants bonbons, et, au milieu
de la table, quatre gros bouquets de fleurs de serre.
Évidemment très intriguées de ces raffinements inaccoutumés, les quatre sœurs, tout interdites, ne pouvaient
en croire leurs yeux. Elles regardaient leur mère, puis
la table, d’un air qui paraissait amuser beaucoup
<abbr class="abbr" title="Madame">M<sup style="font-size:70%;">me</sup></abbr> Marsch.
</p><p>« Est-ce qu’il y a encore des fées ? demanda Amy.
</p><p>— C’est le petit Noël, dit Beth.
</p><p>— Le petit Noël pourrait bien être mère elle-même ! »
dit Meg.
</p><p>Et Meg sourit à sa maman de la manière la plus
charmante, malgré sa barbe grise et ses cheveux blancs.
</p><p>« Tante Marsch aura eu un bon mouvement et nous
aura envoyé tout cela ! s’écria Jo, subitement inspirée.
</p><p>— Rien de tout cela ; c’est le vieux monsieur Laurentz,
répondit <abbr class="abbr" title="Madame">M<sup style="font-size:70%;">me</sup></abbr> Marsch.
</p><p>— Le grand-père du petit Laurentz ! s’écria Meg. <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="28" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/42"></span></span>Qui est-ce qui a pu lui mettre cette idée-là dans la tête ?
Nous ne le connaissons pas.
</p><p>— Hannah a raconté notre course de ce matin à
un de ses domestiques ; cela a plu au vieux monsieur,
qui est très original. Ayant connu mon mari autrefois,
il m’a envoyé, cette après-midi, un billet très poli pour
me dire qu’il espérait que je lui permettrais d’exprimer
son amitié pour mes enfants, en leur envoyant quelques
bagatelles en l’honneur de Noël. Je n’ai pas cru devoir
refuser, et c’est ainsi que vous avez une si jolie fête ce
soir, pour compenser le pain et le lait de votre déjeuner.
</p><p>— C’est son petit-fils qui le lui a mis dans la tête, j’en
suis sûre, dit Jo, comme la glace commençait à disparaître dans la bouche des convives avec des oh ! et des
ah ! de satisfaction. Il paraît très gentil, et je voudrais
bien le connaître ; il a l’air d’en avoir bien envie aussi ;
mais il est ou timide ou fier, et Meg ne veut pas nous
permettre d’entrer en conversation avec lui quand nous
le rencontrons.
</p><p>— Vous parlez des personnes qui habitent la grande
maison voisine de la vôtre, n’est-ce pas ? demanda une
des petites invitées. Maman connaît le vieux monsieur ;
mais elle dit qu’il est très hautain et ne veut voir personne. Il ne laisse sortir son petit-fils que pour se
promener avec son précepteur, ou monter à cheval ; on
le fait horriblement travailler. Nous l’avons invité une
fois, mais il n’est pas venu. Maman dit qu’il est très
aimable, quoiqu’il ne parle jamais aux jeunes filles.
</p><p>— Un jour, notre chat s’est sauvé, c’est lui qui nous
l’a ramené, et nous avons causé ensemble par-dessus la
haie ; nous nous amusions beaucoup à parler de jeux
et de toutes sortes de choses, lorsque Meg est arrivée,
et il est parti. Je veux arriver à le connaître, car il a
besoin de gaieté, j’en suis sûre ! dit Jo d’un ton décidé. <span><span class="pagenum ws-pagenum" id="29" title="Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/43"></span></span>
</p><p>— Il a de très bonnes manières et semble, en effet,
être un vrai gentleman, répondit <abbr class="abbr" title="Madame">M<sup style="font-size:70%;">me</sup></abbr> Marsch ; je n’ai
aucune objection à ce que vous fassiez connaissance
avec lui si vous en trouvez l’occasion. Il a apporté lui
même les fleurs, et je lui aurais demandé de rester si
j’avais été sûre de la manière dont vous vous tiriez d’affaire là-haut ; il avait l’air si triste en s’en allant d’entendre votre tapage sans y participer, qu’il était évident
qu’il n’avait en réserve aucun amusement pour lui.
</p><p>— C’est bien heureux que vous ne l’ayez pas invité,
mère, dit Jo en regardant ses bottes ; mais, une autre
fois, nous jouerons quelque chose qu’il puisse voir, et
peut-être voudra-t-il se charger d’un rôle. Nous aurions
ainsi un vrai homme, et ce serait très amusant. »
</p><p><abbr class="abbr" title="Madame">M<sup style="font-size:70%;">me</sup></abbr> Marsch ne put se retenir de rire. Jo avait,
du reste, la spécialité de dérider tout le monde.
</p><p>« Voilà la première fois que j’ai un bouquet à moi
sans l’avoir cueilli, dit Meg en examinant ses fleurs roses
avec grand intérêt ; il faut convenir qu’il est très joli.
</p><p>— Il est charmant, mais les roses de Beth me font
encore plus de plaisir, » dit <abbr class="abbr" title="Madame">M<sup style="font-size:70%;">me</sup></abbr> Marsch en regardant la
rose posée à sa ceinture.
</p><p>Beth se rapprocha alors de sa mère et murmura :
</p><p>« Je voudrais pouvoir envoyer le mien à papa ; je
crains bien qu’il n’ait pas eu un aussi joyeux Noël que
nous. » 
</p>
source: https://fr.wikisource.org/
</div><div id="JosPovFr"></div>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7468711565745452342.post-17710605840021295092021-12-08T11:04:00.009-08:002021-12-08T13:14:17.224-08:00Les Quatre Filles du docteur Marsch Chapitre 1 Louisa May Alcott - Livres Français à lire pdf et à écouter Audio Gratuit En Ligne<div id="SusPovFr"></div>
<div class="HistFr">
Chapitre 1 - OÙ LE LECTEUR FAIT CONNAISSANCE AVEC LA FAMILLE AMÉRICAINE
</div><p>« Noël ne sera pas Noël si l’on ne nous fait pas de
cadeaux, grommela miss Jo en se couchant sur le tapis.
</p><p>— C’est cependant terrible de n’être plus riche,
soupira Meg en regardant sa vieille robe.
</p><p>— Ce n’est peut-être pas juste non plus que certaines
petites filles aient beaucoup de jolies choses et
d’autres rien du tout, » ajouta la petite Amy en se
mouchant d’un air offensé.
</p><p>Alors, Beth, du coin où elle était assise, leur dit
gaiement :
</p><p>« Si nous ne sommes plus riches, nous avons encore
un bon père et une chère maman et nous sommes
quatre sœurs bien unies. »
</p><p>La figure des trois sœurs s’éclaircit à ces paroles.
Elle s’assombrit de nouveau quand Jo ajouta tristement :
</p><p>« Mais papa n’est pas près de nous et n’y sera pas
de longtemps. »
</p><p>Elle n’avait pas dit : « Nous ne le reverrons peut-être
jamais ; » mais toutes l’avaient pensé et s’étaient
représenté leur père bien loin, au milieu des terribles
combats qui mettaient alors aux prises le Nord et le
Sud de l’Amérique.
</p><p>Après quelques moments de silence, Meg reprit
d’une voix altérée :
</p><p>« Vous savez bien que maman a pensé que nous
ferions mieux de donner l’argent de nos étrennes aux
pauvres soldats qui vont tant souffrir du froid. Nous
ne pouvons pas faire beaucoup, c’est vrai, mais nos
petits sacrifices doivent être faits de bon cœur. Je
crains pourtant de ne pas pouvoir m’y résigner, ajouta-t-elle
en songeant avec regret à toutes les jolies choses
qu’elle désirait.
</p><p>— Mais nous n’avons chacune qu’un dollar, dit Jo ;
quel bien cela ferait-il à l’armée d’avoir nos quatre
dollars ? Je veux bien ne rien recevoir ni de maman ni
de vous, mais je voudrais acheter les dernières œuvres
de Jules Verne, qu’on vient de traduire ; il y a longtemps
que je le désire. Le capitaine Grant est, lui aussi, séparé
de ses enfants, — mais ses enfants le cherchent,
— tandis que nous… nous restons là. »
</p><p>Jo aimait passionnément les aventures.
</p><p>« Je désirais tant de la musique nouvelle ! murmura
Beth avec un soupir si discret que la pelle et les pincettes
seules l’entendirent.
</p><p>— Moi, j’achèterai une jolie boîte de couleurs, dit
Amy d’un ton décidé.
</p>
<div class="VidFr">
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</div>
<p>— Maman n’a pas parlé de notre argent et elle ne
peut pas vouloir que nous n’ayons rien du tout. Achetons
chacune ce que nous désirons et amusons-nous un peu ;
nous avons assez travaillé toute l’année pour qu’on nous
le permette ! s’écria Jo en examinant les talons de ses
bottines d’une manière tout à fait masculine.
</p><p>— Oh ! oui, moi je l’ai bien mérité en m’occupant
tous les jours de l’éducation de ces méchants enfants,
quand j’aurais tant aimé rester à la maison, dit Meg
qui avait repris son ton plaintif.
</p><p>— Vous n’avez pas eu la moitié autant de peine que
moi, reprit Jo. Comment feriez-vous s’il vous fallait
rester, ainsi que moi, enfermée des heures entières
avec une vieille personne capricieuse et grognon, qui
n’a pas plus l’air de se rappeler que je suis sa nièce,
que si je lui arrivais tous les jours de la lune ; qui vous
fait trotter toute la journée, qui n’est jamais contente
de rien, qui enfin vous ennuie à tel point qu’on est
toujours tenté de s’en aller, de peur de la battre ?
</p><p>— C’est mal de se plaindre ; cependant je pense que
la chose la plus désagréable qui se puisse faire ici,
c’est de laver la vaisselle et de faire les chambres,
comme je le fais tous les jours. Je sais bien qu’il faut
que cela se fasse, mais cela me rend les mains si dures
que je ne peux plus étudier mon piano, » dit Beth avec
un soupir que cette fois tout le monde entendit.
</p><p>Ce fut alors le tour d’Amy :
</p><p>« Je ne pense pas qu’aucune de vous souffre autant
que moi ; vous n’avez pas à aller en classe avec d’impertinentes
petites filles qui se moquent de vous quand
vous ne savez pas vos leçons, critiquent vos vêtements,
vous insultent parce que vous avez votre nez et pas le
leur et dédaignent votre père parce qu’il a, par trop de
bonté, perdu sa fortune subitement !
</p><p>— La vérité est, répondit Meg, qu’il vaudrait mieux
que nous eussions encore la fortune que papa a perdue
il y a plusieurs années. Nous serions, je l’espère, plus
heureuses et bien plus sages si nous étions riches
comme autrefois.
</p><p>— Vous disiez l’autre jour que nous étions plus
heureuses que des reines.
</p><p>— Oui, Beth, et je le pense encore, car nous
sommes gaies, et, quoique nous soyons obligées de
travailler, nous avons souvent du bon temps, comme
dit Jo.
</p><p>— Jo emploie de si vilains mots ! » dit Amy.
</p><p>Jo se leva tranquillement, sans paraître le moins
du monde offensée, et, jetant les mains dans les poches
de son tablier, se mit à siffloter gaiement.
</p><p>« Oh ! ne sifflez pas, Jo ! on dirait un garçon, s’écria
Amy, et même un vilain garçon.
</p><p>— C’est pourtant dans l’espoir d’en devenir un,
mais un bon, que j’essaye de siffler, répliqua Jo.
</p><p>— Je déteste les jeunes personnes mal élevées…,
dit Amy.
</p><p>— Je hais les bambines affectées et prétentieuses…,
répliqua Jo.
</p><p>— Les oiseaux sont d’accord dans leurs petits nids,
chanta Beth d’un air si drôle que ses sœurs se mirent
à rire et que la paix fut rétablie.
</p><p>— Vous êtes réellement toutes les deux à blâmer,
dit Meg, usant de son droit d’aînesse pour réprimander
ses sœurs. Joséphine, vous êtes assez âgée pour abandonner
vos jeux de garçon et vous conduire mieux ;
cela pouvait passer quand vous étiez petite ; mais
maintenant que vous êtes si grande et que vous ne
laissez plus tomber vos cheveux sur vos épaules, vous
devriez vous souvenir que vous êtes une demoiselle.
</p><p>— Je n’en suis pas une, et si mes cheveux relevés
m’en donnent l’air, je me ferai deux queues jusqu’à ce
que j’aie vingt ans, s’écria Jo en arrachant sa résille et
secouant ses longs cheveux bruns. Je déteste penser
que je deviens grande, que bientôt on m’appellera
miss Marsch, qu’il me faudra porter des robes longues
et avoir l’air aussi raide qu’une rose trémière ! C’est
déjà bien assez désagréable d’être une fille quand j’aime
les jeux, le travail et les habitudes des garçons. Je ne
me résignerai jamais à n’être pas un homme. Maintenant
c’est pire que jamais, car je meurs d’envie d’aller
à la guerre pour vaincre ou mourir avec papa, et je ne
puis que rester au coin du feu à tricoter comme une
vieille femme ! »
</p><p>Et Jo secoua tellement fort le chausson de laine bleue
qu’elle était en train de tricoter, que les aiguilles firent
entendre comme un cliquetis d’épées, et que sa pelote
roula jusqu’au milieu de la chambre.
</p><p>« Pauvre Jo ! c’est vraiment bien désagréable ; mais,
comme cela ne peut pas être autrement, vous devez
tâcher de vous contenter d’avoir rendu votre nom
masculin et d’être pour nous comme un frère, » dit
Beth en caressant la tête de sa sœur Joséphine d’une
main que tous les lavages de vaisselle du monde
n’avaient pu empêcher d’être blanche et douce.
</p><p>« Quant à vous, Amy, dit Meg continuant sa réprimande,
vous êtes à la fois prétentieuse et raide ; c’est
quelquefois drôle, mais, si vous n’y faites pas attention,
vous deviendrez une petite créature remplie
d’affectations. Vous êtes gentille quand vous êtes naturelle ;
mais vos grands mots, que vous écorchez et que
vous ne comprenez pas toujours, sont aussi mauvais
dans leur genre que les mots trop familiers que vous
reprochez à Jo.
</p><p>— Si Jo est un garçon habillé en fille, et Amy une
petite sotte, qu’est-ce que je suis donc ? demanda Beth,
toute prête à partager la gronderie.
</p><p>— Vous êtes notre petite chérie et rien d’autre, »
répondit chaudement Meg.
</p><p>Et personne ne la contredit.
</p><p>Comme les jeunes lecteurs aiment à se représenter,
même au physique, les personnes dont on parle, nous
allons leur donner un aperçu des quatre jeunes filles,
qui, pendant que la neige tourbillonnait au dehors et
présageait une nuit glaciale, tricotaient activement à
la lueur incertaine du feu. La chambre dans laquelle
nous les trouvons, quoique meublée très simplement,
avait un aspect agréable. Plusieurs belles gravures
garnissaient les murs ; des livres remplissaient tous les
recoins ; des chrysanthèmes et des roses de Noël fleurissaient
entre les fenêtres ; enfin on sentait partout
comme une douce atmosphère de bonheur et de paix.
</p><p>Marguerite, l’aînée des quatre, allait avoir quinze
ans ; elle était belle et fraîche avec de grands yeux
bleus, des cheveux châtains, abondants et soyeux, une
petite bouche et des mains blanches dont elle avait
quelque tendance à s’enorgueillir. La seconde, Jo, qui
avait quatorze ans, était grande, mince et brune et
semblait ne jamais savoir que faire de ses longs membres.
Elle avait une grande bouche et un nez passablement
retroussé ; ses grands yeux gris ne laissaient
rien passer inaperçu et étaient tour à tour fins, gais ou
pensifs. Ses cheveux longs, épais, magnifiques, constituaient
pour le moment toute sa beauté ; mais elle les
roulait généralement dans sa résille afin de ne pas en
être gênée. Elle avait de grands pieds, de grandes mains,
des mouvements anguleux ; ses vêtements avaient toujours
un air de désordre ; toute sa personne donnait l’idée d’une fille qui va grandir vite, qui va devenir
rapidement une demoiselle et qui n’en est pas satisfaite
du tout. Élisabeth ou Beth, comme chacun l’appelait,
était une petite fille entre douze et treize ans, rose et
blonde, avec des yeux brillants, des manières timides,
une voix douce et une expression de paix qui était
rarement troublée. Son père l’appelait : « miss Paisible. »
et ce nom lui convenait parfaitement, car elle semblait
vivre dans un heureux monde dont elle ne sortait que
pour voir les quelques personnes qu’elle aimait et ne
craignait pas. Amy, quoique la plus jeune, était, à son
avis du moins, une personne importante : c’était une
fillette aux traits réguliers, au teint de neige, avec des
yeux bleus et des cheveux blonds bouclés tombant sur
ses épaules ; elle était pâle et mince et faisait tous ses
efforts pour être une jeune fille distinguée.
</p><p>Quant aux caractères des quatre sœurs, nous laissons
aux lecteurs le soin d’en juger.
</p><p>La pendule sonna six heures, et Beth, ayant balayé le
devant de la cheminée, mit à chauffer devant la flamme
une paire de pantoufles.
</p><p>D’une façon ou d’une autre, la vue des pantoufles
eut un bon effet sur les jeunes filles ; leur mère allait
rentrer, et chacune d’elles s’apprêta à la bien recevoir.
Meg cessa de gronder et alluma la lampe, Amy sortit
du fauteuil sans qu’on le lui eût demandé, et Jo oublia
combien elle était fatiguée en relayant Beth dans le soin
qu’elle prenait de tenir le plus près possible du feu les
pantoufles qui attendaient leur mère.
</p><p>« Elles sont complètement usées, ces pantoufles,
il faut que maman en achète une nouvelle paire,
dit Jo.
</p><p>— J’avais pensé que je lui en achèterais une avec
mon dollar…, dit Beth.
</p><p>— Non, ce sera moi, s’écria Amy.
</p><p>— Je suis l’aînée, » répliqua Meg.
</p><p>Mais Jo l’interrompit d’un air décidé.
</p><p>« Maintenant que papa est parti, je suis l’homme de
la famille et je donnerai les pantoufles, car papa m’a
dit de prendre généralement soin de maman pendant
son absence.
</p><p>— Savez-vous ce qu’il faut faire ? dit Beth ; chacune
de nous achètera quelque chose pour maman, au lieu
de penser à elle-même.
</p><p>— C’est bien là une de vos bonnes idées, chérie.
Qu’achèterons-nous ? » s’écria Jo.
</p><p>Elles réfléchirent pendant une minute ; puis Meg dit,
comme si l’idée lui était suggérée par ses jolies mains :
</p><p>« Je lui donnerai une belle paire de gants.
</p><p>— Moi, les plus chaudes pantoufles que je pourrai
trouver, s’écria Jo.
</p><p>— Et moi des mouchoirs de poche tout ourlés, dit
Beth.
</p><p>— J’achèterai une petite bouteille d’eau de Cologne ;
elle l’aime bien, et cela ne coûte pas très cher. Ainsi
il me restera un peu d’argent pour moi, ajouta Amy.
</p><p>— Comment donnerons-nous tout cela ? demanda
Meg.
</p><p>— Nous disposerons nos présents sur la table ; puis
nous prierons maman de venir et nous la regarderons
ouvrir l’un après l’autre les paquets, répondit Jo. Vous
rappelez-vous comment nous faisions le jour de notre
fête ?
</p><p>— J’avais toujours si peur quand c’était mon tour
de m’asseoir dans le grand fauteuil avec une couronne
sur la tête et de vous voir venir me donner vos cadeaux
avec un baiser ! J’aimais bien les présents et les baisers ;
mais c’était terrible de vous voir me regarder pendant que je défaisais les paquets, dit Beth, qui, pour le
moment, rôtissait, sa figure en même temps que le
pain destiné au thé.
</p><p>— Il faut laisser maman croire que nous achetons
quelque chose pour nous, afin de la bien surprendre.
Nous nous occuperons de nos achats demain après-midi, en allant faire nos emplettes pour notre comédie
du soir de Noël, dit Jo à Meg, en se promenant de
long en large les mains derrière le dos et le nez en
l’air.
</p><p>— C’est la dernière fois que je jouerai ; je deviens
trop vieille, fit observer Meg, qui était aussi enfant
que ses sœurs sous ce rapport-là.
</p><p>— Vous continuerez de jouer la comédie aussi longtemps que vous mettrez avec plaisir une robe blanche
à queue et des bijoux de papier doré. Vous êtes notre
meilleure actrice, Meg, et tout sera fini si vous nous
abandonnez, dit Jo. Nous devrions répéter ce soir
quelques passages de notre pièce. Allons, Amy, venez
reprendre la scène de l’évanouissement ; vous ferez bien
de l’étudier, car vous êtes raide comme un piquet.
</p><p>— Je ne peux pas faire autrement ; je n’ai jamais
vu personne s’évanouir. Je ne suis pas venue au monde
pour jouer des rôles pathétiques dans les grands drames
qui amusent tant <abbr class="abbr" title="Mademoiselle">M<sup style="font-size: 70%;">lle</sup></abbr> Jo, et je n’ai pas envie de me
faire des noirs en tombant tout de mon long par
terre, comme vous le voulez. Si je peux facilement
me laisser glisser, je le ferai ; mais si je ne peux pas,
je tomberai gracieusement sur une chaise. Cela m’est
égal que le tyran vienne me menacer avec son pistolet,
répliqua Amy, qui n’était pas douée de talents dramatiques, mais qui avait dû être choisie pour remplir ce
rôle, parce qu’elle était assez petite pour être emportée
tout en pleurs hors de la pièce. </p><p>— Allons, je vais vous montrer. Joignez les mains
comme cela et parcourez la chambre en criant avec
désespoir : « <i>Oh ! sauvez-moi ! sauvez-moi !</i> »
</p><p>Et Jo lui donna l’exemple en poussant un cri perçant
qui était vraiment tragique.
</p><p>Amy essaya de l’imiter ; mais elle leva les mains avec
raideur et se secoua comme une marionnette. Quant
à son <i>oh !</i> au lieu d’être l’expression de l’angoisse et de
la crainte, il faisait plutôt penser qu’elle venait de se
piquer le doigt en cueillant une rose. Jo gémit, d’un air
découragé, et Meg se mit à rire, tandis que Beth s’apercevait que, dans sa préoccupation de regarder les
acteurs, elle avait laissé brûler une rôtie.
</p><p>« C’est inutile ! faites le mieux possible quand le
moment sera arrivé, dit Jo à Amy ; mais, si l’on vous
siffle, ne m’en accusez pas. Allons, à vous, Meg. »
</p><p>Le drame, intitulé par Jo, son auteur : <i>la Caverne</i>
<i>de la Sorcière,</i> continua d’une manière splendide. Le
tyran, don Pedro, défia le monde dans un monologue
de deux pages sans une seule interruption ; Hagar, la
sorcière, penchée sur une chaudière où des crapauds et
des serpents étaient supposés en train de cuire, chanta
une invocation terrible.
</p><p>« C’est certainement la meilleure pièce que nous
ayons jamais eu à jouer, dit Meg très satisfaite.
</p><p>— Je ne comprends pas comment vous pouvez composer et jouer des choses aussi étonnantes, Jo ; vous
êtes un vrai Shakespeare ! s’écria Beth, qui croyait
fermement, que ses sœurs étaient douées d’un génie
étonnant pour toutes choses.
</p><p>— Pas encore, répondit modestement Jo. Je pense
que <i>la Caverne de la Sorcière</i> est assez réussie ; mais
il n’y a pas assez de meurtres : j’adore en commettre
avec des couteaux de bois. <i>Est-ce un poignard que je</i> <i>vois devant moi ?</i> murmura Jo en roulant les yeux
et attrapant quelque chose d’invisible, comme elle
l’avait vu faire à un célèbre tragédien.
</p><p>— Non, Jo ! Jo, rendez-moi ma fourchette, ce n’est
pas un poignard, et ne piquez pas la pantoufle de
maman à la place d’une rôtie, » s’écria Beth.
</p><p>La répétition finit par un éclat de rire général.
</p><p>« Je suis bien aise de vous trouver si gaies, mes
enfants, » dit une admirable voix sur le seuil de la
porte.
</p><p>Et les acteurs et l’auditoire se retournèrent pour
accueillir avec bonheur une dame dont l’air était
extrêmement sympathique.
</p><p>Elle n’était plus ce qu’on peut appeler belle, car,
sans être vieille, elle n’était plus jeune, et son aimable
et doux visage portait l’empreinte de plus d’une souffrance.
Mais les quatre jeunes filles pensaient que le
châle gris et le chapeau passé de leur chère maman
recouvrait la plus charmante personne du monde.
</p><p>« Eh bien, mes chéries, qu’avez-vous fait toute la
journée ? J’ai eu tant de courses à faire aujourd’hui,
que je n’ai pu revenir pour l’heure du dîner. Y a-t-il eu
des visites, Beth ? Comment va votre rhume, Meg ? Jo,
vous avez l’air horriblement fatigué. Venez m’embrasser,
Amy. »
</p><p>Pendant que <abbr class="abbr" title="Madame">M<sup style="font-size: 70%;">me</sup></abbr> Marsch faisait ces questions
maternelles, elle se débarrassait de ses vêtements
mouillés, mettait ses pantoufles chaudes, et, s’asseyant
dans son fauteuil avec Amy sur ses genoux, se préparait
à jouir du meilleur moment de sa journée. Ses
enfants essayaient, chacune à sa manière, de rendre
chaque chose confortable : Meg disposa les tasses à
thé, Jo apporta du bois et mit les chaises autour de
la table, en renversant et frappant l’une contre l’autre les choses qu’elle tenait ; Beth, tranquillement active,
allait et venait de la cuisine au parloir, tandis qu’Amy,
pelotonnée dans les bras de sa mère, donnait ses avis
à tout le monde.
</p><p>Comme elles se mettaient à table, <abbr class="abbr" title="Madame">M<sup style="font-size: 70%;">me</sup></abbr> Marsch dit
avec un sourire qui trahissait une grande joie intérieure :
</p><p>« Mes enfants, je vous garde, pour après le souper,
quelque chose qui vous rendra très heureuses. »
</p><p>Aussitôt une vive curiosité illumina toutes les figures ;
un rayon de soleil n’eût pas mieux éclairé tous les
yeux, Beth frappa ses mains l’une contre l’autre sans
faire attention au pain brûlant qu’elle tenait, et Jo,
jetant sa serviette en l’air, s’écria :
</p><p>« Je devine : une lettre de papa ! Trois hourrahs
pour papa !
</p><p>— Oui, une bonne et longue lettre. Votre père se
porte bien et pense qu’il passera l’hiver mieux que
nous ne le supposions. Il vous envoie toutes sortes
d’affectueux souhaits de Noël ; et il y a dans sa lettre
un passage spécial pour ses enfants, dit <abbr class="abbr" title="Madame">M<sup style="font-size: 70%;">me</sup></abbr> Marsch,
frappant plus respectueusement sa poche que si elle
eût contenu un trésor.
</p><p>— Dépêchons-nous de finir de manger. Amy, ne
perdez pas votre temps à mettre vos doigts en ailes de
pigeon et à choisir vos morceaux, » s’écria Jo, qui,
dans sa précipitation, se brûlait en buvant son thé trop
chaud et laissait rouler son pain beurré sur le tapis.
</p><p>Beth ne finit pas de souper, mais s’en alla dans un
coin habituel rêver au bonheur qu’elle aurait quand ses
sœurs auraient fini.
</p><p>« Comme c’est beau à papa d’être parti pour l’armée
comme médecin, puisqu’il a passé l’âge et qu’il n’aurait
plus la force d’être soldat ! dit Meg avec enthousiasme.
</p><p>— Quel dommage que je ne puisse pas aller tout au moins comme vivan… vivandi… ah ! vivandière ! où
même comme infirmière à l’armée, pour l’aider ! s’écria
Jo.
</p><p>— Cela doit être très désagréable de dormir sous une
tente, de manger toutes sortes de mauvaises choses et
de boire dans un gobelet d’étain, dit Amy.
</p><p>— Quand reviendra-t-il, maman ? demanda Beth, dont
la voix tremblait un peu.
</p><p>— Pas avant plusieurs mois. À moins qu’il ne soit
malade, votre père remplira fidèlement sa part de devoir,
et nous ne devons pas lui demander de revenir une
minute plus tôt qu’il ne le doit. Maintenant, je vais
vous lire sa lettre. »
</p><p>Elles se groupèrent toutes autour du feu. Meg et
Amy se placèrent sur les bras du grand fauteuil de leur
mère, Beth à ses pieds, et Jo s’appuya sur le dos du
fauteuil, afin que, si la lettre était émouvante, personne
ne pût la voir pleurer.
</p><p>Dans ces temps de guerre, toutes les lettres étaient
touchantes, et surtout celles des pères à leurs enfants.
Celle-ci était non pas gaie, mais pleine d’espoir ; elle
contenait des descriptions animées de la vie des camps
et quelques nouvelles militaires. Il pensait que cette
guerre plus funeste qu’aucune autre, puisqu’elle avait
le malheur d’être une guerre civile, prendrait fin plus tôt
qu’on n’avait osé l’espérer. À la dernière page seulement,
le cœur de l’écrivain se desserrait tout à fait, et le désir
de revoir sa femme et ses petites filles y débordait.
</p><p>« Donnez-leur à toutes de bons baisers, dites-leur
que je pense à elles tous les jours et que chaque soir je
prie pour elles. De tout temps, leur affection a été ma
plus grande joie, et un an de séparation c’est bien cruel ;
mais rappelez-leur que nous devons tous travailler et
faire profit même de ces jours de tristesse. J’espère qu’elles se souviennent de tout ce que je leur ai dit.
Elles sont de bonnes filles pour vous ; elles remplissent
fidèlement leurs devoirs ; elles n’oublient pas de combattre
leurs ennemis intérieurs, et auront remporté de
telles victoires sur elles-mêmes, que, quand je reviendrai,
je serai plus fier encore de « mes petites femmes »
et que je leur devrai de les aimer encore plus si c’est
possible. »
</p><p>Elles se mouchaient toutes pour cacher leurs larmes
lorsque leur mère lut ce passage. Jo ne fut pas honteuse
de la grosse larme qui avait élu domicile au bout de son
nez, et Amy ne craignit pas de défriser ses cheveux
lorsque, tout en pleurs, elle se cacha sur l’épaule de
sa mère, en s’écriant :
</p><p><span class="coquille" title="Je">« Je</span> suis <i>très</i> égoïste ; mais je tâcherai réellement
d’être meilleure, pour que notre père ne soit pas
désappointé en me revoyant.
</p><p>— Nous tâcherons toutes, s’écria Meg ; je ne penserai
plus autant à ma toilette, et, si je peux, j’aimerai le
travail.
</p><p>— Et moi j’essayerai d’être ce qu’il aime à m’appeler :
<i>une petite femme</i> ; je ne serai pas brusque et impatiente,
et je ferai mon devoir ici au lieu de désirer être
ailleurs, » dit Jo, qui pensait que ne pas se mettre en
colère était bien plus difficile que de combattre une
douzaine de rebelles.
</p><p>Beth ne dit rien ; mais elle essuya ses larmes et se mit
à tricoter de toutes ses forces, faisant tout de suite son
devoir le plus proche, et prenant, dans sa tranquille
petite âme, la résolution d’être, lorsque arriverait le jour
tant désiré du retour de son père, tout ce qu’il désirait
qu’elle fût.
</p><p><abbr class="abbr" title="Madame">M<sup style="font-size: 70%;">me</sup></abbr> Marsch rompit la première le silence qui avait
suivi les paroles de Jo, en disant de sa voix joyeuse.
</p><p>« Vous rappelez-vous comment vous jouiez aux « Pèlerins
en route pour le paradis », lorsque vous étiez
toutes petites ? Rien ne vous faisait tant de plaisir que
quand je vous mettais sur le dos des sacs remplis de vos
péchés ; que je vous donnais de grands chapeaux, des
bâtons et des rouleaux de papier et que je vous permettais
de voyager dans la maison, depuis la cave, qui était
le <i>séjour des coupables,</i> jusqu’au grenier, où vous aviez
mis tout ce que vous aviez pu trouver de plus joli et
que vous appeliez la <i>cité céleste</i>.
</p><p>— J’aimais bien quand nos sacs, pleins de choses
lourdes comme nos fautes, tombaient par terre et dégringolaient
tout seuls jusqu’au bas des escaliers, dit Meg,
on n’avait plus besoin de les porter.
</p><p>— Si je n’étais pas trop âgée pour jouer encore à tous
ces jeux-là, cela m’amuserait de recommencer, dit Amy,
qui, à l’âge mûr de onze ans, commençait à parler de
renoncer aux choses enfantines.
</p><p>— On n’est jamais trop âgé pour ce jeu-là, mon
enfant, car on y joue toute sa vie, d’une manière ou
d’une autre. Nous avons toujours nos fardeaux qu’il faut
porter, nos fautes qu’il faut réparer.
</p><p>— Où sont donc nos fardeaux, maman ? demanda
Amy, qui ne saisissait pas facilement les allégories.
</p><p>— Toutes, vous les avez désignés tout à l’heure,
excepté Beth, ce qui me fait croire qu’elle n’en a pas,
répondit <abbr class="abbr" title="Madame">M<sup style="font-size: 70%;">me</sup></abbr> Marsch.
</p><p>— Oh ! si, j’en ai ; c’est d’avoir des assiettes à essuyer,
de la poussière à ôter, d’être jalouse des petites filles
qui ont de beaux pianos, et d’avoir peur de tout le
monde. »
</p><p>Le fardeau de Beth était si drôle qu’elles eurent toutes
envie de rire ; mais elles se retinrent, car leur gaieté
aurait fait de la peine à leur très timide petite sœur.
</p><p>« Il faudrait, dit Meg d’un air très réfléchi, être si
sage, qu’on n’ait plus rien à porter. Mais comment faire ?
Je vois trop que, malgré notre désir, nous oublions
toujours nos bonnes résolutions.
</p><p>— Regardez sous votre oreiller, le jour de Noël, en
vous éveillant ; vous y trouverez chacune un livre qui
vous aidera à reconnaître votre chemin. »
</p><p>En ce moment, la vieille servante Hannah annonça
qu’elle avait débarrassé la table. Les quatre sœurs
prirent alors leurs quatre petits paniers à ouvrage et
se mirent à coudre des draps pour la tante Marsch.
C’était un ouvrage peu intéressant ; mais, ce soir-là,
personne ne murmura, et Jo ayant proposé de partager
les longs surjets en quatre parties, qu’elles nommèrent :
Europe, Asie, Afrique et Amérique, elles s’amusèrent
beaucoup à parler des pays au milieu desquels elles
passaient en cousant.
</p><p>À neuf heures, elles plièrent leur ouvrage, et, comme
c’était leur habitude, avant d’aller se coucher, elles
chantèrent un cantique. C’était leur prière du soir. La
soirée se terminait toujours ainsi.
</p>
source: https://fr.wikisource.org/
<div id="JosPovFr"></div>
Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7468711565745452342.post-24461538757568401502010-08-01T12:06:00.000-07:002017-01-30T06:54:29.936-08:00INTERACTIVE FRENCHIn this section, you say a few words about you, [age, location (country, city), gender (male / female)], what you want to study, the level where you are at, what you are willing to help someone else to learn and other informations that you may consider relevant.<br />
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<tr> <th class="mod">I<br />
<br />
N<br />
<br />
D<br />
<br />
I<br />
<br />
C<br />
<br />
A<br />
<br />
T<br />
<br />
I<br />
<br />
F</th> <td class="timpuri">Présent <br />
<br />
j'ouvre<br />
tu ouvres<br />
il ouvre<br />
nous ouvrons<br />
vous ouvrez<br />
ils ouvrent<br />
<br />
Passé simple <br />
<br />
j'ouvris<br />
tu ouvris<br />
il ouvrit<br />
nous ouvrîmes<br />
vous ouvrîtes<br />
ils ouvrirent<br />
<br />
Passé composé <br />
<br />
j'ai ouvert<br />
tu as ouvert<br />
il a ouvert<br />
nous avons ouvert<br />
vous avez ouvert<br />
ils ont ouvert<br />
<br />
Passé antérieur <br />
<br />
j'eus ouvert<br />
tu eus ouvert<br />
il eut ouvert<br />
nous eûmes ouvert<br />
vous eûtes ouvert<br />
ils eurent ouvert<br />
<br />
Imparfait <br />
<br />
j'ouvrais<br />
tu ouvrais<br />
il ouvrait<br />
nous ouvrions<br />
vous ouvriez<br />
ils ouvraient<br />
<br />
Futur simple <br />
<br />
j'ouvrirai<br />
tu ouvriras<br />
il ouvrira<br />
nous ouvrirons<br />
vous ouvrirez<br />
ils ouvriront<br />
<br />
Plus-que-parfait <br />
<br />
j'avais ouvert<br />
tu avais ouvert<br />
il avait ouvert<br />
nous avions ouvert<br />
vous aviez ouvert<br />
ils avaient ouvert<br />
<br />
Futur antérieur <br />
<br />
j'aurai ouvert<br />
tu auras ouvert<br />
il aura ouvert<br />
nous aurons ouvert<br />
vous aurez ouvert<br />
ils auront ouvert</td> <th class="mod">S<br />
<br />
U<br />
<br />
B<br />
<br />
J<br />
<br />
O<br />
<br />
N<br />
<br />
C<br />
<br />
T<br />
<br />
I<br />
<br />
F<br />
<br />
</th> <td class="timpuri">Présent <br />
<br />
que j'ouvre<br />
que tu ouvres<br />
qu'il ouvre<br />
que nous ouvrions<br />
que vous ouvriez<br />
qu'ils ouvrent<br />
<br />
Passé <br />
<br />
que j'aie ouvert<br />
que tu aies ouvert<br />
qu'il ait ouvert<br />
que nous ayons ouvert<br />
que vous ayez ouvert<br />
qu'ils aient ouvert<br />
<br />
Imparfait <br />
<br />
que j'ouvrisse<br />
que tu ouvrisses<br />
qu'il ouvrît<br />
que nous ouvrissions<br />
que vous ouvrissiez<br />
qu'ils ouvrissent<br />
<br />
Plus-que-parfait <br />
<br />
que j'eusse ouvert<br />
que tu eusses ouvert<br />
qu'il eût ouvert<br />
que nous eussions ouvert<br />
que vous eussiez ouvert<br />
qu'ils eussent ouvert</td> <th class="mod">C<br />
<br />
O<br />
<br />
N<br />
<br />
D<br />
<br />
I<br />
<br />
T<br />
<br />
I<br />
<br />
O<br />
<br />
N<br />
<br />
N<br />
<br />
E<br />
<br />
L</th><td class="timpuri"><br />
Présent <br />
<br />
j'ouvrirais<br />
tu ouvrirais<br />
il ouvrirait<br />
nous ouvririons<br />
vous ouvririez<br />
ils ouvriraient<br />
<br />
<br />
Passé<br />
<br />
j'aurais ouvert<br />
tu aurais ouvert<br />
il aurait ouvert<br />
nous aurions ouvert<br />
vous auriez ouvert<br />
ils auraient ouvert</td> </tr>
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</tbody></table>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7468711565745452342.post-63923433995464828482010-07-20T12:47:00.002-07:002017-01-30T06:52:55.599-08:00ONLINE FRENCH ENGLISH TRANSLATOR - DICTIONARY<center><script async src="//pagead2.googlesyndication.com/pagead/js/adsbygoogle.js"></script>
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</style><br />
<table border="" bordercolor="blue"><tbody>
<tr><th class="titlu" colspan="6">CONJUGATION OF ÊTRE = TO BE</th></tr>
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<tr> <th class="mod">I<br />
<br />
N<br />
<br />
D<br />
<br />
I<br />
<br />
C<br />
<br />
A<br />
<br />
T<br />
<br />
I<br />
<br />
F</th> <td class="timpuri">Présent<br />
<br />
je suis<br />
tu es<br />
il est<br />
nous sommes<br />
vous êtes<br />
ils sont <br />
<br />
Passé composé<br />
<br />
j'ai été<br />
tu as été<br />
il a été<br />
nous avons été<br />
vous avez été<br />
ils ont été <br />
<br />
Imparfait<br />
<br />
j'étais<br />
tu étais<br />
il était<br />
nous étions<br />
vous étiez<br />
ils étaient <br />
<br />
Plus-que-parfait<br />
<br />
j'avais été<br />
tu avais été<br />
il avait été<br />
nous avions été<br />
vous aviez été<br />
ils avaient été<br />
<br />
Passé simple<br />
<br />
je fus<br />
tu fus<br />
il fut<br />
nous fûmes<br />
vous fûtes<br />
ils furent <br />
<br />
Passé antérieur<br />
<br />
j'eus été<br />
tu eus été<br />
il eut été<br />
nous eûmes été<br />
vous eûtes été<br />
ils eurent été <br />
<br />
Futur simple<br />
<br />
je serai<br />
tu seras<br />
il sera<br />
nous serons<br />
vous serez<br />
ils seront <br />
<br />
Futur antérieur<br />
<br />
j'aurai été<br />
tu auras été<br />
il aura été<br />
nous aurons été<br />
vous aurez été<br />
ils auront été </td> <th class="mod">S<br />
<br />
U<br />
<br />
B<br />
<br />
J<br />
<br />
O<br />
<br />
N<br />
<br />
C<br />
<br />
T<br />
<br />
I<br />
<br />
F<br />
<br />
</th> <td class="timpuri">Présent<br />
<br />
que je sois<br />
que tu sois<br />
qu'il soit<br />
que nous soyons<br />
que vous soyez<br />
qu'ils soient<br />
<br />
Passé<br />
<br />
que j'aie été<br />
que tu aies été<br />
qu'il ait été<br />
que nous ayons été<br />
que vous ayez été<br />
qu'ils aient été<br />
<br />
Imparfait<br />
<br />
que je fusse<br />
que tu fusses<br />
qu'il fût<br />
que nous fussions<br />
que vous fussiez<br />
qu'ils fussent<br />
<br />
Plus-que-parfait<br />
<br />
que j'eusse été<br />
que tu eusses été<br />
qu'il eût été<br />
que nous eussions été<br />
que vous eussiez été<br />
qu'ils eussent été</td> <th class="mod">C<br />
<br />
O<br />
<br />
N<br />
<br />
D<br />
<br />
I<br />
<br />
T<br />
<br />
I<br />
<br />
O<br />
<br />
N<br />
<br />
N<br />
<br />
E<br />
<br />
L</th><td class="timpuri">Présent<br />
<br />
je serais<br />
tu serais<br />
il serait<br />
nous serions<br />
vous seriez<br />
ils seraient <br />
<br />
Passé <br />
<br />
j'aurais été<br />
tu aurais été<br />
il aurait été<br />
nous aurions été<br />
vous auriez été<br />
ils auraient été</td> </tr>
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</tbody></table>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7468711565745452342.post-49474618583653775632010-07-20T12:09:00.001-07:002017-01-30T06:51:52.635-08:00CONJUGATION OF AVOIR = TO HAVE<style>
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<table border="" bordercolor="blue"><tbody>
<tr><th class="titlu" colspan="6">CONJUGATION OF AVOIR = TO HAVE</th></tr>
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<tr> <th class="mod">I<br />
<br />
N<br />
<br />
D<br />
<br />
I<br />
<br />
C<br />
<br />
A<br />
<br />
T<br />
<br />
I<br />
<br />
F</th> <td class="timpuri">Présent<br />
<br />
j'ai<br />
tu as<br />
il a<br />
nous avons<br />
vous avez<br />
ils ont <br />
<br />
Passé composé<br />
<br />
j'ai eu<br />
tu as eu<br />
il a eu<br />
nous avons eu<br />
vous avez eu<br />
ils ont eu <br />
<br />
Imparfait<br />
<br />
j'avais<br />
tu avais<br />
il avait<br />
nous avions<br />
vous aviez<br />
ils avaient <br />
<br />
Plus-que-parfait<br />
<br />
j'avais eu<br />
tu avais eu<br />
il avait eu<br />
nous avions eu<br />
vous aviez eu<br />
ils avaient eu<br />
<br />
Passé simple<br />
<br />
j'eus<br />
tu eus<br />
il eut<br />
nous eûmes<br />
vous eûtes<br />
ils eurent <br />
<br />
Passé antérieur<br />
<br />
j'eus eu<br />
tu eus eu<br />
il eut eu<br />
nous eûmes eu<br />
vous eûtes eu<br />
ils eurent eu <br />
<br />
Futur simple<br />
<br />
j'aurai<br />
tu auras<br />
il aura<br />
nous aurons<br />
vous aurez<br />
ils auront <br />
<br />
Futur antérieur<br />
<br />
j'aurai eu<br />
tu auras eu<br />
il aura eu<br />
nous aurons eu<br />
vous aurez eu<br />
ils auront eu</td> <th class="mod">S<br />
<br />
U<br />
<br />
B<br />
<br />
J<br />
<br />
O<br />
<br />
N<br />
<br />
C<br />
<br />
T<br />
<br />
I<br />
<br />
F<br />
<br />
</th> <td class="timpuri">Présent<br />
<br />
que j'aie<br />
que tu aies<br />
qu'il ait<br />
que nous ayons<br />
que vous ayez<br />
qu'ils aient <br />
<br />
Passé<br />
<br />
que j'aie eu<br />
que tu aies eu<br />
qu'il ait eu<br />
que nous ayons eu<br />
que vous ayez eu<br />
qu'ils aient eu <br />
<br />
Imparfait<br />
<br />
que j'eusse<br />
que tu eusses<br />
qu'il eût<br />
que nous eussions<br />
que vous eussiez<br />
qu'ils eussent <br />
<br />
Plus-que-parfait<br />
<br />
que j'eusse eu<br />
que tu eusses eu<br />
qu'il eût eu<br />
que nous eussions eu<br />
que vous eussiez eu<br />
qu'ils eussent eu</td> <th class="mod">C<br />
<br />
O<br />
<br />
N<br />
<br />
D<br />
<br />
I<br />
<br />
T<br />
<br />
I<br />
<br />
O<br />
<br />
N<br />
<br />
N<br />
<br />
E<br />
<br />
L</th><td class="timpuri">Présent<br />
<br />
j'aurais<br />
tu aurais<br />
il aurait<br />
nous aurions<br />
vous auriez<br />
ils auraient <br />
<br />
Passé première <br />
<br />
j'aurais eu<br />
tu aurais eu<br />
il aurait eu<br />
nous aurions eu<br />
vous auriez eu<br />
ils auraient eu</td> </tr>
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</tbody></table>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7468711565745452342.post-2111880864901919912010-07-20T12:08:00.002-07:002017-01-30T06:49:07.640-08:00CONJUGATION OF POUVOIR = TO CAN<style>
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text-align:center;
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</style><br />
<table border="" bordercolor="blue"><tbody>
<tr><th class="titlu" colspan="6">CONJUGATION OF POUVOIR = TO CAN</th></tr>
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<tr> <th class="mod">I<br />
<br />
N<br />
<br />
D<br />
<br />
I<br />
<br />
C<br />
<br />
A<br />
<br />
T<br />
<br />
I<br />
<br />
F</th> <td class="timpuri">Présent<br />
<br />
je peux<br />
tu peux<br />
il peut<br />
nous pouvons<br />
vous pouvez<br />
ils peuvent<br />
<br />
Passé composé<br />
<br />
j'ai pu<br />
tu as pu<br />
il a pu<br />
nous avons pu<br />
vous avez pu<br />
ils ont pu<br />
<br />
Imparfait<br />
<br />
je pouvais<br />
tu pouvais<br />
il pouvait<br />
nous pouvions<br />
vous pouviez<br />
ils pouvaient<br />
<br />
Plus-que-parfait<br />
<br />
j'avais pu<br />
tu avais pu<br />
il avait pu<br />
nous avions pu<br />
vous aviez pu<br />
ils avaient pu<br />
<br />
Passé simple<br />
<br />
je pus<br />
tu pus<br />
il put<br />
nous pûmes<br />
vous pûtes<br />
ils purent<br />
<br />
Passé antérieur<br />
<br />
j'eus pu<br />
tu eus pu<br />
il eut pu<br />
nous eûmes pu<br />
vous eûtes pu<br />
ils eurent pu<br />
<br />
Futur simple<br />
<br />
je pourrai<br />
tu pourras<br />
il pourra<br />
nous pourrons<br />
vous pourrez<br />
ils pourront<br />
<br />
Futur antérieur<br />
<br />
j'aurai pu<br />
tu auras pu<br />
il aura pu<br />
nous aurons pu<br />
vous aurez pu<br />
ils auront pu</td> <th class="mod">S<br />
<br />
U<br />
<br />
B<br />
<br />
J<br />
<br />
O<br />
<br />
N<br />
<br />
C<br />
<br />
T<br />
<br />
I<br />
<br />
F<br />
<br />
</th> <td class="timpuri">Présent<br />
<br />
que je puisse<br />
que tu puisses<br />
qu'il puisse<br />
que nous puissions<br />
que vous puissiez<br />
qu'ils puissent<br />
<br />
Passé<br />
<br />
que j'aie pu<br />
que tu aies pu<br />
qu'il ait pu<br />
que nous ayons pu<br />
que vous ayez pu<br />
qu'ils aient pu<br />
<br />
Imparfait<br />
<br />
que je pusse<br />
que tu pusses<br />
qu'il pût<br />
que nous pussions<br />
que vous pussiez<br />
qu'ils pussent<br />
<br />
Plus-que-parfait<br />
<br />
que j'eusse pu<br />
que tu eusses pu<br />
qu'il eût pu<br />
que nous eussions pu<br />
que vous eussiez pu<br />
qu'ils eussent pu</td> <th class="mod">C<br />
<br />
O<br />
<br />
N<br />
<br />
D<br />
<br />
I<br />
<br />
T<br />
<br />
I<br />
<br />
O<br />
<br />
N<br />
<br />
N<br />
<br />
E<br />
<br />
L</th><td class="timpuri">Présent<br />
<br />
je pourrais<br />
tu pourrais<br />
il pourrait<br />
nous pourrions<br />
vous pourriez<br />
ils pourraient<br />
<br />
Passé<br />
<br />
j'aurais pu<br />
tu aurais pu<br />
il aurait pu<br />
nous aurions pu<br />
vous auriez pu<br />
ils auraient pu</td> </tr>
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</tbody></table>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7468711565745452342.post-55497075068411574912010-07-20T12:08:00.000-07:002017-01-30T06:49:43.613-08:00CONJUGATION OF FAIRE = TO MAKE<style>
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</style><br />
<table border="" bordercolor="blue"><tbody>
<tr><th class="titlu" colspan="6">CONJUGATION OF FAIRE = TO MAKE</th></tr>
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<tr> <th class="mod">I<br />
<br />
N<br />
<br />
D<br />
<br />
I<br />
<br />
C<br />
<br />
A<br />
<br />
T<br />
<br />
I<br />
<br />
F</th> <td class="timpuri">Présent<br />
<br />
je fais<br />
tu fais<br />
il fait<br />
nous faisons<br />
vous faites<br />
ils font <br />
<br />
Passé composé<br />
<br />
j'ai fait<br />
tu as fait<br />
il a fait<br />
nous avons fait<br />
vous avez fait<br />
ils ont fait <br />
<br />
Imparfait<br />
<br />
je faisais<br />
tu faisais<br />
il faisait<br />
nous faisions<br />
vous faisiez<br />
ils faisaient <br />
<br />
Plus-que-parfait<br />
<br />
j'avais fait<br />
tu avais fait<br />
il avait fait<br />
nous avions fait<br />
vous aviez fait<br />
ils avaient fait<br />
<br />
Passé simple<br />
<br />
je fis<br />
tu fis<br />
il fit<br />
nous fîmes<br />
vous fîtes<br />
ils firent <br />
<br />
Passé antérieur<br />
<br />
j'eus fait<br />
tu eus fait<br />
il eut fait<br />
nous eûmes fait<br />
vous eûtes fait<br />
ils eurent fait <br />
<br />
Futur simple<br />
<br />
je ferai<br />
tu feras<br />
il fera<br />
nous ferons<br />
vous ferez<br />
ils feront <br />
<br />
Futur antérieur<br />
<br />
j'aurai fait<br />
tu auras fait<br />
il aura fait<br />
nous aurons fait<br />
vous aurez fait<br />
ils auront fait</td> <th class="mod">S<br />
<br />
U<br />
<br />
B<br />
<br />
J<br />
<br />
O<br />
<br />
N<br />
<br />
C<br />
<br />
T<br />
<br />
I<br />
<br />
F<br />
<br />
</th> <td class="timpuri">Présent<br />
<br />
que je fasse<br />
que tu fasses<br />
qu'il fasse<br />
que nous fassions<br />
que vous fassiez<br />
qu'ils fassent <br />
<br />
Passé<br />
<br />
que j'aie fait<br />
que tu aies fait<br />
qu'il ait fait<br />
que nous ayons fait<br />
que vous ayez fait<br />
qu'ils aient fait <br />
<br />
Imparfait<br />
<br />
que je fisse<br />
que tu fisses<br />
qu'il fît<br />
que nous fissions<br />
que vous fissiez<br />
qu'ils fissent <br />
<br />
Plus-que-parfait<br />
<br />
que j'eusse fait<br />
que tu eusses fait<br />
qu'il eût fait<br />
que nous eussions fait<br />
que vous eussiez fait<br />
qu'ils eussent fait</td> <th class="mod">C<br />
<br />
O<br />
<br />
N<br />
<br />
D<br />
<br />
I<br />
<br />
T<br />
<br />
I<br />
<br />
O<br />
<br />
N<br />
<br />
N<br />
<br />
E<br />
<br />
L</th><td class="timpuri">Présent<br />
<br />
je ferais<br />
tu ferais<br />
il ferait<br />
nous ferions<br />
vous feriez<br />
ils feraient <br />
<br />
Passé <br />
<br />
j'aurais fait<br />
tu aurais fait<br />
il aurait fait<br />
nous aurions fait<br />
vous auriez fait<br />
ils auraient fait</td> </tr>
<tr><th colspan="6"><script async src="//pagead2.googlesyndication.com/pagead/js/adsbygoogle.js"></script>
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</style><br />
<table border="" bordercolor="blue"><tbody>
<tr><th class="titlu" colspan="6">CONJUGATION OF ENVOYER = TO SEND</th></tr>
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<tr> <th class="mod">I<br />
<br />
N<br />
<br />
D<br />
<br />
I<br />
<br />
C<br />
<br />
A<br />
<br />
T<br />
<br />
I<br />
<br />
F</th> <td class="timpuri">Présent<br />
<br />
j'envoie<br />
tu envoies<br />
il envoie<br />
nous envoyons<br />
vous envoyez<br />
ils envoient<br />
<br />
Passé composé<br />
<br />
j'ai envoyé<br />
tu as envoyé<br />
il a envoyé<br />
nous avons envoyé<br />
vous avez envoyé<br />
ils ont envoyé<br />
<br />
Imparfait<br />
<br />
j'envoyais<br />
tu envoyais<br />
il envoyait<br />
nous envoyions<br />
vous envoyiez<br />
ils envoyaient<br />
<br />
Plus-que-parfait<br />
<br />
j'avais envoyé<br />
tu avais envoyé<br />
il avait envoyé<br />
nous avions envoyé<br />
vous aviez envoyé<br />
ils avaient envoyé<br />
<br />
Passé simple<br />
<br />
j'envoyai<br />
tu envoyas<br />
il envoya<br />
nous envoyâmes<br />
vous envoyâtes<br />
ils envoyèrent<br />
<br />
Passé antérieur<br />
<br />
j'eus envoyé<br />
tu eus envoyé<br />
il eut envoyé<br />
nous eûmes envoyé<br />
vous eûtes envoyé<br />
ils eurent envoyé<br />
<br />
Futur simple<br />
<br />
j'enverrai<br />
tu enverras<br />
il enverra<br />
nous enverrons<br />
vous enverrez<br />
ils enverront<br />
<br />
Futur antérieur<br />
<br />
j'aurai envoyé<br />
tu auras envoyé<br />
il aura envoyé<br />
nous aurons envoyé<br />
vous aurez envoyé<br />
ils auront envoyé</td> <th class="mod">S<br />
<br />
U<br />
<br />
B<br />
<br />
J<br />
<br />
O<br />
<br />
N<br />
<br />
C<br />
<br />
T<br />
<br />
I<br />
<br />
F<br />
<br />
</th> <td class="timpuri">Présent<br />
<br />
que j'envoie<br />
que tu envoies<br />
qu'il envoie<br />
que nous envoyions<br />
que vous envoyiez<br />
qu'ils envoient<br />
<br />
Passé<br />
<br />
que j'aie envoyé<br />
que tu aies envoyé<br />
qu'il ait envoyé<br />
que nous ayons envoyé<br />
que vous ayez envoyé<br />
qu'ils aient envoyé<br />
<br />
Imparfait<br />
<br />
que j'envoyasse<br />
que tu envoyasses<br />
qu'il envoyât<br />
que nous envoyassions<br />
que vous envoyassiez<br />
qu'ils envoyassent<br />
<br />
Plus-que-parfait<br />
<br />
que j'eusse envoyé<br />
que tu eusses envoyé<br />
qu'il eût envoyé<br />
que nous eussions envoyé<br />
que vous eussiez envoyé<br />
qu'ils eussent envoyé</td> <th class="mod">C<br />
<br />
O<br />
<br />
N<br />
<br />
D<br />
<br />
I<br />
<br />
T<br />
<br />
I<br />
<br />
O<br />
<br />
N<br />
<br />
N<br />
<br />
E<br />
<br />
L</th><td class="timpuri">Présent<br />
<br />
j'enverrais<br />
tu enverrais<br />
il enverrait<br />
nous enverrions<br />
vous enverriez<br />
ils enverraient<br />
<br />
Passé<br />
<br />
j'aurais envoyé<br />
tu aurais envoyé<br />
il aurait envoyé<br />
nous aurions envoyé<br />
vous auriez envoyé<br />
ils auraient envoyé<br />
<br />
</td> </tr>
<tr><th colspan="6"><script async src="//pagead2.googlesyndication.com/pagead/js/adsbygoogle.js"></script>
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</tbody></table>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7468711565745452342.post-65316104210653354842010-07-20T12:05:00.002-07:002017-01-30T06:55:30.213-08:00CONJUGATION OF ALLER = TO GO<style>
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.titlu{
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}
</style><br />
<table border="" bordercolor="blue"><tbody>
<tr><th class="titlu" colspan="6">CONJUGATION OF ALLER = TO GO</th></tr>
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<tr> <th class="mod">I<br />
<br />
N<br />
<br />
D<br />
<br />
I<br />
<br />
C<br />
<br />
A<br />
<br />
T<br />
<br />
I<br />
<br />
F</th> <td class="timpuri"><br />
Présent <br />
<br />
je vais<br />
tu vas<br />
il va<br />
nous allons<br />
vous allez<br />
ils vont<br />
<br />
Passé simple <br />
<br />
j'allai<br />
tu allas<br />
il alla<br />
nous allâmes<br />
vous allâtes<br />
ils allèrent<br />
<br />
Passé composé <br />
<br />
je suis allé<br />
tu es allé<br />
il est allé<br />
nous sommes allés<br />
vous êtes allés<br />
ils sont allés<br />
<br />
Passé antérieur <br />
<br />
je fus allé<br />
tu fus allé<br />
il fut allé<br />
nous fûmes allés<br />
vous fûtes allés<br />
ils furent allés<br />
<br />
Imparfait <br />
<br />
j'allais<br />
tu allais<br />
il allait<br />
nous allions<br />
vous alliez<br />
ils allaient<br />
<br />
Futur simple <br />
<br />
j'irai<br />
tu iras<br />
il ira<br />
nous irons<br />
vous irez<br />
ils iront<br />
<br />
Plus-que-parfait <br />
<br />
j'étais allé<br />
tu étais allé<br />
il était allé<br />
nous étions allés<br />
vous étiez allés<br />
ils étaient allés<br />
<br />
Futur antérieur <br />
<br />
je serai allé<br />
tu seras allé<br />
il sera allé<br />
nous serons allés<br />
vous serez allés<br />
ils seront allés<br />
<br />
</td> <th class="mod">S<br />
<br />
U<br />
<br />
B<br />
<br />
J<br />
<br />
O<br />
<br />
N<br />
<br />
C<br />
<br />
T<br />
<br />
I<br />
<br />
F<br />
<br />
</th> <td class="timpuri">Présent <br />
<br />
que j'aille<br />
que tu ailles<br />
qu'il aille<br />
que nous allions<br />
que vous alliez<br />
qu'ils aillent<br />
<br />
Passé <br />
<br />
que je sois allé<br />
que tu sois allé<br />
qu'il soit allé<br />
que nous soyons allés<br />
que vous soyez allés<br />
qu'ils soient allés<br />
<br />
Imparfait <br />
<br />
que j'allasse<br />
que tu allasses<br />
qu'il allât<br />
que nous allassions<br />
que vous allassiez<br />
qu'ils allassent<br />
<br />
Plus-que-parfait <br />
<br />
que je fusse allé<br />
que tu fusses allé<br />
qu'il fût allé<br />
que nous fussions allés<br />
que vous fussiez allés<br />
qu'ils fussent allés</td> <th class="mod">C<br />
<br />
O<br />
<br />
N<br />
<br />
D<br />
<br />
I<br />
<br />
T<br />
<br />
I<br />
<br />
O<br />
<br />
N<br />
<br />
N<br />
<br />
E<br />
<br />
L</th><td class="timpuri">Présent <br />
<br />
j'irais<br />
tu irais<br />
il irait<br />
nous irions<br />
vous iriez<br />
ils iraient<br />
<br />
<br />
Passé <br />
<br />
je serais allé<br />
tu serais allé<br />
il serait allé<br />
nous serions allés<br />
vous seriez allés<br />
ils seraient allés</td> </tr>
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</tbody></table>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7468711565745452342.post-54492479555996484932010-07-20T12:05:00.000-07:002017-01-30T06:56:00.156-08:00CONJUGATION OF PRENDRE = TO TAKE<style>
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color:white;
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text-align:center;
}
</style><br />
<table border="" bordercolor="blue"><tbody>
<tr><th class="titlu" colspan="6">CONJUGATION OF PRENDRE = TO TAKE</th></tr>
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<tr> <th class="mod">I<br />
<br />
N<br />
<br />
D<br />
<br />
I<br />
<br />
C<br />
<br />
A<br />
<br />
T<br />
<br />
I<br />
<br />
F</th> <td class="timpuri">Présent<br />
<br />
je prends<br />
tu prends<br />
il prend<br />
nous prenons<br />
vous prenez<br />
ils prennent <br />
<br />
Passé composé<br />
<br />
j'ai pris<br />
tu as pris<br />
il a pris<br />
nous avons pris<br />
vous avez pris<br />
ils ont pris <br />
<br />
Imparfait<br />
<br />
je prenais<br />
tu prenais<br />
il prenait<br />
nous prenions<br />
vous preniez<br />
ils prenaient <br />
<br />
Plus-que-parfait<br />
<br />
j'avais pris<br />
tu avais pris<br />
il avait pris<br />
nous avions pris<br />
vous aviez pris<br />
ils avaient pris<br />
<br />
Passé simple<br />
<br />
je pris<br />
tu pris<br />
il prit<br />
nous prîmes<br />
vous prîtes<br />
ils prirent <br />
<br />
Passé antérieur<br />
<br />
j'eus pris<br />
tu eus pris<br />
il eut pris<br />
nous eûmes pris<br />
vous eûtes pris<br />
ils eurent pris <br />
<br />
Futur simple<br />
<br />
je prendrai<br />
tu prendras<br />
il prendra<br />
nous prendrons<br />
vous prendrez<br />
ils prendront <br />
<br />
Futur antérieur<br />
<br />
j'aurai pris<br />
tu auras pris<br />
il aura pris<br />
nous aurons pris<br />
vous aurez pris<br />
ils auront pris</td> <th class="mod">S<br />
<br />
U<br />
<br />
B<br />
<br />
J<br />
<br />
O<br />
<br />
N<br />
<br />
C<br />
<br />
T<br />
<br />
I<br />
<br />
F<br />
<br />
</th> <td class="timpuri">Présent<br />
<br />
que je prenne<br />
que tu prennes<br />
qu'il prenne<br />
que nous prenions<br />
que vous preniez<br />
qu'ils prennent <br />
<br />
Passé<br />
<br />
que j'aie pris<br />
que tu aies pris<br />
qu'il ait pris<br />
que nous ayons pris<br />
que vous ayez pris<br />
qu'ils aient pris <br />
<br />
Imparfait<br />
<br />
que je prisse<br />
que tu prisses<br />
qu'il prît<br />
que nous prissions<br />
que vous prissiez<br />
qu'ils prissent <br />
<br />
Plus-que-parfait<br />
<br />
que j'eusse pris<br />
que tu eusses pris<br />
qu'il eût pris<br />
que nous eussions pris<br />
que vous eussiez pris<br />
qu'ils eussent pris</td> <th class="mod">C<br />
<br />
O<br />
<br />
N<br />
<br />
D<br />
<br />
I<br />
<br />
T<br />
<br />
I<br />
<br />
O<br />
<br />
N<br />
<br />
N<br />
<br />
E<br />
<br />
L</th><td class="timpuri">Présent<br />
<br />
je prendrais<br />
tu prendrais<br />
il prendrait<br />
nous prendrions<br />
vous prendriez<br />
ils prendraient <br />
<br />
Passé <br />
<br />
j'aurais pris<br />
tu aurais pris<br />
il aurait pris<br />
nous aurions pris<br />
vous auriez pris<br />
ils auraient pris</td> </tr>
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</tbody></table>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7468711565745452342.post-54285227382680537232010-07-20T12:04:00.000-07:002017-01-30T06:58:58.723-08:00CONJUGATION OF DEVOIR = MUST<style>
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}
</style><br />
<table border="" bordercolor="blue"><tbody>
<tr><th class="titlu" colspan="6">CONJUGATION OF DEVOIR = MUST</th></tr>
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<tr> <th class="mod">I<br />
<br />
N<br />
<br />
D<br />
<br />
I<br />
<br />
C<br />
<br />
A<br />
<br />
T<br />
<br />
I<br />
<br />
F</th> <td class="timpuri">Présent<br />
<br />
je dois<br />
tu dois<br />
il doit<br />
nous devons<br />
vous devez<br />
ils doivent<br />
<br />
Passé composé<br />
<br />
j'ai dû<br />
tu as dû<br />
il a dû<br />
nous avons dû<br />
vous avez dû<br />
ils ont dû<br />
<br />
Imparfait<br />
<br />
je devais<br />
tu devais<br />
il devait<br />
nous devions<br />
vous deviez<br />
ils devaient<br />
<br />
Plus-que-parfait<br />
<br />
j'avais dû<br />
tu avais dû<br />
il avait dû<br />
nous avions dû<br />
vous aviez dû<br />
ils avaient dû<br />
<br />
Passé simple<br />
<br />
je dus<br />
tu dus<br />
il dut<br />
nous dûmes<br />
vous dûtes<br />
ils durent<br />
<br />
Passé antérieur<br />
<br />
j'eus dû<br />
tu eus dû<br />
il eut dû<br />
nous eûmes dû<br />
vous eûtes dû<br />
ils eurent dû<br />
<br />
Futur simple<br />
<br />
je devrai<br />
tu devras<br />
il devra<br />
nous devrons<br />
vous devrez<br />
ils devront<br />
<br />
Futur antérieur<br />
<br />
j'aurai dû<br />
tu auras dû<br />
il aura dû<br />
nous aurons dû<br />
vous aurez dû<br />
ils auront dû</td> <th class="mod">S<br />
<br />
U<br />
<br />
B<br />
<br />
J<br />
<br />
O<br />
<br />
N<br />
<br />
C<br />
<br />
T<br />
<br />
I<br />
<br />
F<br />
<br />
</th> <td class="timpuri">Présent<br />
<br />
que je doive<br />
que tu doives<br />
qu'il doive<br />
que nous devions<br />
que vous deviez<br />
qu'ils doivent<br />
<br />
Passé<br />
<br />
que j'aie dû<br />
que tu aies dû<br />
qu'il ait dû<br />
que nous ayons dû<br />
que vous ayez dû<br />
qu'ils aient dû<br />
<br />
Imparfait<br />
<br />
que je dusse<br />
que tu dusses<br />
qu'il dût<br />
que nous dussions<br />
que vous dussiez<br />
qu'ils dussent<br />
<br />
Plus-que-parfait<br />
<br />
que j'eusse dû<br />
que tu eusses dû<br />
qu'il eût dû<br />
que nous eussions dû<br />
que vous eussiez dû<br />
qu'ils eussent dû</td> <th class="mod">C<br />
<br />
O<br />
<br />
N<br />
<br />
D<br />
<br />
I<br />
<br />
T<br />
<br />
I<br />
<br />
O<br />
<br />
N<br />
<br />
N<br />
<br />
E<br />
<br />
L</th><td class="timpuri">Présent<br />
<br />
je devrais<br />
tu devrais<br />
il devrait<br />
nous devrions<br />
vous devriez<br />
ils devraient<br />
<br />
Passé<br />
<br />
j'aurais dû<br />
tu aurais dû<br />
il aurait dû<br />
nous aurions dû<br />
vous auriez dû<br />
ils auraient dû</td> </tr>
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</tbody></table>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7468711565745452342.post-40318631042547730842010-07-20T12:03:00.000-07:002017-01-30T06:58:38.095-08:00CONJUGATION OF PERMETTRE = TO ALLOW<style>
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</style><br />
<table border="" bordercolor="blue"><tbody>
<tr><th class="titlu" colspan="6">CONJUGATION OF PERMETTRE = TO ALLOW</th></tr>
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<tr> <th class="mod">I<br />
<br />
N<br />
<br />
D<br />
<br />
I<br />
<br />
C<br />
<br />
A<br />
<br />
T<br />
<br />
I<br />
<br />
F</th> <td class="timpuri">Présent<br />
<br />
je permets<br />
tu permets<br />
il permet<br />
nous permettons<br />
vous permettez<br />
ils permettent <br />
<br />
Passé composé<br />
<br />
j'ai permis<br />
tu as permis<br />
il a permis<br />
nous avons permis<br />
vous avez permis<br />
ils ont permis <br />
<br />
Imparfait<br />
<br />
je permettais<br />
tu permettais<br />
il permettait<br />
nous permettions<br />
vous permettiez<br />
ils permettaient <br />
<br />
Plus-que-parfait<br />
<br />
j'avais permis<br />
tu avais permis<br />
il avait permis<br />
nous avions permis<br />
vous aviez permis<br />
ils avaient permis<br />
<br />
Passé simple<br />
<br />
je permis<br />
tu permis<br />
il permit<br />
nous permîmes<br />
vous permîtes<br />
ils permirent <br />
<br />
Passé antérieur<br />
<br />
j'eus permis<br />
tu eus permis<br />
il eut permis<br />
nous eûmes permis<br />
vous eûtes permis<br />
ils eurent permis <br />
<br />
Futur simple<br />
<br />
je permettrai<br />
tu permettras<br />
il permettra<br />
nous permettrons<br />
vous permettrez<br />
ils permettront <br />
<br />
Futur antérieur<br />
<br />
j'aurai permis<br />
tu auras permis<br />
il aura permis<br />
nous aurons permis<br />
vous aurez permis<br />
ils auront permis</td> <th class="mod">S<br />
<br />
U<br />
<br />
B<br />
<br />
J<br />
<br />
O<br />
<br />
N<br />
<br />
C<br />
<br />
T<br />
<br />
I<br />
<br />
F<br />
<br />
</th> <td class="timpuri">Présent<br />
<br />
que je permette<br />
que tu permettes<br />
qu'il permette<br />
que nous permettions<br />
que vous permettiez<br />
qu'ils permettent <br />
<br />
Passé<br />
<br />
que j'aie permis<br />
que tu aies permis<br />
qu'il ait permis<br />
que nous ayons permis<br />
que vous ayez permis<br />
qu'ils aient permis <br />
<br />
Imparfait<br />
<br />
que je permisse<br />
que tu permisses<br />
qu'il permît<br />
que nous permissions<br />
que vous permissiez<br />
qu'ils permissent <br />
<br />
Plus-que-parfait<br />
<br />
que j'eusse permis<br />
que tu eusses permis<br />
qu'il eût permis<br />
que nous eussions permis<br />
que vous eussiez permis<br />
qu'ils eussent permis</td> <th class="mod">C<br />
<br />
O<br />
<br />
N<br />
<br />
D<br />
<br />
I<br />
<br />
T<br />
<br />
I<br />
<br />
O<br />
<br />
N<br />
<br />
N<br />
<br />
E<br />
<br />
L</th><td class="timpuri">Présent<br />
<br />
je permettrais<br />
tu permettrais<br />
il permettrait<br />
nous permettrions<br />
vous permettriez<br />
ils permettraient <br />
<br />
Passé <br />
<br />
j'aurais permis<br />
tu aurais permis<br />
il aurait permis<br />
nous aurions permis<br />
vous auriez permis<br />
ils auraient permis</td> </tr>
<tr><th colspan="6"><script async src="//pagead2.googlesyndication.com/pagead/js/adsbygoogle.js"></script>
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</tbody></table>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7468711565745452342.post-22268963889949761262010-07-20T12:02:00.001-07:002017-01-30T06:58:19.070-08:00CONJUGATION OF METTRE= TO PUT<style>
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color:white;
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}
.timpuri{
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font-size:19px
}
.titlu{
background:#CC3300;
color:white;
font-size:25px;
text-align:center;
}
</style><br />
<table border="" bordercolor="blue"><tbody>
<tr><th class="titlu" colspan="6">CONJUGATION OF METTRE= TO PUT</th></tr>
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<tr> <th class="mod">I<br />
<br />
N<br />
<br />
D<br />
<br />
I<br />
<br />
C<br />
<br />
A<br />
<br />
T<br />
<br />
I<br />
<br />
F</th> <td class="timpuri">Présent <br />
<br />
je mets<br />
tu mets<br />
il met<br />
nous mettons<br />
vous mettez<br />
ils mettent<br />
<br />
Passé simple <br />
<br />
je mis<br />
tu mis<br />
il mit<br />
nous mîmes<br />
vous mîtes<br />
ils mirent<br />
<br />
Passé composé <br />
<br />
j'ai mis<br />
tu as mis<br />
il a mis<br />
nous avons mis<br />
vous avez mis<br />
ils ont mis<br />
<br />
Passé antérieur <br />
<br />
j'eus mis<br />
tu eus mis<br />
il eut mis<br />
nous eûmes mis<br />
vous eûtes mis<br />
ils eurent mis<br />
<br />
Imparfait <br />
<br />
je mettais<br />
tu mettais<br />
il mettait<br />
nous mettions<br />
vous mettiez<br />
ils mettaient<br />
<br />
Futur simple <br />
<br />
je mettrai<br />
tu mettras<br />
il mettra<br />
nous mettrons<br />
vous mettrez<br />
ils mettront<br />
<br />
Plus-que-parfait <br />
<br />
j'avais mis<br />
tu avais mis<br />
il avait mis<br />
nous avions mis<br />
vous aviez mis<br />
ils avaient mis<br />
<br />
Futur antérieur <br />
<br />
j'aurai mis<br />
tu auras mis<br />
il aura mis<br />
nous aurons mis<br />
vous aurez mis<br />
ils auront mis</td> <th class="mod">S<br />
<br />
U<br />
<br />
B<br />
<br />
J<br />
<br />
O<br />
<br />
N<br />
<br />
C<br />
<br />
T<br />
<br />
I<br />
<br />
F<br />
<br />
</th> <td class="timpuri"><br />
Présent <br />
<br />
que je mette<br />
que tu mettes<br />
qu'il mette<br />
que nous mettions<br />
que vous mettiez<br />
qu'ils mettent<br />
<br />
Passé <br />
<br />
que j'aie mis<br />
que tu aies mis<br />
qu'il ait mis<br />
que nous ayons mis<br />
que vous ayez mis<br />
qu'ils aient mis<br />
<br />
Imparfait <br />
<br />
que je misse<br />
que tu misses<br />
qu'il mît<br />
que nous missions<br />
que vous missiez<br />
qu'ils missent<br />
<br />
Plus-que-parfait <br />
<br />
que j'eusse mis<br />
que tu eusses mis<br />
qu'il eût mis<br />
que nous eussions mis<br />
que vous eussiez mis<br />
qu'ils eussent mis<br />
<br />
</td> <th class="mod">C<br />
<br />
O<br />
<br />
N<br />
<br />
D<br />
<br />
I<br />
<br />
T<br />
<br />
I<br />
<br />
O<br />
<br />
N<br />
<br />
N<br />
<br />
E<br />
<br />
L</th><td class="timpuri">Présent <br />
<br />
je mettrais<br />
tu mettrais<br />
il mettrait<br />
nous mettrions<br />
vous mettriez<br />
ils mettraient<br />
<br />
<br />
Passé <br />
<br />
j'aurais mis<br />
tu aurais mis<br />
il aurait mis<br />
nous aurions mis<br />
vous auriez mis<br />
ils auraient mis</td> </tr>
<tr><th colspan="6"><script async src="//pagead2.googlesyndication.com/pagead/js/adsbygoogle.js"></script>
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</tbody></table>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7468711565745452342.post-54790147712039077942010-07-20T12:01:00.002-07:002017-01-30T06:57:54.414-08:00CONJUGATION OF DIRE = TO SAY<style>
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.timpuri{
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.titlu{
background:#CC3300;
color:white;
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text-align:center;
}
</style><br />
<table border="" bordercolor="blue"><tbody>
<tr><th class="titlu" colspan="6">CONJUGATION OF DIRE = TO SAY</th></tr>
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<tr> <th class="mod">I<br />
<br />
N<br />
<br />
D<br />
<br />
I<br />
<br />
C<br />
<br />
A<br />
<br />
T<br />
<br />
I<br />
<br />
F</th> <td class="timpuri">Présent<br />
<br />
je dis<br />
tu dis<br />
il dit<br />
nous disons<br />
vous dites<br />
ils disent <br />
<br />
Passé composé<br />
<br />
j'ai dit<br />
tu as dit<br />
il a dit<br />
nous avons dit<br />
vous avez dit<br />
ils ont dit <br />
<br />
Imparfait<br />
<br />
je disais<br />
tu disais<br />
il disait<br />
nous disions<br />
vous disiez<br />
ils disaient <br />
<br />
Plus-que-parfait<br />
<br />
j'avais dit<br />
tu avais dit<br />
il avait dit<br />
nous avions dit<br />
vous aviez dit<br />
ils avaient dit<br />
<br />
Passé simple<br />
<br />
je dis<br />
tu dis<br />
il dit<br />
nous dîmes<br />
vous dîtes<br />
ils dirent <br />
<br />
Passé antérieur<br />
<br />
j'eus dit<br />
tu eus dit<br />
il eut dit<br />
nous eûmes dit<br />
vous eûtes dit<br />
ils eurent dit <br />
<br />
Futur simple<br />
<br />
je dirai<br />
tu diras<br />
il dira<br />
nous dirons<br />
vous direz<br />
ils diront <br />
<br />
Futur antérieur<br />
<br />
j'aurai dit<br />
tu auras dit<br />
il aura dit<br />
nous aurons dit<br />
vous aurez dit<br />
ils auront dit</td> <th class="mod">S<br />
<br />
U<br />
<br />
B<br />
<br />
J<br />
<br />
O<br />
<br />
N<br />
<br />
C<br />
<br />
T<br />
<br />
I<br />
<br />
F<br />
<br />
</th> <td class="timpuri">Présent<br />
<br />
que je dise<br />
que tu dises<br />
qu'il dise<br />
que nous disions<br />
que vous disiez<br />
qu'ils disent <br />
<br />
Passé<br />
<br />
que j'aie dit<br />
que tu aies dit<br />
qu'il ait dit<br />
que nous ayons dit<br />
que vous ayez dit<br />
qu'ils aient dit <br />
<br />
Imparfait<br />
<br />
que je disse<br />
que tu disses<br />
qu'il dît<br />
que nous dissions<br />
que vous dissiez<br />
qu'ils dissent <br />
<br />
Plus-que-parfait<br />
<br />
que j'eusse dit<br />
que tu eusses dit<br />
qu'il eût dit<br />
que nous eussions dit<br />
que vous eussiez dit<br />
qu'ils eussent dit</td> <th class="mod">C<br />
<br />
O<br />
<br />
N<br />
<br />
D<br />
<br />
I<br />
<br />
T<br />
<br />
I<br />
<br />
O<br />
<br />
N<br />
<br />
N<br />
<br />
E<br />
<br />
L</th><td class="timpuri">Présent<br />
<br />
je dirais<br />
tu dirais<br />
il dirait<br />
nous dirions<br />
vous diriez<br />
ils diraient <br />
<br />
Passé <br />
<br />
j'aurais dit<br />
tu aurais dit<br />
il aurait dit<br />
nous aurions dit<br />
vous auriez dit<br />
ils auraient dit</td> </tr>
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</tbody></table>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7468711565745452342.post-84594109190533360292010-07-20T12:01:00.000-07:002017-01-30T06:57:33.852-08:00CONJUGATION OF SAVOIR = TO KNOW<style>
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.timpuri{
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}
.titlu{
background:#CC3300;
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text-align:center;
}
</style><br />
<table border="" bordercolor="blue"><tbody>
<tr><th class="titlu" colspan="6">CONJUGATION OF SAVOIR = TO KNOW</th></tr>
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<tr> <th class="mod">I<br />
<br />
N<br />
<br />
D<br />
<br />
I<br />
<br />
C<br />
<br />
A<br />
<br />
T<br />
<br />
I<br />
<br />
F</th> <td class="timpuri">Présent <br />
<br />
je sais<br />
tu sais<br />
il sait<br />
nous savons<br />
vous savez<br />
ils savent<br />
<br />
Passé simple <br />
<br />
je sus<br />
tu sus<br />
il sut<br />
nous sûmes<br />
vous sûtes<br />
ils surent<br />
<br />
Passé composé <br />
<br />
j'ai su<br />
tu as su<br />
il a su<br />
nous avons su<br />
vous avez su<br />
ils ont su<br />
<br />
Passé antérieur <br />
<br />
j'eus su<br />
tu eus su<br />
il eut su<br />
nous eûmes su<br />
vous eûtes su<br />
ils eurent su<br />
<br />
Imparfait <br />
<br />
je savais<br />
tu savais<br />
il savait<br />
nous savions<br />
vous saviez<br />
ils savaient<br />
<br />
Futur simple <br />
<br />
je saurai<br />
tu sauras<br />
il saura<br />
nous saurons<br />
vous saurez<br />
ils sauront<br />
<br />
Plus-que-parfait <br />
<br />
j'avais su<br />
tu avais su<br />
il avait su<br />
nous avions su<br />
vous aviez su<br />
ils avaient su<br />
<br />
Futur antérieur <br />
<br />
j'aurai su<br />
tu auras su<br />
il aura su<br />
nous aurons su<br />
vous aurez su<br />
ils auront su</td> <th class="mod">S<br />
<br />
U<br />
<br />
B<br />
<br />
J<br />
<br />
O<br />
<br />
N<br />
<br />
C<br />
<br />
T<br />
<br />
I<br />
<br />
F<br />
<br />
</th> <td class="timpuri"><br />
Présent <br />
<br />
que je sache<br />
que tu saches<br />
qu'il sache<br />
que nous sachions<br />
que vous sachiez<br />
qu'ils sachent<br />
<br />
Passé <br />
<br />
que j'aie su<br />
que tu aies su<br />
qu'il ait su<br />
que nous ayons su<br />
que vous ayez su<br />
qu'ils aient su<br />
<br />
Imparfait <br />
<br />
que je susse<br />
que tu susses<br />
qu'il sût<br />
que nous sussions<br />
que vous sussiez<br />
qu'ils sussent<br />
<br />
Plus-que-parfait <br />
<br />
que j'eusse su<br />
que tu eusses su<br />
qu'il eût su<br />
que nous eussions su<br />
que vous eussiez su<br />
qu'ils eussent su</td> <th class="mod">C<br />
<br />
O<br />
<br />
N<br />
<br />
D<br />
<br />
I<br />
<br />
T<br />
<br />
I<br />
<br />
O<br />
<br />
N<br />
<br />
N<br />
<br />
E<br />
<br />
L</th><td class="timpuri">Présent <br />
<br />
je saurais<br />
tu saurais<br />
il saurait<br />
nous saurions<br />
vous sauriez<br />
ils sauraient<br />
<br />
<br />
Passé <br />
<br />
j'aurais su<br />
tu aurais su<br />
il aurait su<br />
nous aurions su<br />
vous auriez su<br />
ils auraient su</td> </tr>
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</tbody></table>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7468711565745452342.post-32318777257491807452010-07-20T12:00:00.000-07:002017-01-30T06:57:12.739-08:00CONJUGATION OF PARTIR = TO LEAVE<style>
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}
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}
.titlu{
background:#CC3300;
color:white;
font-size:25px;
text-align:center;
}
</style><br />
<table border="" bordercolor="blue"><tbody>
<tr><th class="titlu" colspan="6">CONJUGATION OF PARTIR = TO LEAVE</th></tr>
<tr><th colspan="6"><script async src="//pagead2.googlesyndication.com/pagead/js/adsbygoogle.js"></script>
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<tr> <th class="mod">I<br />
<br />
N<br />
<br />
D<br />
<br />
I<br />
<br />
C<br />
<br />
A<br />
<br />
T<br />
<br />
I<br />
<br />
F</th> <td class="timpuri">Présent<br />
<br />
je pars<br />
tu pars<br />
il part<br />
nous partons<br />
vous partez<br />
ils partent <br />
<br />
Passé composé<br />
<br />
je suis parti<br />
tu es parti<br />
il est parti<br />
nous sommes partis<br />
vous êtes partis<br />
ils sont partis<br />
<br />
Imparfait<br />
<br />
je partais<br />
tu partais<br />
il partait<br />
nous partions<br />
vous partiez<br />
ils partaient <br />
<br />
Plus-que-parfait<br />
<br />
j'étais parti<br />
tu étais parti<br />
il était parti<br />
nous étions partis<br />
vous étiez partis<br />
ils étaient partis<br />
<br />
Passé simple<br />
<br />
je partis<br />
tu partis<br />
il partit<br />
nous partîmes<br />
vous partîtes<br />
ils partirent <br />
<br />
Passé antérieur<br />
<br />
je fus parti<br />
tu fus parti<br />
il fut parti<br />
nous fûmes partis<br />
vous fûtes partis<br />
ils furent partis <br />
<br />
Futur simple<br />
<br />
je partirai<br />
tu partiras<br />
il partira<br />
nous partirons<br />
vous partirez<br />
ils partiront <br />
<br />
Futur antérieur<br />
<br />
je serai parti<br />
tu seras parti<br />
il sera parti<br />
nous serons partis<br />
vous serez partis<br />
ils seront partis</td> <th class="mod">S<br />
<br />
U<br />
<br />
B<br />
<br />
J<br />
<br />
O<br />
<br />
N<br />
<br />
C<br />
<br />
T<br />
<br />
I<br />
<br />
F<br />
<br />
</th> <td class="timpuri"><br />
Présent<br />
<br />
que je parte<br />
que tu partes<br />
qu'il parte<br />
que nous partions<br />
que vous partiez<br />
qu'ils partent <br />
<br />
Passé<br />
<br />
que je sois parti<br />
que tu sois parti<br />
qu'il soit parti<br />
que nous soyons partis<br />
que vous soyez partis<br />
qu'ils soient partis <br />
<br />
Imparfait<br />
<br />
que je partisse<br />
que tu partisses<br />
qu'il partît<br />
que nous partissions<br />
que vous partissiez<br />
qu'ils partissent <br />
<br />
Plus-que-parfait<br />
<br />
que je fusse parti<br />
que tu fusses parti<br />
qu'il fût parti<br />
que nous fussions partis<br />
que vous fussiez partis<br />
qu'ils fussent partis</td> <th class="mod">C<br />
<br />
O<br />
<br />
N<br />
<br />
D<br />
<br />
I<br />
<br />
T<br />
<br />
I<br />
<br />
O<br />
<br />
N<br />
<br />
N<br />
<br />
E<br />
<br />
L</th><td class="timpuri">Présent<br />
<br />
je partirais<br />
tu partirais<br />
il partirait<br />
nous partirions<br />
vous partiriez<br />
ils partiraient <br />
<br />
Passé <br />
<br />
<br />
je serais parti<br />
tu serais parti<br />
il serait parti<br />
nous serions partis<br />
vous seriez partis<br />
ils seraient partis</td> </tr>
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